DUCKTALES REMASTERED – Windows, Xbox 360, PS3, Wii U
Catégorie : plateformes
Joueurs : 1
Développeur : WayForward
Éditeur : Capcom
Date de sortie : 13/08/2013 (PC), 14/08/2013 (PS3), 15/08/2013 (Wii U), 11/09/2013 (Xbox 360)
Prix : 14,99 € environ
Site Officiel : http://www.capcom-unity.com/ducktales
(testé dans sa version Wii U)
DuckTales fait partie de ces jeux cultes de la NES, combinant les qualités d’un Mega Man (il utilisait d’ailleurs le même moteur) et une licence de série TV populaire à l’image d’un Tortues Ninja. Le défi de recréer cet âge d’or des jeux Disney était donc épineux, et WayForward était probablement le studio idéal pour le relever, ayant une grande expertise en matière de rétro (Contra 4) comme de 2D digne d’un dessin animé (A Boy and His Blob). Les développeurs ont d’ailleurs fait le choix de la fidélité pour le gameplay et de la refonte quasi-complète de la réalisation, tout en respectant l’esprit de l’original. Il ne s’agit toutefois pas seulement ici de juger l’apport des nouveautés, mais aussi de voir si le jeu de 1990 a également bien vieilli…
Le jeu lancé, après quelques écrans de crédits très nostalgiques, ce sont évidemment les graphismes qu’on remarque en premier. Pour être au plus proche d’un dessin animé, dans lequel les personnages en celluloïd sont animés sur des décors peints, le studio a fait le choix déjà controversé de mêler des sprites en 2D avec des décors en 3D aux couleurs plus pastel. Le mélange peut choquer au premier abord, mais il fonctionne au final plutôt bien. On regrettera toutefois que la débauche d’effets de lumière, ou en l’occurrence de son absence dans le niveau très sombre de la Transylvanie, gêne parfois la lisibilité de l’action. Mais on ne peut que saluer le travail accompli sur l’animation de l’ensemble des personnages et des ennemis.
Ce qui divisera sans doute moins les fans, ce sont les magnifiques compositions du talentueux Jake « virt » Kaufman, qui a remixé les thèmes de l’original de bien belle manière, conservant même parfois leur saveur chiptune. Au pire, les puristes pourront se dépêcher de terminer le jeu pour débloquer les musiques 8-bit dans les options. Les bruitages, en particulier celui de l’emblématique pogo-stick qui sonne comme à l’époque, s’intègrent parfaitement bien. Enfin, le studio a débauché les doubleurs (anglais) du dessin animé d’origine, même si les joueurs français ne sont sans doute pas familiers de l’accent écossais de Scrooge McDuck…
Ce qui nous amène au principal changement ; le studio est parvenu à relier les niveaux du jeu de 1990 par un scénario tout droit sorti du dessin animé. Les dialogues sont mêmes assez drôles, mais ils sont nombreux et rendent notamment le prologue et le niveau de l’Amazonie, par lequel vous commencerez sans doute (à tord), assez pénibles. L’action y est en effet trop souvent interrompue par ces bavardages (bouches fermées !). Heureusement, il est possible de passer l’intégralité des cutscenes, même la première fois pour les moins patients. En tout cas, en plus de rallonger (un peu) la durée de vie, elles témoignent du soin apporté à ce remake.
Et si la refonte graphique a parfois des conséquences négatives sur le gameplay, notamment des collisions parfois vagues et typiques des jeux de plateforme au rendu proche d’un dessin animé (A Boy and His Blob ou même les derniers Rayman), il faut avouer que certains défauts du jeu proviennent de l’original. Ainsi, les ennemis réapparaissent parfois de manière un peu hystérique, ou le pogo-stick peut s’interrompre brutalement. Vous lirez sans doute par-ci par-là que les commandes répondent mal, mais cela se produit en fait quand on atterrit sur une zone étroite et que, légèrement décalées, les pattes de Picsou touchent le sol avant sa canne…
Ce problème est d’ailleurs un peu amplifié par le mode automatique du pogo-stick, toutefois optionnel. Les intégristes préfèreront peut-être le mode manuel où il faut appuyer sur le bas de la croix directionnelle, même si cela risque de poser problème avec l’utilisation d’une manette Xbox 360, la seule compatible hélas sur PC. Dans la série des partis-pris qui peuvent sembler vieillots aujourd’hui, citons le fait que Picsou ne peut pas sauter d’une liane ou d’une chaîne et doit donc grimper tout en haut avant de se laisser tomber vers la suivante. De même, les fameux chariots, plus nombreux que dans l’original d’ailleurs, ne transmettent pas leur inertie au canard lorsqu’on en saute. Le genre de petits détails auxquels on se réhabitue très vite cependant.
