WALLACHIA: REIGN OF DRACULA
Windows (prévu sur Switch)
Catégorie : action/plateformes
Joueurs : 1
Développeur : Migami Games
Éditeur : Storybird Studio/Pixelheart
Date de sortie : 28/02/2020
Prix : 8,19 €
Site Officiel : –
(copie fournie par l’éditeur)
Migami Games, c’est-à-dire Mig Perez épaulé par Jeffrey Montoya pour le son, s’est fait connaître depuis une vingtaine d’années avec des freeware rendant hommage à différents classiques, les Castlevania: The Lecarde Chronicles (2013-2017) étant indéniablement les plus réputés. Ils sont même tolérés par Konami, mais bien entendu surtout parce qu’ils sont gratuits. Ce qui ne veut pas forcément dire « cheap » comme Locomalito nous l’a appris, même si demander de l’argent rend tout de suite plus exigeant… C’est d’ailleurs peut-être pour cela que Storybird a prêté main forte pour ce premier jeu commercial mais, histoire de ne pas faire trop durer le suspense, Wallachia: Reign of Dracula ne parvient hélas pas à se défaire totalement de son côté amateur. C’est flagrant dès les menus qui comportent encore pas mal de coquilles en français. Et puis il y a cette première bizarrerie puisque le jeu ne suit aucune des deux conventions habituelles pour les menus ; on utilise en effet le bouton gauche (X ou carré) pour valider et celui du haut (Y ou triangle) pour annuler – pourquoi pas après tout ? Les commandes ne peuvent de toute façon pas être configurées (*), et il serait mal avisé de les modifier alors qu’elles sont plutôt bien pensées en jeu. Une fois la partie lancée, on a droit à une cinématique étonnamment longue et aux dialogues intégralement (et plutôt bien) doublés, mais composée d’illustrations crayonnées et monochromes. Ce n’est pas vilain, mais cela accentue forcément encore un peu l’aspect fangame de l’ensemble, et ça ne va pas aller en s’améliorant…
Important!
(*) Erratum : Le développeur lui-même nous a assuré en commentaire ci-dessous que les contrôles peuvent bien être configurés, même si le menu n’est pas d’une grande clarté… Une mise à jour est d’ailleurs d’ores et déjà prévue pour arranger les choses. Tant mieux !
Quand le jeu démarre enfin, on est accueilli par un long didacticiel hélas non interactif où l’on nous explique toutes les commandes sans qu’il ne soit possible de repérer les boutons – le jeu dispose toutefois d’un manuel, au look pas très professionnel lui non plus. Bien entendu, on finit par tout découvrir par la pratique, quitte à faire pas mal d’âneries au début… Il faut dire que si le jeu ressemble en effet aux vieux Castlevania, il est un peu plus complexe qu’il n’y paraît et utilise même la plupart des boutons de la manette. La première grosse différence avec les épisodes linéaires de la série de Konami, c’est qu’on dispose d’emblée d’un double saut, mais celui-ci n’a pas une portée bien grande et on ne pourrait probablement pas faire grand-chose sans. En appyant sur le bouton de saut en maintenant bas, on effectue une glissade à la Mega Man que j’avoue n’avoir jamais utilisée – peut-être à tort. Et la deuxième grosse différence, c’est que l’arme principale (avec X ou carré) est un arc, ce qui rapproche Wallachia d’un run and gun – ou plutôt d’un stalk and gun avec ses ennemis planqués aux fenêtres ou derrière des objets. Il est d’ailleurs possible de tirer dans huit directions et même de viser sans bouger avec le bouton de tranche gauche (LB ou L1), mais les ennemis font eux feu à 360°, et certains face à vous n’hésiteront même pas à légèrement tirer vers le bas pour vous empêcher d’esquiver en vous baissant ! Dur.
On peut également charger son tir en maintenant le bouton appuyé mais, si l’attaque est bien entendu plus puissante, elle ne traverse pas forcément plusieurs ennemis d’un coup. Or l’action est tellement frénétique que même en disposant d’un bonus accélérant la charge, penser à l’utiliser n’est pas très intuitif… Les ennemis étant en plus assez nombreux, on sera bien content de pouvoir donner à ceux qui s’approchent des coups d’épée (avec Y ou triangle), qui servent sinon surtout à ouvrir les conteneurs. Mais par exemple, on s’est rendu compte que lorsque l’on mitraille le bouton (pour détruire la paroi d’un piège dans lequel on est enfermé, au hasard), il est hélas impossible de se baisser ou de se retourner, ce qui trahit un étonnant manque de souplesse même pour un jeu rétro ! À ce sujet, il faudra apprendre aussi à ne pas confondre les boutons de tranche droits qui servent respectivement à sélectionner le type de flèches et le « compagnon » de l’héroïne – c’est-à-dire le type de magie déclenchée avec le bouton droit (B ou rond) : attaque frontale pour le loup Silviu, explosion pour Radu, invincibilité pour Christian et amélioration des flèches pour Konstantin. Ces pouvoirs nécessitent toutefois, à la manière des armes secondaires de Castlevania, un nombre d’orbes variable selon la magie. C’est d’ailleurs aussi dans Wallachia le bonus le plus fréquent avec divers objets qui donnent des « points » dont je n’ai pas identifié le but – il n’y a pas de menu pause où l’on puisse consulter les améliorations obtenues, notamment.
