FOX N FORESTS
Windows, Mac OS X, Linux, Xbox One,
PlayStation 4, Switch
Catégorie : action/plateformes
Joueurs : 1
Développeur : Bonus Level Entertainment
& Independent Arts Software
Éditeur : EuroVideo Medien
Date de sortie : 17/05/2018,
30/05/2018 (Xbox One)
Prix : 19,99 €
Site Officiel : https://foxnforests.com/
(testé sur PC)
Début septembre, on avait consacré une preview plutôt enthousiaste à Fox n Forests et, même si la version finale présente bien entendu des différences, avec par exemple des pouvoirs obtenus de manière plus progressive, on conserve à peu près les mêmes appréciations mais aussi les mêmes réserves sur la copie rendue par Bonus Level Entertainment le mois dernier. Cependant, selon les goûts des joueurs pour les expériences old school, certains choix pourront être considérés comme des défauts ou de simples parti-pris… Parmi ce type d’éléments notés dans notre preview, il y a en particulier le fait que certains petits ennemis respawnent, en général ceux qui volent. Ils réapparaissent peut-être moins vite dans la version finale, mais cela reste parfois bien pénible, surtout lorsqu’on veut un peu explorer la zone à la recherche de bonus cachés, et notamment dans le niveau 2-1 (Forêt Fermentée) où les chauve-souris lancent des tirs à tête chercheuse ! Mais, d’un autre côté, cela fait aussi sens avec l’ajout de checkpoints payants identifiés par un blaireau à l’humour geek. Ceux-ci tiennent d’ailleurs plus de la sauvegarde rapide que du point de respawn, car toute votre progression jusqu’à ce point sera annulée en cas de trépas ; on sera donc parfois tenté de prendre le risque de bien fouiller les environs d’abord avant de passer à la caisse !
En parlant d’ennemis agaçants, les arbres du premier niveau sont toujours des sacs à PV, et ils sont rejoints dans ce registre par les sangliers du niveau 2-1 et d’autres adversaires plus tardifs. Mais c’est surtout au début de l’aventure, que l’on démarre désormais avec un seul type de flèche, que cela complique les choses même si l’on reste loin d’un Super Ghouls’n Ghosts (1991), l’une des sources d’inspiration du jeu. Pour en revenir aux éléments qui apparaissent dans la version finale de Fox n Forests, on notera aussi le tape-cul de fin de niveau qui permet de gagner un bonus de points en retombant dessus le plus fort possible, idéalement avec l’attaque vers le bas qui s’acquiert à la clairière. Le jeu s’articule en effet autour d’un hub central désormais peuplé de boutiques où l’on peut acheter de nouvelles attaques, des potions de magie et des améliorations de ses jauges de vie et de magie. Mais en plus de coûter de l’argent, ces emplettes nécessiteront souvent des objets spéciaux cachés dans les niveaux, forçant ainsi le joueur à progresser un minimum afin de booster ses compétences, même s’il pourra se faciliter (un peu) la tâche en explorant davantage les niveaux déjà terminés. Il est toutefois dommage de ne pas pouvoir aussi accélérer la remontée de la jauge de magie, car les changements de saisons couplés à l’utilisation de flèches spéciales la font rapidement fondre, et le cristal du niveau 1-2 est bien planqué…

La clairière permet d’acheter des objets, mais trois des potions ci-dessus sont réservées à certains contributeurs de la campagne
Mais ce qui fera indéniablement le plus débat, ce sont certains choix de gameplay sur lesquels on émettait déjà des réserves, et que Bonus Level Entertainment semble donc assumer jusqu’au bout. Sans parler du fait que les commandes ne répondent pas toujours très bien, en particulier lorsque l’on veut enchaîner les tirs, le fait qu’on ne puisse pas tirer de flèche en saut ou assis, même si c’est peut-être réaliste, demeure assez frustrant. Encore plus gênant, mais heureusement pas très longtemps car l’attaque tournoyante se récupère tôt, on ne peut au départ attaquer que pendant un saut simple, mais pas un double saut ! Autre bizarrerie, s’il est possible de revenir à la saison « normale » en plein saut, ce qui est d’ailleurs indispensable par moments, l’inverse n’est pas vrai et on pourra faire quelques chutes mortelles avant de le comprendre… À ce sujet, dans la mesure où elles nous ramènent directement au dernier checkpoint (acheté), on aurait bien aimé pouvoir regarder vers le haut et le bas bien que des panneaux signalent les gouffres sans fond – où il faudra parfois s’aventurer pour dénicher certains secrets ! Cela dit, pour voir le verre à moitié plein, il faut reconnaître que beaucoup de classiques de la Super Nintendo, aussi bien ceux qui ont inspiré Fox n Forests que beaucoup d’autres, se révèlent tout aussi frustrants si ce n’est davantage quand on les parcourt de nouveau aujourd’hui. De ce point de vue, l’imitation est donc réussie.
