DEMONS OF ASTEBORG
Mega Drive, Windows, Switch
Catégorie : action/plateforme
Joueurs : 1
Développeur : Neofid Studios, Nindo
Éditeur : Neofid Studios
Date de sortie : 01-04/08/2021
Prix : 19,99 € (démat.), 49 € (loose), 69 € (CIB)
Site Officiel : https://www.demonsofasteborg.com/
(testé sur Steam et sur Mega Drive via le superbe kit presse fourni par Neofid Studios)
On découvrait Demons of Asteborg il y a un peu moins de deux ans grâce à OldSchool is beautiful, alors que la campagne Kickstarter lancée par Neofid Studios touchait à sa fin… Et bien que les origines de ce jeu d’action/plateforme remontent à 2013, on reste assez surpris qu’il soit finalement arrivé avec « seulement » un an de retard sur la date prévue, avec les différentes refontes graphiques par lesquelles il est passé et surtout deux incendies au printemps – celui du fameux data center d’OVH mais aussi celui du domicile (et atelier) de la personne en charge du hardware. Cela ne s’est donc pas fait sans heurt, avec un petit défaut de fabrication sur certaines cartouches et un choix discutable de voltage hélas fréquent. Car il s’agit avant tout d’un homebrew Mega Drive (disponible en version émulée sur Steam et Switch), dont la cartouche de 120 mégas occupe ainsi 50% plus d’espace que celle du fameux Paprium, détenteur du précédent record en la matière ! Et c’est une nouvelle fois un jeu français puisque ses développeurs sont basés à Manosque, dans le sud-est. Malheureusement, cette prouesse fait aussi que la ROM passe mal dans beaucoup d’émulateurs et sur les anciennes flashcarts, et je ne peux pas conseiller non plus la version Steam qui m’a semblé injouable, Michel Louvet m’ayant confirmé qu’il a trouvé lui aussi que quelque chose clochait – mais nous allons y revenir…
Le jeu étant né dans l’Hexagone, le français fait donc partie des six langues disponibles, ce qui nous permet de mieux apprécier la cinématique d’intro, jolie quoique statique et monochrome, qui résume un scénario travaillé mais bien classique ; un démon fait son retour après avoir été enfermé des années par un héros légendaire… Du reste, ces images et les textes qui l’accompagnent se retrouvent in extenso dans les premières pages du joli manuel fourni. Les options sont peu nombreuses, mais proposent toutes les combinaisons possibles des trois boutons. Il est toutefois dommage qu’on ne puisse pas en changer en jeu, en particulier si on utilise une manette moderne ; on soupçonne la version Steam d’avoir été conçue pour les boutons A, B et X d’une manette Xbox, qui se retrouvent du coup bien mal placés sur un pad pro Switch. Et malheureusement, on n’a pas pu utiliser la chouette manette M30 car son pad directionnel n’est pas reconnu… En outre, ces réglages ne sont pas liés à votre sauvegarde et il faudra bien penser à les refaire (le cas échéant) à chaque session ! Une fois la configuration terminée, vous n’avez plus qu’à lancer la partie en choisissant l’un des quatre slots de sauvegarde et l’un des trois modes de difficulté (Facile, Normal et Hardcore), sachant que même dans le premier, c’est déjà ardu.