Toutes ces mécaniques demandent donc un temps d’apprivoisement, et on ne peut pas dire que Wallachia: Reign of Dracula nous prenne par la main. On peut bien sûr basculer la difficulté en « facil » (sic) mais on n’a alors pas accès aux derniers niveaux ! On dispose certes du triple de crédits (neuf) et il y a (un peu) moins d’ennemis, mais le jeu reste hélas assez difficile. Car son gameplay est résolument old school, avec des attaques ennemies qui vous projettent vers l’arrière (sans moyen de contrôle, à l’ancienne), et si vous avez le malheur d’atterrir dans un gouffre, il faudra recommencer la section du début… Elles sont relativement courtes toutefois, et surtout on peut vite les connaître par coeur – et il le faudra parce que l’aventure n’est pas généreuse du tout en bonus de vie. Par exemple, on ne trouvera le tout premier (qui ne redonne qu’un seul point sur quatre) qu’à la fin de la deuxième section, et il faudra attendre la fin de la suivante, juste avant le boss, pour se régénérer. J’ai en passant pas mal galéré sur ce dernier, d’autant que j’ai mis des plombes à trouver le bouton de magie – je croyais que c’était la gâchette gauche (LT ou L2, inutilisée) par symétrie avec les boutons pour l’arc… Mais contrairement aux niveaux, très scriptés, le comportement des boss est plus aléatoire, et j’ai fini par l’avoir parce qu’il a décidé une fois de rester à sa place, me laissant hors de portée de son arme ! Je me suis d’ailleurs retrouvé dans une situation identique avec les deux ennemis similaires du troisième niveau, que j’ai vaincus la première fois quand ils ont eu la « gentillesse » de se mettre du même côté de l’écran…
Mais le plus frustrant, d’autant que ça semble être une régression par rapport aux jeux précédents de Migami, c’est l’absence de sauvegarde. La seule chose « conservée », ce sont les trophées (internes a priori), mais aussi les challenges débloqués, des mini-jeux hélas peu passionnants. Or on ne dispose (en Normal) que de trois crédits ; si on en utilise un, on recommence le niveau depuis le début. Et en passant, si vous appuyez sur Échap., ça vous envoie à l’écran de game over avec un crédit en moins ! Comme Wallachia fonctionne beaucoup sur le par coeur, la marge de progression est clairement grande mais le problème sera surtout de conserver sa motivation à chaque nouvelle partie reprise depuis le début, le moindre faux pas étant fatal. Il suffit d’être touché une seule fois pour perdre toutes ses améliorations et, à la moindre vie perdue, non seulement on recommence la section du début, mais on perd à peu près tout le reste : ses orbes de magies, ses éventuelles clés pour ouvrir des coffres, ses extensions de vie pour avoir six crans au lieu de quatre – le luxe !… Autant dire que si vous ne battez pas un boss du premier coup, ce qui n’est pas évident du tout, les prochaines tentatives seront encore plus difficiles. On sent vraiment que le jeu a été taillé pour le speed-run, mais on le soupçonne surtout d’avoir été testé par des gens qui connaissaient le level design par coeur. Parce que si on élimine les archers juste à leur apparition, ça se passe (plutôt) bien mais, dès qu’on en laisse plus de deux à l’écran, il devient vite infernal d’esquiver tous les tirs, vraiment rapides pour un stalk and gun – voire pour un run and gun.
Et puis ce n’est pas comme si la réalisation était irréprochable. Graphiquement, c’est quand même très inégal. Ça ressemble vraiment à un « ersatz » de Castlevania, avec une haute résolution anachronique et des personnages très longilignes, qui donnent parfois l’impression d’avoir été déformés lors de l’importation depuis le logiciel de dessin… C’est d’ailleurs peut-être lié au fait que Mig Perez a recyclé certains éléments de ses précédents jeux. En revanche, il faut avouer que les musiques constituent le point fort de Wallachia: Reign of Dracula – il faut bien entendu apprécier le rock progressif, mais c’est en général le cas des fans de la série de Konami. Les voix et les bruitages sont plus inégaux, mais ça reste très honnête. Au fond, le titre s’adresse probablement aux inconditionnels de Migami avant tout mais, comme je ne connais pas leurs précédentes productions, j’avoue m’être demandé si elles n’étaient pas populaires uniquement parce qu’elles étaient gratuites… Or on m’a tout de même confirmé que, sur certains points, ce premier essai commercial marquait une régression par rapport aux freeware, avec des combats de boss moins inventifs par exemple (voir le let’s play d’un connaisseur) et une difficulté mal dosée, peut-être pour compenser une durée de vie plus courte. Car indépendamment de la réalisation, c’est avant tout le level design qui est « cheap » avec des tirs et obstacles souvent impossibles à anticiper la première fois ! La passion, c’est bien mais quand on veut entrer dans cour des grands, il faut être prêt. Espérons que la copie soit revue d’ici la sortie du jeu (en boîte qui plus est) sur Switch…
Verdict : Si Wallachia: Reign of Dracula s’adresse plus aux fans des productions de Migami Games, même ces derniers risquent d’être déçus par ce premier jeu commercial, mais pas très pro.