Aperçu du Sinclair ZX Spectrum Vega

Sinclair ZX Spectrum Vega

Début novembre, je vous proposais un aperçu du Recreated ZX Spectrum dont j’avais soutenu la campagne de financement. Mon ressenti mêlait la joie – ne serait-ce que de pouvoir enfin cocher la case « reçu » sur Kickstarter – et la frustration, même si l’émulateur en ligne a été mis à jour depuis ; il y a enfin du son ! Mon principal regret était de ne pas pouvoir jouer aux jeux homebrew, ce que le rival Sinclair ZX Spectrum Vega permet a priori… N’ayant pas contribué à la campagne Indiegogo de ce dernier, j’ai finalement profité de l’ouverture de la branche française de Funstock, et donc des frais de port offerts aussi en France (bien que le colis semble avoir été envoyé depuis le Royaume-Uni), pour l’acquérir à un prix plus raisonnable… Je vous en propose donc aussi un aperçu, plus court cette fois dans la mesure où j’avais déjà établi plusieurs comparaisons dans mon précédent article. Rappelons juste que si le Vega n’a pas bénéficié du concours du designer du micro-ordinateur original de 1982, Rick Dickinson, il a carrément eu celui de Clive Sinclair en personne, d’où la mise en valeur de son nom  sur la machine comme sur son emballage…

À ce propos, la boîte est beaucoup plus grosse que celle de son concurrent (voir l’image en bas de cet article) bien que la machine soit plus compacte. Au petit jeu des comparaisons, Retro Computers a eu la même idée d’imiter le dos de la boîte du ZX Spectrum d’origine. Le manuel est en revanche plus épais et évite donc d’avoir à aller en ligne, où l’on trouvera néanmoins comment mettre à jour le firmware – ce qui s’est avéré inutile dans mon cas. Le Vega lui-même se présente donc comme une manette équipée d’un port micro SD et de deux câbles, qui ont le mérite d’être longs même si cela représente un certain encombrement dans la pratique, surtout à une époque où les manettes sont le plus souvent sans fil ! La connectique vidéo est de type composite, et même si le manuel rappelle qu’on peut utiliser un adaptateur Péritel non fourni, on ne cachera pas que sur un LCD, le résultat est en général atroce… Le câble d’alimentation est lui muni d’un port USB que l’on peut soit brancher à une prise murale de chargeur de smartphone, soit directement à son téléviseur puisque la plupart ont au moins un port USB de nos jours.

Le dos de la boîte rend aussi hommage au packaging de l’époque !

Le dos de la boîte rend aussi hommage au packaging de l’époque !

Mais pour une bonne qualité d’image, je recommande plutôt l’utilisation d’un écran cathodique qui n’en a pas, hélas… Dans les deux cas, le Vega n’a pas de bouton d’allumage et il faut donc éteindre son LCD avant de le connecter dessus, ou brancher et débrancher sauvagement l’appareil si on utilise un CRT ! L’insertion ou le retrait d’une carte SD peut en revanche se faire plus facilement à chaud. Côté design, il ne reproduit pas fidèlement celui d’origine à la manière du Recreated ZX Spectrum mais s’en inspire quand même, ce qui n’est pas forcément une bonne idée. Le fait que cette manette soit rectangulaire n’est pas si gênant dans la pratique cela dit, mais il n’était sans doute pas nécessaire de positionner les boutons de cette manière… La croix directionnelle est vraiment cheap, mais si le toucher des boutons en gomme est plus dur et donc moins authentique que celui de son rival, ils sont au final sans doute plus réactifs. En revanche, les quatre petits boutons supplémentaires et surtout le reset sont assez minables ; pourquoi les avoir faits aussi en gomme puisqu’ils n’imitent pas les touches du micro d’origine ?

Comme la machine s’allume dès qu’on la branche, on rate souvent les premiers écrans pour arriver directement au choix des jeux. Ceux-ci sont classés alphabétiquement (une liste par lettre), ce qui s’avère fonctionnel mais on aurait aimé gérer ses favoris vu leur nombre. Une fois le jeu lancé, un écran décrivant les contrôles apparaît d’abord (ou un message d’avertissement s’il n’est pas pris en charge, comme ceux sur carte SD). En jeu, le bouton « M » affiche un menu permettant de réafficher l’aide, de quitter la partie, de la mettre en pause (ce n’est donc pas très immédiat !) et surtout, alors que le Recreated ZX Spectrum permettait seulement de suspendre sa partie pour la reprendre plus tard, le Vega gère les sauvegardes. Il n’y en toutefois qu’une seule par jeu, et il faut une carte SD pour la stocker. Par défaut, la croix et les boutons simulent en général le joystick Kempston (inutile de le sélectionner à l’écran-titre), tandis qu’il faut passer par le menu pour le clavier. Dans ce mode, la croix parcourt les catégories tandis que les boutons valident la touche souhaitée, ce qui est sans doute plus rapide que d’utiliser un clavier virtuel…

Une grosse boîte pour une petite manette... et deux longs câbles !