Dès le début de l’aventure, on peut rebrousser chemin pour rentrer dans sa mansarde caresser son chien mais aussi et surtout récupérer la loupe affichant la santé des ennemis, même si elle sera aussi disponible dans la boutique entre chaque niveau. Demons of Asteborg n’est pas un Metroidvania parce qu’il est composé d’une succession linéaire de stages qu’il n’est pas possible de revisiter même si, au sein de chacun d’eux, il y aura souvent de l’exploration et des énigmes. En particulier dans la deuxième partie, souvent en intérieur, où l’on doit acquérir une capacité spéciale que l’on ne gardera toutefois que pour le reste du niveau. Et c’est déjà déroutant car pour le moins inhabituel de ne plus y avoir accès au suivant… L’autre aspect aventure réside sinon dans la boutique, donc, et cela demandera pas mal de réflexion car il est impossible d’y retourner avant la fin du niveau suivant. Faudra-t-il acheter des vies supplémentaires, sachant qu’on en trouve en jeu et qu’on ne peut pas en avoir plus de neuf ? Acquérir une attaque spéciale bon marché mais à usage unique ? Ou plutôt garder son argent pour doubler sa jauge de vie, sachant que la seconde jauge ne sera pas régénérée par les potions ? On peut aussi rendre plus rapide le remplissage de celle de magie, ou encore améliorer son combo ou débloquer une attaque aérienne qui permet de sauter plus haut – semble-t-il le seul moyen d’atteindre certains bonus dès le troisième stage…
Un autre aspect du jeu qu’il faudra maîtriser, outre le rebond mural nécessaire pour ramasser la loupe sus-citée, est la roulade (avec bas plus saut) qui permet de traverser la plupart des ennemis. En effet, il ne sera pas toujours possible de les tuer en une fois, et il faudra donc acquérir le réflexe de les esquiver ainsi. Hormis les boss sur lesquels je reviendrai, Demons of Asteborg n’est cela dit pas trop impitoyable. L’apparition des bonus de vie est un peu aléatoire, mais les chutes ne font qu’enlever de l’énergie et ne renvoient pas trop loin. Perdre une vie ramènera en revanche au checkpoint précédent, et il ne doit y en avoir que trois par niveau environ. Le progrès sera toutefois mémorisé, les interrupteurs resteront activés, les coffres ramassés et les ennemis ne redonneront pas d’argent… Cela dit, si certains ne semblent pas avoir eu ce problème, la version Steam m’a paru quasiment injouable à cause de commandes répondant mal, surtout en série. Ainsi, tous les zombis de base m’enlevaient de l’énergie car ils ont trois points de vie et je n’arrivais à enchaîner que deux coups et non trois ; j’ai même cru qu’il fallait débloquer le combo amélioré. Les chevaliers et les fermiers étaient carrément interminables et j’ai bien failli abandonner… Mais profitant du restock de la Mega Sg en début de mois (conséquent et bien géré cette fois, tout est encore disponible), j’ai pu refaire l’aventure sur Mega Drive et ce n’était plus le même jeu.
Tout répondait à merveille, même avec mes manettes Mega Drive d’époque qui nécessitaient pourtant d’appuyer fort sur certains boutons pour que ça marche… Les combos de trois coups passaient sans difficulté, et les zombis ne posaient donc plus de problème. Je suis toutefois rapidement passé à mon M30 Bluetooth encore plus réactif bien qu’il soit censé générer plus d’input lag que le modèle 2.4g, mais c’est indécelable pour moi. Cela ne m’a toutefois pas empêché de perdre encore une vie au premier boss, pas très difficile mais laborieux car il nécessite un bon timing. En effet, chaque gardien de fin de niveau repose sur l’utilisation du pouvoir débloqué durant celui-ci, et il est même impossible de les battre sans. C’est plutôt une bonne idée sur le papier, mais comme la capacité obtenue dans le deuxième stage permet de renvoyer les tirs, cela rend son boss assez infernal ; non seulement il faut appuyer assez tôt sur le bouton mais ne surtout pas le maintenir car cela charge la contre-attaque (ce qui ne présente pas vraiment d’intérêt en plus). En outre, ce boss et les deux suivants dispose d’une deuxième jauge de vie et il devient alors non seulement plus agressif, mais les techniques utilisées durant la première phrase ne semblent plus aussi efficaces. Lorsqu’il ne lui reste que quelques points de vie, il se téléporte partout et paraît quasiment immortel… Je ne sais même pas comment et pourquoi j’ai fini par le battre.
