TEST : Cave Story (PC, Mac, Wii, DSi, 3DS)

Cave Story (Windows, Mac OS X, Wii, DSi, 3DS)CAVE STORY – Windows, Mac OS X, Wii, DSi, 3DS
Catégorie : action/plateformes
Joueurs : 1
Développeur : Daisuke « Pixel » Amaya
Éditeur : Nicalis
Date de sortie : 10/12/2010 (Wii), 11/11/2011 (3DS, version 3D), 22/11/2011 (Steam), 01/05/2014 (3DS)
(version DSi uniquement dispo aux États-Unis)
Prix : très variable !
Site Officiel : http://www.cavestory.org/
(testé dans sa version 3DS eShop)

L’arrivée récente de Cave Story sur l’eShop de la 3DS marque peut-être un point final à une aventure débutée il y a déjà dix ans sous forme de freeware, bien avant que l’on invente le terme néorétro et que l’on entende parler de la scène indé japonaise, ou doujin. La plupart des joueurs ont d’ailleurs découvert le jeu de Daisuke « Pixel » Amaya lorsque l’éditeur américain Nicalis lui a proposé de le porter sur le WiiWare, une plateforme a priori adaptée par sa parenté avec la Console Virtuelle. Hélas, elle s’est montrée peu viable pour beaucoup de développeurs, d’où l’arrivée du jeu sur le DSiWare, revenant à sa basse résolution mais doté d’un second écran, puis sur PC et Mac, dans une version « + » reprenant la refonte graphique (optionnelle) et le contenu de la mouture Wii. Parallèlement, le développeur a entièrement recréé son jeu en 3D polygonale pour Cave Story 3D mais le titre, vendu au prix fort, a rencontré un succès mitigé malgré la présence optionnelle des sprites 2D de l’original de 2004. D’où une nouvelle version 3DS conjuguant le meilleur de chaque adaptation, et ajoutant le relief. L’opus définitif ?

Pas entièrement, car la 3DS n’affiche pas la résolution d’une machine de salon, et l’on ne retrouve donc pas les graphismes plus détaillés des versions Wii, PC et Mac, ce qui ne dérangera sans doute pas les puristes. Car d’emblée, le jeu n’a pas perdu de son charme, nous accueillant avec son superbe écran-titre arborant un effet de relief très réussi sur les nuages. En revanche, le menu est un peu plus austère d’autant que certains modes sont à débloquer, et en dehors du sound test, les options n’ont que deux choix à offrir : écran large ou 4/3 original, et l’inversion des deux boutons. C’est quand même un peu léger d’autant que le titre est entièrement en anglais ! On comprend peut-être mieux pourquoi Nicalis a toujours eu du mal à faire valider son catalogue en Europe, et ça se confirme avec le manuel électronique, pourtant l’objet d’un report mais uniquement composé de deux pages pas très bien traduites !

Sur 3DS, on retrouve les graphismes du freeware de 2004

Sur 3DS, on retrouve les graphismes du freeware de 2004

Le jeu, lui, n’a heureusement pas changé ; il s’agit toujours d’un Metroidvania pur jus, jusque dans le jingle quasiment plagié du classique de Nintendo lorsque l’on ramasse un upgrade de vie. Il s’en distingue toutefois par un système particulier de levelling concernant les armes. Chacune dispose en effet de trois seuils de puissance, et l’on augmente chaque jauge en ramassant des triangles laissés par les ennemis. En revanche, elle baissera si on est touché, ce qui donne un côté « double peine » puisque subir une lourde attaque vous rendra souvent moins puissant en plus de vous faire perdre beaucoup de vie, un peu comme lorsque Link ne peut tirer avec son épée que s’il a toute son énergie. Cette mécanique, peu indulgente avec les joueurs moins habiles, oblige en plus ici à jongler avec les armes, puisqu’il est souvent préférable d’éliminer un ennemi avec une arme boostée puis de s’équiper d’une arme faible avant de ramasser les items – ce qui n’est pas toujours facile à faire dans la pratique…