Une grosse boîte pour une petite manette… et deux longs câbles !

Mais c’est assez intimidant et, soyons clairs, on n’utilisera pas le Vega pour programmer en BASIC, et on évitera aussi les jeux d’aventure qui sont d’ailleurs classés à part dans le menu de sélection des jeux ! On déconseillera aussi les titres utilisant beaucoup de touches comme les simulateurs, qui proposent un système où chaque bouton a deux fonctions, et l’on passe de l’une à l’autre en appuyant brièvement sur « M » – comme quand on joue à Street Fighter II avec une manette à trois boutons… On comprend donc mieux pourquoi les développeurs homebrew « optimisent » leurs jeux pour l’accessoire ! Ce qui constitue une bonne transition car, comme on a déjà eu l’occasion de l’expliquer, on ne trouvera pas dans les mille jeux inclus certains classiques dont le rival a l’exclusivité. Mais il y a tout de même des titres de Ultimate Play the Game alias Rare (Jetpac, Atic AtacSabre Wulf), la série des Magic Knight ou encore par exemple Impossamole, dans le domaine public comme tous les jeux Gremlin depuis quinze ans… Et surtout, on trouve donc un certain nombre de homebrew relativement récents et fameux !

Cela décontenancera sans doute le nostalgique qui achètera le Vega pour retrouver les hits de son enfance, mais c’est plutôt cool pour les retrogamers curieux qui souhaitent découvrir une bonne partie de la production des Mojon Twins comme Sir Ababol (2010) et ses suites, le bluffant Zombie Calavera Prologue (2010) ou encore Ninjajar! (2014), un clone d’Alex Kidd ! Et puis on ne va pas se mentir ; tous les jeux plus récents ou les classiques même « protégés » se trouvent sur World of Spectrum et peuvent donc être installés sur carte SD. Il faudra toutefois faire attention au format, le Vega préférant dans l’ordre le .SZX, le .Z80 (utile pour forcer le mode 128K) puis le .TAP. Il faudra donc passer par un logiciel de conversion pour les .TZX caractérisés par des chargements optimisés, bien entendu inutiles ici. Mais le principal obstacle réside dans les contrôles ; si un jeu n’est pas optimisé pour le Vega, vous avez le choix entre sélectionner le joystick Kempston, en général proposé dans les jeux commerciaux, et configurer les contrôles du clavier… Du moins si vous êtes prêts à vous diriger avec les touches F, S, 1 et 2 alors qu’elles ne sont pas placées en losange, et à utiliser la petite touche B (Entrée) comme bouton d’action…

Deux machines ayant le même objectif de faire revivre le ZX Spectrum

Deux machines ayant le même objectif de faire revivre le ZX Spectrum, mais avec des philosophies complémentaires

Or sur la dizaine de titres homebrew que nous avons essayés, seuls ceux qui ont été réalisés par des développeurs expérimentés prennent en compte le joystick, et il n’est que rarement possible de configurer ses touches. De plus, certains jeux ne fonctionnent pas comme Castlevania: Spectral Interlude… Il est donc vraiment dommage que le Vega déçoive sur ce qui aurait dû être son point fort même si, comme on le voit dans nos bilans mensuels, le choix d’un système ouvert fait que de plus en plus de développeurs optimisent leurs jeux pour la machine. Et l’intérêt ne devrait pas faiblir avec le Vega +, même si on peut se demander si Retro Computers n’en fait pas trop en sortant un nouveau modèle seulement un an après l’original… Pour l’anecdote, dans la partie FAQ de la page Indiegogo de la nouvelle campagne, on peut voir des questions concernant la compatibilité avec les claviers ou les tablettes. Le fabricant réfléchit encore à la possibilité d’une extension clavier, mais il semble que l’on ne soit pas les seuls à se dire que si le Recreated ZX Spectrum pouvait faire office de clavier pour le Vega, ou si ce dernier pouvait servir de joystick pour l’émulateur d’Elite Systems, on tiendrait sans doute la machine parfaite…

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