THE MUMMY DEMASTERED
Windows, Xbox One, PlayStation 4, Switch
Catégorie : action/aventure
Joueurs : 1
Développeur : WayForward
Éditeur : WayForward
Date de sortie : 24/10/2017
Prix : 19,99 €
Site Officiel : https://wayforward.com/games/the-mummy-demastered/
(testé sur Switch)
Quand tu allais, on revenait…
Est-ce que vous vous êtes demandés pourquoi de nos jours, tout le monde y allait de son « cinématic universe » ? Le MCU et le DCCU en tête mettent l’accent sur des films que l’on peut voir pour eux-mêmes mais qui au final constituent un tout, lequel se construit lui aussi dans des films « sommes » qui relancent de nouvelles séries de films qui… Enfin, je pense que vous avez compris le délire, le cinéma lui-même se feuilletonise alors que jusque-là ce sont les séries qui imitaient le cinéma. Mais la vraie question que ça (me) pose, c’est de savoir si ce sont les facilités de production qui permettent ce principe ou si c’est une vision de la production à beaucoup plus long terme que par le passé ? Pour une question de coût ? D’attention du public ? Pour vous faire chier avec des épisodes de plus en plus nazes ? Vaste chantier pour lequel j’avoue ne pas avoir les réponses, mais peut-être qu’un cinéphile comme notre bien aimé rédac’ chef saura vous en dire plus (NdR : non).
Bon, pourquoi je vous raconte ça, moi ? Ah oui, parce que Universal, le studio, donc, a envisagé de créer un « Dark Universe » en ressuscitant des monstres sacrés du cinéma d’horreur comme Frankenstein, Dracula et la Momie. La Momie est donc sortie cette année, avec quand même Tom Cruise au casting – lequel après avoir été un acteur plutôt complet a décidé de devenir une action star exclusive, c’est dommage. Oui je dis du bien de Tom Cruise, oui je l’ai beaucoup aimé dans plein de films, surtout chez Kubrick, mais bref, je m’égare… –, preuve que ça avait tout pour être bankable. Et ça a bidé, à tous les niveaux, mais surtout au niveau critique. Je ne l’ai pas vu mais j’ai vraiment lu beaucoup de critiques qui ne lui tressaient pas beaucoup de louanges (NdR : je ne l’ai pas trouvé si mauvais en soi, mais c’est plus un film d’action que d’horreur, et mélanger tout ça avec le Docteur Jekyll et Cie… Enfin moi aussi je m’égare). Et le projet avait une ampleur telle qu’un jeu dérivé était prévu et ce jeu, ben il serait un peu temps que je commence à vous en parler.
Au café des délices
Ahmanet est une princesse égyptienne qui apprécie moyen qu’on lui tienne tête, elle a la rage par-delà le temps et l’espace et son réveil en Angleterre la rend encore plus furibarde. Elle a de plus la capacité de redonner la vie aux morts, enfin d’en faire des zombies surtout. Et ça, vous vous imaginez bien qu’en étant dans le camp d’en face, ça vous plait moyen. Vous, le joueur et son avatar dans le jeu, vous êtes un mec de base qui bosse pour Prodigium, une organisation secrète trop stylay, la seule à même, dans ce monde de 2017 où même la vérité n’est plus si évidente, de mettre un terme à la menace venue du fond des temps et des sables du désert. Quand je précise « avatar », c’est aussi une manière de dire que vous manipulez une personne avec absolument aucun trait notable, si ce n’est son équipement. En fait, je devrais plutôt dire « avatars », car une des particularités du système est en effet que chaque fois que vous mourrez, Prodigium envoie un nouveau gars à votre place, qui arrive « en slip » et devra récupérer l’équipement précédemment recueilli sur votre cadavre vivant. Lequel défendra chèrement sa peau car il est toujours équipé de ce que vous aviez au moment où la Camarde a refermé ses serres sur vous. Et c’est en butant cette charogne sur armée que vous pourrez récupérer une GBA SP – si, si, je vous jure ! – qui contient l’ensemble des armes et des compétences du précédent troufion. Bref un petit système à la Shovel Knight avec les sous ou Dark Souls avec les âmes (NdR : ou comme dans ZombiU avec tout !). Est-ce que ce système apporte quelque chose d’unique au jeu ? On va y venir, ne soyez pas pressés.
J’ai parlé d’équipement et de compétences parce que le jeu est un Metroidvania. Et ouais, j’écris un test pour Le Mag MO5.COM, de quoi vous croyez que je vais parler ? Blague à part, on est face à un Metroidvania très classique, plus Metroid que Castlevania, car on n’obtient pas d’expérience, mais on augmente la jauge d’énergie de la GBA SP du héros ainsi que la profondeur de sa musette à cartouche et les possibilités d’artillerie. Dans tous les cas, vous ne pourrez porter que quatre armes entre les différentes armureries disposées sur la carte : le fusil d’assaut de base aux munitions illimités, une arme automatique plus puissante avec munitions limités, une arme de poing non automatique et des explosifs qui vont de la grenade au C4 télé-commandé. Les compétences sont d’un classicisme metroidvaniesque qui fait mal, de la possibilité de nager sous l’eau (Castlevania: Dawn of Sorrow, si tu nous écoutes) à celle de courir vite pour sauter loin (Super Metroid, ça vous dit quelque chose ?)… Bref, du terrain connu mais avec un bel accent mis sur le canardage d’ennemi et de boss toujours très grand.