Et là où Fox n Forests ressemble aussi beaucoup à un jeu d’antan, c’est pour son contenu. L’aventure est logiquement composée de quatre saisons, mais celles-ci ne contiennent en fait que deux niveaux plus un boss, sachant que deux d’entre eux se déroulent sous la forme d’un shoot ’em up (2-2 Cimes Critiques et 4-1 Cavernes Cristallines). Hélas, ces deux stages ne sont pas forcément excitants dans la mesure où l’on conserve le même arsenal pas très pêchu que dans les phases de plateforme, et que l’on ne peut se faire toucher qu’une seule fois avant de revenir au dernier checkpoint, gratuit cette fois. En fait, ils tiennent moins du shoot ’em up que des niveaux en scrolling forcé à dos de baril d’un Donkey Kong Country Returns, axés sur le par cœur d’autant qu’il faudra encore changer de saison au bon moment. Par conséquent, si vous avez bien compté, vous aurez compris que le jeu n’offre que six niveaux d’action/plateformes, même s’ils se révèlent très longs et doivent être reparcourus impérativement plusieurs fois pour en dénicher tous les secrets. D’ailleurs, la durée de vie peut dépasser la dizaine d’heures si l’on veut boucler l’aventure à 100%, ce qui n’est pas si mal en comparaison avec la production de l’ère 16-bit. Mais il n’est cependant pas certain que tous les joueurs aient envie de passer autant de temps sur les mêmes niveaux, surtout quand il s’agit uniquement de farmer l’argent pour s’offrir un cœur de plus à sa jauge.

Les deux niveaux de shoot ’em up brisent la monotonie mais se révèlent moins convaincants que les classiques du genre…
Concernant la progression du jeu, une autre bizarrerie de Fox n Forests tient au fait que vaincre chaque boss ne donne pas accès à la saison suivante, mais rend l’un des quatre fragments d’écorce à l’arbre qui nous récompensera avec un nouveau type de flèche. En effet, les saisons se débloquent en donnant suffisamment de noix, cachées dans chaque niveau, aux trois arbrisseaux dans la clairière. Or, s’il est fort probable que vous en ayez assez les deux premières fois, vous aurez sans doute à revisiter les niveaux pour trouver de quoi accéder à la dernière saison. Par ailleurs, lorsque l’on réunit toutes les noix d’une même saison, cela donne accès à un stage bonus, mais ne vous attendez pas à un véritable niveau inédit à explorer ; il s’agit vraiment de petites épreuves basiques visant à récolter de l’argent, et qui malheureusement ne peuvent être tentées qu’une seule fois. Et puisque l’on parle d’objets à collectionner, il est certes pratique de savoir lesquels manquent sur la carte mais, une fois à l’intérieur d’un niveau, hormis le total qui s’affiche à l’écran de pause, ou une fenêtre qui s’affiche très brièvement quand on en ramasse un, on ne sait pas forcément où on en est… Par la même occasion, on aurait également aimé que les points correspondant aux différents niveaux sur la carte changent de couleur quand on a tout, à l’instar des stages bonus et de boss grisés une fois visités. Mais ce ne sont que des petits désagréments…
On sera en revanche plus sévère avec le level design, d’autant plus crucial que l’on revisite donc plusieurs fois chaque niveau. Or, comme on pouvait le craindre, la mécanique de changement de saison rouille un peu à la longue… Dans un premier temps, elle émerveille par un certain souci du détail, comme les anguilles qui bondissent hors des lacs puis meurent quand elles retombent sur la surface de l’eau gelée entretemps. Mais dans la pratique, cela sert surtout à faire apparaître ou disparaître des plateformes et des obstacles, et le fait que cela modifie chaque fois la musique a tendance à renforcer l’aspect laborieux et répétitif de la chose. Certains niveaux en font toutefois un usage plus intéressant, comme le 3-1 (Moulins du Mistral) où le changement de saison grippe les rouages et s’apparente donc à stopper le temps. Hélas, ce sursaut d’inspiration s’arrête dès le niveau suivant, Sinistre Songe, sublime au demeurant avec des animations de morts des spectres à tomber par terre, mais où le changement de saison n’apporte vraiment rien de captivant… Il est toutefois exploité de manière plus astucieuse contre les boss, mais le fait que l’on puisse avoir accès gratuitement à la solution dès le premier échec témoigne d’un certain manque de confiance des développeurs vis-à-vis de leur game design. Car une fois que l’on sait ce qu’il faut faire, les boss intimidants la première fois se révèlent en général très faciles à vaincre – à part l’araignée !

