RETRO CITY RAMPAGE – PC, SEN, XLA, WiiWare
Catégorie : GTA-like
Joueurs : 1
Développeur : Brian Provinciano (Vblank)
Date de sortie : 09/10/2012 (PC, SEN US),
03/01/2013 (Xbox Live Arcade)
16/01/2013 (PlayStation Store)
28/02/2013 (WiiWare)
Prix : 14 € environ
Site Officiel : RetroCityRampage.com
(testé dans sa version PC)
Cela fait près de dix ans que le canadien Brian Provinciano s’est lancé dans Grand Theftendo, un demake de GTA III sur NES. Le titre a peu à peu évolué pour acquérir sa propre personnalité, ou plutôt phagocyter celle de nombreux autres jeux. Rencontre du moderne et du rétro, ce trip nostalgique plonge la tête la première dans les années 80, avec un sens de l’accumulation propre à la série de Rockstar. Déjà sur le plan graphique, on tombe des nues devant le nombre de filtres proposés, et les différents écrins (borne d’arcade, vieille TV, etc.) qui vont avec. On aimerait même que le jeu passe tout seul de l’un à l’autre tel un diaporama de fonds d’écran.
Tout cela met en valeur des graphismes 8-bit très soignés, dont on profite surtout durant les cinématiques à la Ninja Gaiden. Cette réalisation minimaliste a parfois son revers dans le contexte d’un jeu au game design finalement moderne ; les premières minutes, qui enchaînent cutscenes et didacticiels comme un blockbuster d’aujourd’hui, donnent l’impression d’être en avance rapide en comparaison avec les productions AAA. Ce sentiment de confusion persiste longtemps, même si l’interface a fait l’objet d’un soin réel (carte proposant différents filtres). La bande-son, dont les compositions semblent droit sorties d’un Mega Man, est irréprochable.
Si le gameplay comporte quelques éléments rétro anachroniques (sauts sur les ennemis et boucliers satellites), le jeu reprend globalement la recette de GTA, pour le meilleur et pour le pire. Sa principale qualité est son contenu débordant : 60 missions, 40 défis et des mini-jeux (dont une parodie de Super Meat Boy façon Virtual Boy), 50 véhicules… et même la possibilité de changer sa coiffure, quand bien même cela ne se voit pas beaucoup ! Mais c’est surtout le nombre de références qui abasourdit, que ce soit aux jeux vidéo, franponais compris (« Conglaturation »), au cinéma (Retour vers le futur), à la télévision (Sauvés par le gong) et même aux déboires du développement indé ! Et ces clins d’œil s’intègrent même au gameplay avec des phases d’infiltration (Metal Gear Solid) ou une séquence de livreur de journaux (Paperboy).
Mais la réalisation 8-bit ne se prête pas toujours aux mécaniques modernes, comme les sauts qui manquent de précision ou la navigation qui se limite à une direction « à vol d’oiseau » et une distance (en pixels !). Cependant, les plus gros reproches qu’on peut lui faire sont des défauts inhérents au genre : en premier lieu une difficulté aléatoire, avec certains checkpoints mal placés et des épreuves qui peuvent virer au cauchemar à la moindre maladresse. Certains apports modernes, comme le verrouillage de cible ou le système de couverture (!), s’avèrent très utiles mais parfois défaillants, souvent par manque de lisibilité. On finit par passer certaines séquences comme l’infiltration par chance, sans avoir vraiment compris ce qu’il se passait.
Et si la conduite est évidemment moins réaliste que dans un open world de la génération actuelle de consoles, on se retrouve au final avec les mêmes difficultés pour rouler correctement sans écraser trop de piétons. On retombe alors dans le classique cercle vicieux du niveau de recherche par la police qui grimpe, même si les forces de l’ordre ne constituent pas vraiment, ici, une réelle menace. De manière générale, Retro City Rampage, dont le titre est un hommage à un beat ’em up politiquement incorrect de notre membre d’honneur Yoshihisa Kishimoto, encourage l’incivisme et la destruction dans la joie et dans la bonne humeur.
Enfin, malgré la multiplicité des références, le jeu n’échappe pas, encore une fois GTA-like oblige, à une certaine monotonie. Beaucoup de missions se résument à des allers-retours à travers la ville… Heureusement, l’envie de découvrir la prochaine situation l’emporte, même si la traduction française n’est pas toujours à la hauteur avec pas mal de fautes – on se demande parfois si ce n’est pas fait exprès tant le faux Solid Snake les multiplie. Heureusement, le développeur publie régulièrement des patches, du moins sur PC (qui se téléchargent tous seuls via Steam). Il peut ainsi ajouter des checkpoints et des didacticiels un peu plus clairs.
Verdict : Retro City Rampage marie le rétro et le moderne, pour le meilleur et pour le pire. Il régale autant qu’il peut frustrer, et sera apprécié différemment selon la culture du joueur.