Si les contrôles n’utilisent donc que deux boutons, on finira par découvrir un peu tard qu’il faut toucher l’écran tactile pour accéder à l’inventaire, où l’on trouve notamment une carte pas très claire, et qu’on aurait bien aimé pouvoir afficher directement. La maniabilité peut, de manière générale, décontenancer au début avec le choix de la direction bas pour interagir, sans doute histoire de pouvoir aussi tirer vers le haut devant une porte ou un coffre. Les sauts, particulièrement flottants, nécessiteront aussi un temps d’adaptation d’autant que le moindre contact avec des pics, jusqu’à la fin du jeu, sera synonyme de game over. Et il y en a justement quelques-uns des pics dès les premiers pas, alors qu’on ne dispose pas d’arme. On retrouve d’ailleurs ici un trait caractéristique des jeux d’action/aventure comme Zelda ou Metroid, où les débuts, sans le moindre upgrade, sont presque les plus difficiles paradoxalement. En plus, les premiers boss se montrent étonnamment endurants et il faut savoir rester concentré.

Ces pics tuent instantanément ! (image tirée de la version PC)

Ces pics tuent instantanément ! (image tirée de la version PC)

On retrouve donc globalement les spécificités propres au genre, plaisantes ou pas. Le jeu est ainsi prenant et il est parfois difficile d’interrompre sa partie même lorsque l’on vient de sauvegarder, d’autant que ces checkpoints sont plus ou moins bien espacés. On regrettera d’ailleurs d’être systématiquement obligés de revoir les dialogues précédant les combats contre les boss… Si les ennemis redonnent de la vie ou des munitions en plus des triangles déjà cités, le joueur, qui ne pourra pas toujours atteindre ces items en hauteur, disposera heureusement de quelques stations de recharge – là encore un classique du genre – mais pas toujours près des sauvegardes. À vrai dire, plus on progresse dans l’aventure, plus ces deux types de stations ont tendance à être planquées. Par ailleurs, les détracteurs des Metroidvania n’apprécieront sans doute pas les nombreux allers-retours réclamés par les PNJ, qui servent évidemment à faire durer l’exploration de zones parfois assez petites. On pourra d’ailleurs perdre pas mal de temps si l’on ne pense pas à bien reparler à chaque personnage tout au long de l’aventure.

Côté réalisation, il est clair que Cave Story doit beaucoup au charme du pixelart minimaliste de Daisuke Amaya. Plus proche de l’original de 2004, cette version affiche tout de même plus de détails que le stylisé Kero Blaster, avec en prime plein de petits effets visuels jouissifs, en particulier quand les tirs fusent et que les triangles dégringolent. Cela rend toutefois le jeu très bordélique par moments, et certains combats de boss sont plus éprouvants par leur manque de lisibilité qu’autre chose… L’effet de relief rend l’ensemble encore plus adorable, et détache bien les sprites et les plateformes du décor, même s’il arrivera peut-être au début de rater une porte ou une interaction, car ces objets se trouvent bien souvent à l’arrière-plan. Les amateurs de chiptune seront également aux anges en retrouvant les thèmes originaux, si énergiques qu’on conseillera de jouer aux écouteurs si l’on ne veut pas baisser le son… En tout cas, cette réalisation sert énormément un jeu qui, par ailleurs, repose sur un gameplay sans grande originalité.

Spectaculaire, mais pas toujours lisible... (image tirée de la version PC)

Spectaculaire, mais pas toujours lisible… (image tirée de la version PC)

La recette est heureusement efficace même si le level design choisit parfois la facilité. Cela a au moins le mérite d’améliorer la durée de vie qui est assez honnête pour un jeu du genre, d’autant qu’il bénéficie d’une bonne replay value. En effet, le joueur aura quelques choix à faire dans l’aventure – comme échanger ses armes – et il suffit de jeter un œil au Wiki pour réaliser qu’elle a plus à offrir qu’il n’y paraît, dont plusieurs fins, des zones et des objets cachés. Cette version de Cave Story compile en outre tous les modes bonus des précédentes éditions. Mais n’étant pas parvenu en difficulté moyenne à enchaîner les trois-quatre boss de fin (!), je n’ai pas débloqué le mode Curly Story, mais seulement l’un des quatre Challenges : une épreuve en temps limité avec une arme imposée que j’ai dénichée dans l’aventure principale. Les trois autres défis sont Sanctuary Time Attack, Boss Attack et Wind Fortress… Il y a donc de quoi faire, même si les pics de difficulté, parfois old-school dans le mauvais sens du terme, pourront en refroidir certains.

Verdict : Malgré son âge avancé – il est lui-même « rétro » désormais – Cave Story demeure un incontournable du néorétro, grâce à une formule certes classique mais éprouvée.

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