Cela dit, ce remake se montre étonnamment plus difficile que l’original, même en difficulté « normale ». Car en plus de l’ajout d’un prologue et d’un niveau final assez ardu, le level design a parfois été repensé pour vous balader davantage (or les ennemis réapparaissent, contrairement aux bonus) et les boss, aux patterns plus variées, sont parfois un peu trop longs à battre. Ce n’est pas tellement le faible nombre de cœurs qui pose problème ; on trouve pas mal de nourriture en cherchant bien, même si Loi de Murphy oblige, pas toujours quand vous en avez besoin ! Et puis on peut obtenir jusqu’à quatre cœurs supplémentaires cachés dans certains niveaux, d’où l’importance d’ailleurs de bien choisir l’ordre dans lequel les parcourir.
Non, le problème vient surtout du nombre très limité de vies. Il est difficile d’en gagner, très facile d’en perdre en tombant dans un trou, et perdre toutes ses vies renvoie directement au hub de choix de niveau ! Ce qui peut s’avérer frustrant quand cela arrive face au boss… Le jeu inclut heureusement un mode « facile », mais l’aventure sera dès lors expédiée un peu vite, malgré quelques passages (de plateformes ou de boss) qui démeurent ardus. En effet, les vies sont carrément infinies et en plus tous les dégâts infligés à Picsou sont divisés par deux ! Autant dire que dans ce mode, vous n’avez aucune raison de ne pas finir chaque niveau du premier coup…
Par conséquent, si un mode intermédiaire un peu mieux équilibré aurait été bienvenu, le mode « facile » peut s’avérer un bon entraînement avant de retenter les difficultés supérieures. Vous pourrez ainsi parcourir d’emblée les niveaux dans l’ordre qui vous convient et affronter les boss plus sereinement. Il est de toute façon conseillé de refaire l’aventure plusieurs fois, déjà parce qu’elle est assez courte malgré les ajouts (l’original pouvait se boucler en dix minutes !), mais aussi parce qu’il semble impossible de débloquer toutes les illustrations et les musiques de la galerie en une seule fois, même en trouvant tous les coffres cachés et passages secrets.
Car c’est bien là l’un des grands plaisirs de l’original, et il est intact. Rebondir avec sa canne sur la moindre surface pour faire apparaître ces énormes joyaux, jouer au golf avec des rochers pour ouvrir un coffre au plafond, etc. La présence de la galerie permet réellement de motiver le scoring, bien plus que la fameuse piscine dans laquelle Picsou peut nager comme dans le générique du dessin animé. Un plaisir coupable qu’on n’essaiera qu’une fois ou deux, à l’image d’un jeu qui se montre très plaisant une fois que l’on a surmonté quelques frustrations. WayForward a beau avoir fait le maximum pour prolonger le plaisir, ça passe bien trop vite, comme à l’époque.
Important!
Version Wii U : le GamePad, dont la croix directionnelle se montre idéale pour ce type de jeu, affiche par défaut la même chose que l’écran de télévision, rendant ainsi l’accès au mode Off-TV immédiat. D’une simple pression du bouton X en pause, la carte (disponible en facile et normal) s’affiche alors en permanence sur la manette. Son écran fait honneur à la réalisation du jeu, même si certaines couleurs vives (le rouge et le bleu) peuvent montrer des artefacts de compression.
Verdict : Même si certaines nouveautés – et certains partis-pris de l’original – peuvent causer quelques frustrations, ceux qui l’ont aimé en 1990 devraient prendre plaisir à le redécouvrir.