Le point sur les « Gigaleaks » de Nintendo

Luigi réintégré dans Super Mario 64

Début mai, on évoquait cette fuite issue d’un piratage réalisé en mars 2018 par un dénommé Zammis Clark, un hacker britannique passé par Malwarebytes et qui n’en était pas à son coup d’essai. Les trouvailles divulguées alors n’étaient pas si renversantes, du moins pas à la hauteur du buzz engendré, mais il faut dire qu’on savait alors déjà qu’il restait potentiellement d’autres secrets à dévoiler… Et ils sont donc tombés fin juillet et en effet, il y a du lourd même si cela a aussi suscité pas mal de questions légitimes sur ce type de pratique. Mais commençons d’abord par tenter de lister les différentes découvertes. Le site Nintendo Life en a compilé un certain nombre diffusées via Twitter, et elles concernent en particulier Yoshi’s Island (1995), avec différents prototypes présentant des looks alternatifs pour Yoshi et même un protagoniste autre que Mario. Beaucoup de choses impliquent son contemporain Star Fox 2, dont le programmeur Dylan Cuthbert a reconnu un outil qu’il avait créé à l’époque – prouvant ainsi l’authenticité de la fuite. On a ainsi appris que l’équipe avait testé pas mal de nouveaux personnages aux apparences variées et surprenantes… Toujours sur Super Nintendo, citons entre autres des sprites inutilisés de Super Mario World (1990), d’autres pour A Link to the Past (1991) qui suggéraient des phases de profil, des ressources de Dragonfly, un prototype de Pilotwings (1990), et même des éléments de jeux d’éditeurs tiers, comme une musique alternative pour Super Castlevania IV (1991).

La Nintendo 64 est aussi largement ciblée par les fuites, et on vous renvoie là encore chez Nintendo Life pour le détail, mais elles concernent notamment Star Fox 64 (1997), avec des voix non compressées de Peppy ou de Slippy ci-dessus. On trouve aussi des ressources prévues pour l’extension annulée d’Ocarina of Time (1998) sur 64DD, mais ce qui a fait le plus de bruit vient de Super Mario 64 (1996), dont on a par exemple appris que son développement s’était étalé sur 622 jours. Un nouvel ennemi a été découvert et on a surtout eu la confirmation qu’il était bien prévu que Luigi soit jouable ; ces deux éléments ont d’ailleurs déjà été réintégrés au classique par des moddeurs comme on le constate en vidéo ci-dessous. Et il y a encore beaucoup d’autres choses – on ne parle pas de gigaleak pour rien – comme un prototype orienté RPG de Hit The Ice (1990), un villageois inédit d’Animal Crossing et de sacrées bizarreries dont un Toad semblant fumer ! Tout cela est fort passionnant, mais pose question. Déjà parce que parmi les éléments qui ont fuité, on trouve des données personnelles, comme un échange de mail concernant la circulation de pornographie entre employés… Et au-delà de ça, si le piratage a souvent été la seule manière de préserver une partie du patrimoine vidéoludique, cette fuite prouve paradoxalement que Nintendo conserve bien mieux ses archives que la plupart des éditeurs. Alors certes, rien ne dit que la société les aurait diffusées un jour sous une forme ou une autre, mais cette manière de faire n’est vraiment pas souhaitable ; n’oublions pas que derrière tout ça, il y a le travail de gens comme vous et moi, qui ne souhaitent pas forcément qu’on dévoile leurs essais… Si le sujet vous intéresse, je vous conseille l’excellent article de VGDensetsu d’autant qu’il est disponible en français.

Sources : VGDensetsu, Nintendo Life, Kotaku & Vice

Lien Permanent pour cet article : https://mag.mo5.com/183956/le-point-sur-les-gigaleaks-de-nintendo/