par Levi Buchanan (IGN)
Traduit de l’américain par Guillaume Verdin
Vous ne seriez pas en train de jouer aujourd’hui sans l’esprit visionnaire de Nolan Bushnell…
Si l’histoire récente associée au nom d’Atari – car c’est bien tout ce qu’il en reste – peut s’apparenter à un Grand Huit, il ne fait aucun doute que la société fondée par Nolan Bushnell et Ted Dabney a eu un impact profond, non seulement sur les jeux vidéo, mais aussi sur le divertissement et la culture populaire. Ce qui fut un temps un géant de l’industrie, à qui l’on doit d’immenses succès comme Pong et l’Atari 2600 (mais aussi de terribles échecs comme ET sur 2600, qui précipita le crash de 1983), a célébré cette année ses 38 ans (NdT : cet article a été publié le jour même de l’anniversaire, le 28 juin 2010). IGN Retro a déjà évoqué la vie et la carrière de Bushnell, mais pour l’anniversaire du géant, nous nous devions d’analyser la destinée d’Atari durant les trois dernières décennies. Comment ce nom autrefois synonyme de jeux vidéo est-il devenu le simple label d’un tout autre éditeur ?
Atari n’est en fait pas le premier nom de la compagnie de Bushnell et Dabney. A l’origine, Bushnell choisit « Syzygy » (Syzygie), un terme d’astronomie désignant l’alignement de corps célestes (c’est aussi un terme gnostique, mais sachant que Bushnell est mormon, il est peu probable que cela fasse référence au couple). Cependant, découvrant que le nom est déjà utilisé en Californie, et le simple fait que prononcer Syzygy est un cauchemar, Bushnell songe à différents termes de Go, le jeu de société japonais. Il opte pour « Atari », qui signifie « cible ». Ce surnom allait comme un gant à une nouvelle compagnie qui était sur le point de « cibler » les États-Unis avec une nouvelle forme de divertissement.
L’histoire du premier jeu d’Atari, Pong, est une véritable légende au sein de l’industrie. Après avoir vu la Magnavox Odyssey de Ralph Baer et son jeu de tennis, Bushnell et son premier ingénieur décident de créer un jeu similaire qui, au lieu d’être joué chez soi comme l’Odyssey, sera intégré à des bornes payantes (Magnavox intente plus tard à Bushnell un procès à cause de la ressemblance des deux titres). La première borne Pong est installée dans un bar de Sunnyvale appelé Andy Capp’s. Le jeu plante lors de sa toute première nuit dans le bistro. Ouvert le lendemain matin pour comprendre l’origine du problème, le meuble s’avère littéralement rempli de pièces de monnaie. Le jeu avait connu un tel succès que les clients avaient surchargé le bac où était stocké l’argent au point de casser la machine.
Atari fait donc officiellement son entrée dans le business du jeu d’arcade. Parmi ses succès suivants, on peut citer Battlezone et Breakout, ce dernier ayant fait l’objet d’un prototype par Steve Wozniak et Steve Jobs (oui, ce Steve Jobs, le boss d’Apple). Bien que les affaires d’Atari rayonnent dans le secteur de l’arcade, Bushnell commence à songer au marché domestique dès 1975. L’année suivante, Atari crée un prototype de console de jeu à cartouche interchangeable, mais le coût de développement de l’Atari 2600 demeure trop élevé pour la société encore fragile. Bushnell vend Atari à Warner Communications pour obtenir les crédits nécessaires, estimés à 100 millions de dollars au moment de la commercialisation de la machine.
L’Atari 2600 sort en 1977 pour 199$, soit plus de 700$ d’aujourd’hui, compte tenu de l’inflation. Bien que l’intérêt soit au rendez-vous, les ventes ne décollent pas pour autant. Sur la durée, en revanche, quand on réalise que les jeux vidéo ne sont pas qu’une simple tendance, l’Atari 2600 prend son envol et devient rapidement l’un des biens de consommation les plus vendus aux États-Unis, constituant le tiers des revenus de la Warner. Mais la décision de vendre Atari, pour préserver sa vision et assurer sa survie, revient hanter Bushnell. Il existe différentes versions contradictoires sur ce qu’il s’est réellement passé en coulisses, mais Bushnell voyait l’avenir de l’Atari 2600 différemment de la Warner, et démissionne en 1978.
Atari continue d’engranger des résultats fabuleux. En 1980, plus de deux millions de consoles Atari 2600 trouvent preneurs. L’ascension continue jusqu’en 1982 alors que près de huit millions de foyers sont équipés de 2600. La machine, et par extension Atari, jouit d’un succès monstrueux. En plus de la réussite de la 2600, Atari produit des ordinateurs, une nouvelle console, la 5200, et explore de nombreux autres projets, comme l’Atari Cosmos, une machine basée sur un affichage de LEDs et des décors holographiques (alerte aux collectionneurs : c’est le Saint-Graal. Seulement deux exemplaires en état de marche sont connus. Et aucun n’est à vendre).

Pac-Man (ou presque)
Toutefois, Atari commet quelques bourdes comme la sortie d’un portage décevant de Pac-Man et la débâcle E.T. (mentionnée plus haut) qui coûte à la société des dizaines de millions. Mais la concurrence au sein de l’industrie, un déluge de jeux à la qualité discutable, et la guerre des prix ainsi générée culmine dans le crash du marché du jeu vidéo en 1983. Même Atari parvient à peine à survivre à l’implosion (dont les effets se font réellement ressentir en 1984), sauvée de justesse par Warner qui vend la division domestique d’Atari, à présent baptisée Atari Corporation, à Jack Tramiel, le fondateur de Commodore.
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