Il faut dire aussi que j’avais démarré le deuxième niveau sans rien acheter car, même en récupérant les coffres cachés, on n’a pas assez pour les meilleures améliorations comme la double jauge de vie. Et puis on ne peut pas farmer puisque les ennemis ne redonnent plus d’argent les fois suivantes comme dit plus haut… Vers la fin de l’aventure, on se retrouve presque avec trop d’argent ; on peut se mettre les vies et les magies au max et conserver encore de la monnaie. Mais en attendant, comme je me suis dépêché de doubler ma santé après ce deuxième boss, je n’avais plus assez pour l’attaque aérienne permettant d’atteindre plusieurs coffres du niveau suivant. Lequel s’achève par un boss presque aussi pénible que son prédécesseur, même s’il est cette fois bien plus facile de reprendre de l’énergie pendant le combat. Mais certaines patterns d’attaque sont encore peu lisibles dans la seconde partie, et on ne comprend pas non plus pourquoi sa phase de vulnérabilité se déclenche alors certaines fois et pas d’autres… Surtout qu’il faut à la fois se tenir éloigné pour ne pas être aspiré, mais suffisamment près pour (et prêt à) attaquer quand c’est enfin le bon moment. D’ailleurs, les boss suivants m’ont paradoxalement paru plus simples d’autant que la deuxième phase qui change les règles finit par disparaître après le quatrième.
Au moins, Demons of Asteborg offre une bonne durée de vie pour un jeu Mega Drive dans lequel la partie est sauvegardée entre chaque niveau. Neofid Studios évoque quatre heures, mais le compteur de ma sauvegarde dépassait les cinq et je suis à peu prêt certain que ça ne compte pas les (nombreuses) tentatives ratées, quand j’ai perdu toutes mes vies (ce qui nécessite de refaire tout le niveau) ou que j’ai dû quitter la partie faute de temps… Mais hormis le long huitième stage (qui rend hommage à un classique bien connu) et le dernier, les niveaux en eux-mêmes ne sont pas bien difficiles, même s’il est parfois quasiment impossible de progresser sans se faire toucher. Les gros ennemis ne réapparaissent pas, et les séquences de plateforme ne sont épineuses qu’à la toute fin ; la classique séquence du chariot de la mine dans le sixième niveau est loin d’être la plus dure qu’on ait rencontrée dans le genre. À ce propos, le pouvoir que l’on débloque dans ce dernier (dont on vous laisse la surprise) se révèle pour le coup assez original, et le jeu parvient globalement à trouver un bon équilibre entre hommage et créativité, même si certaines idées auraient gagné à un peu plus de clarté parfois. La fin de l’aventure est en particulier très variée, avec une séquence à la Space Harrier (1985) très reposante entre les deux derniers niveaux.
Sur le plan technique, Demons of Asteborg impressionne même si l’on notera quelques chutes de framerate (notamment lors de l’affrontement contre le sixième boss imposant), et on a eu droit à quelques bugs. Le jeu a même planté une fois sur la carte, mais il a suffi de redémarrer puisque ma progression venait d’être sauvegardée… J’ai également eu droit à quelques bugs d’affichage et à la disparition du son dans un niveau, mais là encore rien de rédhibitoire. La réalisation est en tout cas superbe, non seulement digne d’un jeu Mega Drive de l’époque mais le titre multiplie le genre d’effets spéciaux que l’on voyait plutôt sur la rivale de Nintendo. Cela étant, pour être honnête, on n’aurait pas forcément deviné que le jeu occupe une cartouche de 120 Mbits si on ne l’avait pas lu dans le dossier de presse… L’aventure est certes longue et variée comme on l’a dit, malgré quelques passages à parcourir deux fois, mais il ne faut pas oublier que le RPG Pier Solar ne faisait « que » 64 mégas et c’était déjà un record à l’époque. C’est presque à se demander si Neofid Studios n’a pas volontairement négligé d’optimiser le jeu pour en établir un nouveau… Mais cela n’a au fond que très peu d’importance puisqu’il n’est pas forcément vendu bien plus cher.
Verdict : Si la difficulté de certains boss en particulier aurait pu être mieux dosée, Demons of Asteborg demeure un très bon jeu d’action/plateforme, tout à fait digne de la Mega Drive.