ULTIONUS – Windows, Mac OS X, Linux, Ouya
Catégorie : action/plateformes
Joueurs : 1
Développeur : Last Dimension
Éditeur : Last Dimension
Date de sortie : 12/12/2013 (PC)
Prix : $9.99
Site Officiel : http://darkfalzx.blogspot.fr
(testé dans sa version PC)
Sorti peu avant Noël, Ultionus était une surprise pour le moins inattendue de la part d’Andrew Bado alias DarkFalzX. Ce vétéran du pixelart, qui officie également sur des titres homebrew comme GunLord et Pier Solar, avait impressionné avec son Legend of Iya qui a toutefois réussi sa campagne Kickstarter de justesse. Dédommagement pour l’attente des joueurs ou petite pause pour souffler entre deux étapes du projet de sa vie, Ultionus est pourtant loin d’être un apéritif. Si l’aventure est effectivement courte et manque un peu de profondeur et de finesse, beaucoup vendraient père et mère pour concevoir un jeu à la réalisation aussi soignée, et profitant en plus des compositions musicales du déjà célèbre Jake « Virt » Kaufman. Mais le développeur a en tout cas souhaité offrir un divertissement léger en hommage à des classiques oubliés comme Phantis, Halloween Harry, Jill of the Jungle ou encore Astro Marine Corps.
Pourtant, ce n’est pas forcément au mot « légèreté » que l’on pense devant l’intro over-the-top qui donne le ton de l’ensemble. À l’heure où l’industrie prend lentement conscience de ses mauvaises habitudes dans sa manière de dépeindre les femmes, Serena est un protagoniste d’un autre âge, ce qui participera peut-être, pour certains, à l’aspect nostalgique du jeu. Et le fait d’en faire une décérébrée dont toute l’aventure est motivée par une vengeance envers un troll du futur n’arrange pas grand chose… Cela dit, en dehors d’une courte séquence de la cinématique d’introduction illustrée ci-dessous, qui une fois animée est plus maladroite que sexy (voir la vidéo en fin de test), le jeu ne s’appesantit pas davantage dans cette voie. Au final, seul le sprite de l’héroïne est Not Safe For Work, mais qui irait de toute façon jouer à un jeu d’action/plateformes old-school à son travail, au risque de proférer des insultes à chaque game over ?

« Légèreté ? » Au sens de DSK peut-être…
Passé l’intro, le menu nous accueille avec le choix entre deux difficultés, facile et normal, sachant que la première présente quand même un certain challenge mais se distingue par des vies infinies à la manière de DuckTales. Puis, d’emblée le premier niveau nous surprend avec un shoot ’em up assez rudimentaire mais plaisant. Les choses sérieuses commencent réellement avec le niveau 2 et son scrolling qui démarre vers la gauche ! De manière générale, on est autant déboussolé par le level design moins linéaire qu’il n’y paraît que par les animations sublimes et le foisonnement des détails, même si cela nuit parfois à la lisibilité de l’action quand un premier plan obstrue notre champ de vision. En réalité, ce niveau est suffisamment bien conçu pour que le joueur découvre un peu les choses par hasard, même s’il est encore une fois perturbant de tomber dans un trou dont on ne peut pas remonter, et de poursuivre son chemin dans ce labyrinthe où les ennemis respawnent un peu trop souvent pour encourager l’exploration.
Et pourtant, il est assez important de visiter les lieux si l’on ne veut pas rater la pièce ornée d’un « S » qui permet d’accéder à la boutique – parfois pas mal planquée elle aussi – qui laisse chaque fois le choix entre deux items, l’un offensif et l’autre défensif. Une décision à prendre d’autant plus délicate qu’aucune description n’est donnée, et qu’il semble qu’au sein de chaque catégorie, les objets s’acquièrent toujours dans le même ordre. Il n’est donc pas possible d’ignorer une arme par exemple en espérant trouver mieux la prochaine fois… En tout cas, cela a au moins le mérite de donner un peu de rejouabilité à un titre décidément assez court. Mais quitte à jouer la carte du rétro, on n’aurait pas été contre un petit manuel d’instructions ! Le gameplay est cela dit très simple car il ne demande l’utilisation que de deux boutons. À l’inverse d’un Metal Slug, on ne peut pas tirer vers le haut mais dans une légère diagonale, assez pratique pour dézinguer les ennemis générés par des machines infernales, souvent fixées au plafonnier.

Beaucoup d’ennemis volants respawnent de ces appareils au plafond
Compte tenu de la simplicité des contrôles, la maniabilité est correcte mais manque quand même un peu de finesse. Le tir en particulier, assez lent, demande un bon timing d’autant que les ennemis ont tendance, comme on l’a dit, à faire leur apparition à un rythme soutenu. Les checkpoints et cœurs d’énergie sont heureusement nombreux même si leur placement peut sembler inégal selon le niveau mais aussi le chemin emprunté. Ce sont surtout les boss qui donnent du fil à retordre, avec des patterns d’attaque à mémoriser parfaitement pour les abattre sans mourir. Il faut dire que leur énergie n’est pas affichée à l’écran, et que lorsque l’on perd une vie, il n’est pas toujours flagrant, en particulier pour le premier boss qui achève le niveau 2, qu’il faut reprendre du début, d’autant que la musique se poursuit comme si de rien n’était. Et de manière générale, on ne peut pas dire que le dosage de la difficulté soit le point fort du jeu…
Ainsi, la troisième zone, dans la caverne, se montre un peu pénible par sa structure assez complexe, ses sauts de plateformes qui ne paient pas de mine mais qui doivent être faits au pixel près et ses checkpoints mal placés, y compris trop rapprochés parfois… À l’inverse, la zone suivante, une séquence de shoot ’em up à dos d’Adrec, est une véritable promenade de santé. Hormis son boss assez long qui nécessite un apprentissage par l’échec, il est pour ainsi dire impossible de mourir dans la première partie de ce niveau, pourtant étrangement ponctuée d’inutiles checkpoints… Précisons toutefois que le jeu sauvegarde la progression du joueur en permettant de reprendre au début du dernier niveau abordé, et même de lancer n’importe quel stage déjà visité avec le mode de difficulté de son choix. Ce qui est en revanche plus étrange (mais heureux en un sens), c’est que les items achetés sont également sauvegardés.

Le niveau 4 est bien trop facile, même si c’est une parenthèse agréable
Mais si l’on semble s’acharner comme cela sur l’équilibre du gameplay, c’est aussi parce que la réalisation n’a rien à se reprocher. On a parfois du mal à se dire qu’un seul homme a signé tous ces graphismes qui se permettent le luxe d’être très bien animés et extrêmement variés. D’ailleurs, si la carte du monde essaie de donner un semblant de cohérence à la progression, et que les deux niveaux de shoot ’em up s’enchaînent assez directement avec les épreuves suivantes, l’ensemble demeure assez hétéroclite, avec un bestiaire aussi généreux que délirant. Un soldat en uniforme peut se battre aux côtés d’un serpent géant, tandis qu’un minotaure peut faire office de demi-boss après un ascenseur piégé par des mines et attaqué par des sorciers… Cela permet au moins de retrouver la liberté créatrice des jeux de la grande époque, quand le design ne devait pas être entièrement dactylographié et visé par les équipes marketing…
Verdict : Superbe de bout en bout sur le plan visuel et sonore, Ultionus se montre un peu léger côté gameplay et durée de vie. Des défauts old-school, certes, mais qui ternissent le tableau.