Ce boss n’est pas difficile en soi mais demande beaucoup d’endurance…
Outre les changements de saison, l’autre mécanique qui consomme de la magie réside dans l’utilisation de flèches spéciales de trois types, débloquées comme on l’a dit en récompense de chaque fragment d’écorce obtenu. La flèche verte correspond à une salve tridirectionnelle bien commode pour compenser l’absence de tir en saut, tandis qu’avec la rouge les trois flèches partent tout droit, ce qui en fait l’attaque à distance la plus puissante, la seule capable d’éliminer la plupart des ennemis en un coup sans en venir au corps-à-corps. Enfin, la flèche bleue offre une trajectoire de boomerang dont l’utilisation en combat est assez limitée – pour rester poli ! – et que l’on réservera donc à l’activation de cibles de même couleur. Disséminées dans les niveaux, ces cibles font en général apparaître des plateformes menant à différents trésors et objets cachés. Enfin, mentionnons une dernière mécanique de gameplay : les potions. Pour les utiliser, il faudra non seulement dénicher un flacon vide, sachant qu’il y en a un caché dans chaque saison, mais aussi acheter son contenu à la clairière. Elles ne sont pas très chères, mais comme on ne peut pas en emmener plus que de flacons possédés (quatre au maximum) et qu’on ne peut pas vraiment connaître leurs effets sans les avoir testées (et donc sacrifiées) au préalable, il est fort possible que, comme votre serviteur, vous n’en utilisiez quasiment aucune de toute votre partie…
En termes de game design, le bilan de Fox n Forests est donc mitigé ; on a vraiment l’impression que les développeurs auraient pu faire bien mieux, d’autant que sur le plan de la réalisation, c’est quasiment un sans-faute. Les images ci-contre parlent sans doute d’elles-mêmes concernant la qualité du pixelart 16-bit, déjà peu commune dans une forme vraiment orthodoxe mais en plus ici avec une influence européenne – un côté bucolique à la Mr. Nutz (1993) provenant sans doute de la thématique des saisons. Et il est encore plus rare que de tels graphismes se conjuguent avec des sonorités basées elles-mêmes sur les spécifications de la Super Nintendo, même si les bruitages ne sont peut-être pas toujours à la hauteur des musiques, superbes. En revanche, du point de vue de l’écriture, c’est un peu niais avec un humour qui tombe à plat, et la traduction française laisse parfois à désirer. C’est pourtant correct sur le plan de l’orthographe et de la grammaire, mais on a l’impression que les traducteurs ont travaillé sans contexte (le « prénom » d’une attaque)… Heureusement, tout cela peut être corrigé par un simple patch mais il est toutefois peu probable que Bonus Level Entertainment modifie les choix de design discutables évoqués plus haut ; il faudra peut-être se faire (un peu) violence pour savourer pleinement ce trip old school. Et une fois ce cap passé, on regrettera plutôt que l’aventure n’ait finalement pas encore davantage à offrir !
Important!
Nos confrères de NintendoLife ont noté des ralentissements occasionnels, mais il est possible qu’ils se limitent aux versions consoles du jeu, voire au portage Switch. De plus, le test a pu avoir été fait sur une version non finale, et le problème a pu être corrigé depuis.
Verdict : Bénéficiant d’une superbe réalisation 16-bit, Fox n Forests pourra toutefois se révéler aussi frustrant par son caractère old school que les jeux Super Nintendo dont il s’inspire…