Comme je l’expliquais dans notre podcast sur le néorétro, Völgarr the Viking a été l’un des premiers jeux old-school à tenter l’aventure Kickstarter. C’est aussi le premier auquel j’ai contribué, et j’ai souhaité donné un montant suffisant pour pouvoir faire partie des bêta-testeurs. D’ailleurs, les impressions qui suivent constituent sans doute la toute première preview du jeu, au moins en France ! Et si ma participation au développement ne m’aura pas permis d’empêcher Crazy Viking Studios de pondre un jeu à la difficulté hardcore, j’aurais au moins profité de nombreuses heures d’entraînement pour saisir la plupart de ses subtilités. Car, au-delà de ses références, Völgarr the Viking offre un gameplay riche et gratifiant pour le joueur patient.
Notice
Cette preview a été réalisée avec une version du jeu créée pour l’occasion. Celle-ci ne reflète pas forcément la version finale et ne permet pas de choisir son niveau comme certaines démos utilisées durant le bêta-test. De toute façon, j’ai préféré ne montrer que des images du premier niveau afin d’éviter de trop spoiler. La nouvelle bande-annonce en bas de cet article en révèle d’ailleurs énormément !
Les premières secondes annoncent la couleur ; l’apparition du héros éponyme est un clin d’œil évident à Altered Beast. Et il est rapidement clair que les développeurs ont souhaité créer un jeu dans la lignée d’un Rastan ou d’un Ghouls ‘N Ghosts. Néanmoins, en combinant des éléments de gameplay certes déjà vus mais issus de jeux très différents, comme les lances qui servent de plateforme façon Quackshot ou le système d’items qui doit autant aux aventures de Mario qu’à celles d’Arthur, ils sont parvenus à offrir un titre avec son identité propre. Il suffit de le comparer avec Tiny Barbarian, dont le créateur Michael Stearns a énormément contribué au bêta-test, pour voir à quel point deux jeux situés dans un univers proche peuvent être très différents.
Sur le plan de la réalisation, le titre est déjà convaincant et ne prend pas l’excuse du rétro pour bâcler le travail. Les graphismes, non définitifs, sont toutefois inégaux. Les sprites du héros et de ses adversaires sont extrêmement réussis mais les décors souffrent parfois, en intérieur, de l’effet répétitif de leur conception en tiles. On pourra également trouver que certains fonds extérieurs, en dégradés anachroniques, jurent avec les autres éléments en pixelart. En revanche, les compositions orchestrales de Kochun Hu, clairement inspirées par celles de Basil Poledouris pour Conan le barbare, s’intègrent étonnamment bien au jeu. L’ambiance sonore est de manière générale l’un des points forts de Völgarr malgré deux ou trois bruitages plus quelconques.
Et c’est une bonne chose que l’atmosphère réussie donne envie de jouer, car la difficulté est brutale au premier abord. Dès le début, les ennemis jaillissent de toutes parts sans vous laisser le moindre sursis, et le moindre coup peut s’avérer fatal. Völgarr ne dispose d’aucun point de vie mais d’un système de power-ups qui s’accumulent et vous laisseront une chance de plus d’échapper à la mort. L’inconvénient d’un tel gameplay est ce que j’appelle le « syndrome Gradius, » lorsque le jeu devient de plus en plus facile au fur et à mesure que vous ramassez des items ; sauf qu’à la moindre vie perdue, vous repartez de zéro et vous avez aussi vite fait d’appuyer sur reset… Heureusement, le système utilisé ici est bien plus souple.
Les power-ups sont bien plus nombreux que dans un Ghouls ‘N Ghosts et offrent en plus des pouvoirs distincts. Il est clair que l’aventure devient plus aisée une fois bien équipé, mais c’est aussi cela qui permet au jeu d’offrir une excellente marge de progression. Même si le comportement des ennemis n’est pas toujours prédéfini, bien connaître les niveaux (regarder des vidéos d’autres joueurs m’a beaucoup aidé) est la clé de la réussite. D’autant que certains items sont cachés et que le game design regorge d’astuces en tout genre. Dézoomer l’action s’avère aussi très utile par moments, même si cela nuit quelque peu à l’aspect visuel du jeu.
À titre personnel, ce qui a rendu mes débuts très compliqués, c’est de retrouver ce réflexe des premiers Zelda où il n’est pas nécessaire d’appuyer sur un bouton pour utiliser le bouclier. Bien au contraire, il ne faut surtout pas attaquer pour bloquer les coups automatiquement. La maîtrise de la lance s’avère également indispensable ; c’est l’arme secondaire du jeu et il n’y en a pas d’autre. C’est le seul moyen d’attaquer à distance et les lances peuvent faire office de plateformes comme de boucliers, comme le montre la nouvelle vidéo ci-dessous (attention, spoilers !). Petit conseil : n’hésitez pas à assigner les lances à un bouton, car haut+X n’est pas pratique pour viser, surtout avec la croix directionnelle désastreuse de la manette Xbox 360.
Mais de toute manière, Völgarr n’est pas à mettre entre toutes les mains. Même avec de l’entraînement, une faute d’inattention peut s’avérer fatale, et chaque niveau ne comporte, en tout et pour tout, que deux checkpoints. En effet, chacun d’entre eux est constitué de deux parties, la première en extérieur et la seconde en intérieur, ce qui signifie qu’une mort face à un boss vous renverra loin en arrière… Il est cela dit toujours possible, quelle que soit la section de niveau, de collecter un équipement complet à condition d’être prudent. Après tout, comme les classiques dont il s’inspire, le jeu n’est pas très long et se finirait en une après-midi s’il était plus permissif.
Si Völgarr the Viking n’est pas sorti en février comme prévu initialement, le développement a profité de ce report pour s’enrichir et s’améliorer. L’équilibrage des power-ups a été en partie revu, les testeurs ont permis d’identifier certains problèmes de design ou de définir l’ordre des stages, et les niveaux alternatifs ont finalement été intégrés, bien que l’objectif correspondant durant la campagne Kickstarter n’ait pas été atteint. Le jeu est désormais attendu pour le printemps sous Windows et sans DRM s’il-vous-plaît, mais j’avoue être incapable de dire si la petite équipe respectera ce délai. L’important est surtout que l’attente en vaille la peine, n’est-ce pas ? D’ici là, vous pouvez déjà le précommander pour $11.99 sur son site officiel. Odin appréciera.