Comme on l’avait récemment suggéré, nous vous proposons un aperçu de Mercenary Kings, le nouveau jeu de Tribute Games après le sympathique Wizorb. C’est donc l’occasion de réaliser la seconde preview du Mag après Völgarr, et ainsi d’officialiser une nouvelle rubrique disponible sous l’onglet Jeux Vidéo ci-dessus. Rappelons que cette preview a été rendue possible par le programme d’accès anticipé offert pour certains jeux sur Steam, et que les impressions qui suivent sont par conséquent basées sur une bêta qui ne comporte « que » soixante missions quand la version finale devrait en proposer plus de cent. Mais il s’agit bien plus que d’une démo ; après tout, elle est commercialisée au prix du jeu final à la manière d’une précommande. Il est donc peu probable que le jeu évolue drastiquement d’ici sa sortie définitive, la plupart des modifications concernant l’éradication de bugs, l’équilibrage du jeu ou le multi en ligne.
Comme Wizorb mais aussi Scott Pilgrim, les jeux du studio bénéficient d’un capital sympathie immédiat grâce à une réalisation superbe qui doit énormément aux animations d’orfèvre de Paul Robertson. Mais l’expérience a montré que leurs jeux pêchent parfois sur le plan du gameplay, ou ne parviennent pas du moins à transcender des concepts originaux comme mêler le RPG au casse-briques. Si Mercenary Kings est autrement plus ambitieux en terme de contenu, il semble paradoxalement prendre moins de risques en empruntant les bases du run and gun, Metal Slug en tête, et en y intégrant des éléments de RPG et de customisation à la Borderlands, ce qui implique un aspect loot forcément chronophage et addictif. Mais à la réflexion, il est vrai que le public des shoot ’em up arcade made in Japan n’est pas exactement celui des roguelike à l’occidentale, plus typiques du PC… Le jeu réussit-il ce grand écart digne de JCVD ?
Au premier abord, la réalisation aguichera surtout le retrogamer, avec ses cinématiques de dialogues faisant clairement référence à Metal Gear. Une fois en jeu, il est évidemment difficile de ne pas penser à Metal Slug, et les consonances reggae de la musique du campement donnent au jeu des petits airs de Cannon Fodder… Néanmoins, ceux qui s’attendent à se jeter dans l’action après avoir bourriné le bouton de crédit risquent de déchanter ! Le didacticiel, qui ne présente pas d’emblée toutes les subtilités du gameplay, nous incite en particulier à ouvrir la carte… Et là, on réalise qu’il ne faudra pas seulement courir vers la droite et qu’il y a déjà moyen de se perdre dans les menus… Le premier objectif accompli un peu par hasard, on se retrouve au campement dans lequel des PNJ proposent différents services, sachant que de nouvelles têtes apparaitront au fur et à mesure que vous libérerez des otages en mission.
On se sent un peu perdu au départ mais on finit par repérer le personnage qui vend les objets, celui qui permet d’améliorer son armure et de customiser son arme, ou celui qui fabrique les mods permettant de ralentir sa chute ou de trouver plus facilement du loot, etc. Sachant qu’on ne peut pas équiper plus de deux mods à la fois. Mais bien entendu, au départ, on ne pourra rien fabriquer car chacun demande des ingrédients en quantité donnée… Il faut du coup aller voir le colonel pour accepter une mission, puis le pilote d’hélicoptère juste au-dessus pour se rendre dans la zone de jeu. Et des missions, il va falloir en accomplir un certain nombre pour pouvoir acquérir un armement digne de ce nom, même si j’ai pu améliorer mon pistolet une fois le deuxième objectif rempli. Et il est bien difficile de choisir vu le nombre de paramètres, et parce que rares sont les upgrades, même gourmands en loot, qui soient totalement positifs. Or on ne peut pas savoir au début quelle statistique est à favoriser par rapport à telle autre…
Bien loin d’un run and gun à l’ancienne, le jeu est constitué de missions aux objectifs variés (loot particulier, libérer des otages, tuer un certain type d’ennemis, affronter un boss) et se déroulant sur une sélection de cartes étonnamment vastes. Les objectifs ne sont d’ailleurs pas toujours indiqués sur la carte et il faudra parfois éplucher la moindre parcelle de niveau – qu’on est souvent persuadé d’avoir déjà exploré – avec le stress du chrono en plus… Le temps imparti est heureusement assez confortable et sert avant tout à gonfler sa récompense. Remplir d’éventuels objectifs secondaires rapportera également plus, tandis qu’une mort, qui vous renvoie à l’infirmerie la plus proche, vous sanctionnera d’une pénalité financière. En tout cas, il semble d’ores et déjà clair que le jeu est avant tout pensé pour la coopération jusqu’à quatre joueurs (en local ou en ligne), même si nous n’avons pas pu tester encore cette option.
Le gameplay à proprement parler est proche d’un Metal Slug, et l’on retrouve d’ailleurs (a priori) l’impossibilité de tirer en diagonale. Pas de grenades, mais des items à sélectionner via un menu rapide, ainsi que des roulades pour s’éloigner rapidement du danger. Par défaut, on peut les exécuter en mettant deux fois la même direction mais elles ont alors tendance à sortir par inadvertance… Mais la mécanique qui déboussolera le plus les amateurs de jeux d’arcade est le rechargement. Repris de Gears of War (!), il affiche une jauge à l’écran dès que l’on n’a plus de balles ou si on appuie sur le bouton dédié. Il faut alors rappuyer dessus avec le bon timing pour recharger rapidement. En cas d’échec, on est au contraire pénalisé par un enrayement temporaire. On prend cela dit vite le pli de recharger sans arrêt pour ne pas être pris de court, mais à vrai dire, on n’a pas vraiment le choix vu le peu de munitions que transporte l’arme initiale !
C’est l’inconvénient de ce type de jeu basé sur l’évolution du protagoniste ; on a l’impression d’être très faible au début. Cela donne au moins envie de jouer pour améliorer ses compétences, mais cela soulève des doutes concernant la courbe de difficulté du jeu… Et les premiers pas sont d’autant plus frustrants que les ennemis respawnent à peine sortis de l’écran ! Certains diront que c’est normal dans un Metroidvania, mais ici il n’est même pas nécessaire de quitter la « salle ». Cela facilite du coup le farming puisqu’il suffit de quelques pas pour faire réapparaître un ennemi (un otage libéré au début du jeu peut vous renseigner en détail sur les ennemis, leurs faiblesses et le loot associé). On retrouve fatalement le côté répétitif et addictif de ce type de jeu qui donne parfois plus la sensation de travailler que de se détendre… Et si chaque map comporte des zones un peu différentes, elles ont tendance à toutes se ressembler un peu.
On attendra toutefois la version finale pour se prononcer sur la variété du jeu, d’autant qu’il suffirait peut-être de modifier davantage le positionnement des ennemis d’une mission à l’autre. On peut être confiant que Mercenary Kings offrira une réalisation soignée, même s’il nous a semblé déceler quelques ralentissements inattendus. Ce sont surtout les temps de chargement qui étonnent par leur longueur, même s’il est vrai que la 2D peut s’avérer paradoxalement plus gourmande en terme de mémoire. Mais ce qui est une certitude, c’est que malgré son air de clone de Metal Slug, le jeu ne s’adresse pas tant aux fans d’arcade pure qu’aux amateurs de RPG ou de roguelike, pas allergiques au jeu en ligne (le local à quatre est possible mais on a du mal à imaginer ce titre remplacer un Mario Party), et qui n’ont surtout pas peur de refaire plein de fois le même niveau ou de passer du temps dans des menus à comparer des chiffres…