En outre, comme c’est du WayForward, autant vous dire que la partie artistique est juste impeccable. C’est vraiment beau. La 2D est d’une finesse incroyable et la direction artistique hurle à chaque nouvel environnement « KONAMI, REFAIS UN CASTLEVANIA 2D, NOTRE BODY (et nos assets) EST READY ». C’est bien simple, les chauve-souris semblent tout droit sorties de Symphony of the Night et il y a même une Clock Tower à faire pâlir, non pas tous les Marquis de Sade, mais bien les épisodes GBA des Castlevania. Et dans cet environnement gothico-hammeresque (des films de la Hammer donc), notre avatar ressemble énormément à un G.I. Joe tout à fait hors de propos. Néanmoins, ça colle, d’autant plus que la partie sonore, très atmosphérique et planante, soutient très bien ce clash de deux mondes, l’horreur hors du temps et aux pouvoirs nécromants qu’on va essayer de calmer avec des gros fusils et des explosifs – parce que pourquoi pas ?
Curse of Darkness
Mais du coup, on est bien là, non ? M’enfin des beaux « graphiques » et des belles musiques, ça suffit pas à faire un bon jeu, les gars. Comment ça, si ? Même en 2017 ça suffit ? Un genre bien défini, des mécaniques basiques mais suffisantes et de quoi plaire aux yeux et aux oreilles, vous voulez quoi de plus ? Une durée de vie courte ? Mais attendez, ça se boucle en 5h, je vous dis, tout va bien ! Enfin…
Cinq heures, donc, c’est sans compter sur les nombreuses, trop nombreuses tentatives de battre les boss, qui, pire que tout, sont faciles. Faciles mais longs. LONGS, LOOOOOOOOOOONGS, tellement longs que certains d’entre vous se demanderont s’ils utilisent vraiment la bonne arme et la bonne technique (le crocodile et le scarabée dans la Clock Tower en tête). Je suis habituellement du genre patient comme joueur, mais là, c’est vraiment abusif, puisque la plupart du temps, ça va consister à vider tous vos chargeurs puis à essayer de les finir au fusil de base. Oh, je ne doute pas que vous y arriverez, mais, exactement comme je l’avais expliqué pour Shantae ½ Genie Hero, les combats de boss servent plus à tester votre patience que vos réflexes ou votre capacité à faire bon usage du système de jeu ou du level design, lequel frôle l’Aurora Execution (NdR : référence à la technique ultime et mortelle du Verseau dans Les Chevaliers du Zodiaque) contre les boss ; il n’y a rien à comprendre vraiment, ni à savoir s’en servir, les affrontements sont répétitifs et bien souvent, c’est d’ennui que vous allez mourir. Et c’est difficilement supportable quand on est le développeur de Contra 4 ou d’Aliens: Infestations.
Et paradoxalement, le jeu a un rythme de déplacement dans les environnements bien à lui. Vous vous souvenez des ennemis de bases très jolis et qui rappellent énormément ceux de Metroid dans leur déplacement ? Eh bien ils rappellent tout ce qu’il y a de pire, comme Samus Returns. Parce que ce sont des sacs à PV pour l’arme de base et ils sont placés systématiquement de manière à hacher votre progression. Je vais essayer d’illustrer ça ; Imaginez. Vous. Que. Je. Mette. Un. Point. Après. Chaque. Mot. Dans. Tout. Le. Test. Ça. Pourrit. La. Fluidité. De. La. Lecture. Vous. Ne. Trouvez. Pas ? Eh. Bien. Voila. Les. Ennemis. De. Base. Ce. Sont. Ces. Points. Intempestifs. Ils. Gâchent. Considérablement. Un. Des. Plaisirs. Des. Bons. Metroidvania. La. Possibilité. De Parcourir. Les. Environnements. Rapidement. Quand. La. Montée. En Puissance. Atteint. Un. Certain. Palier.
Ok, j’arrête, c’est épuisant, même à taper. La navigation dans le Londres du jeu, malgré les effets graphiques sublimes et les musiques envoutantes est une plaie, une plaie absolue tellement vous allez passer votre vie à pester contre des petits ennemis merdiques dont la trajectoire n’est pas accessible à vos armes, parce qu’après tout, Ghosts’n Goblins était un chef d’œuvre de modernité et Cursed Castilla EX, un jeu casual.
Enfin, je dois vous préciser que j’ai fait le jeu sur Switch ; vous savez, cette console qui fait tourner des open worlds costauds et même un Doom pas si mal. Parce que là, pour de la 2D, ça rame, ça rame à mort. Ça rame au point que parfois les animations des tirs se figent, les trajectoires des poussières ne clignotent pas et vous ne savez pas si l’ennemi a reçu ou non le tir car la frame est zappée, carrément zappée. Imaginez que ça arrive dans un environnement où des zombies apparaissent en permanence du sol et que vous deviez aller abattre votre prédécesseur zombie pour récupérer votre GBA SP de compétences. Ou vos prédécesseurs, car à cause d’un freeze vous êtes morts. Eh bien dans certains cas, ça s’apparente à un soft lock, cette situation où le jeu est tellement mal pensé que vous êtes bloqué après des heures et des heures de jeu, la seule solution étant alors de tout recommencer en sachant tout ce que vous avez vécu jusque-là. Dont des boss pourris et une progression pénible… J’aurais dû m’en douter pour les boss, mais pour tout le reste ? WayForward, que vous arrive-t-il ? Habituellement, vous êtes bons en jeux de commande, vous m’avez fait quoi, là ??? Je ne m’attendais pas à ce que vous puissiez passer à ce point à côté de votre sujet avec de tels trésors artistiques…
Verdict : Vous cherchez de quoi dire du mal des Metroidvanias car le genre vous saoule ? The Mummy Demastered est fait pour vous ; c’est le Metroidvania le plus pénible de l’année.