POCKY & ROCKY RESHRINED
PlayStation 4, Switch
Catégorie : run and gun
Joueurs : 1-2
Développeur : Tengo Project
Éditeur : Natsume Atari
Date de sortie : 24/06/2022
Prix : 29,99 €
Site Officiel : https://www.natsumeatari.co.jp/kuromanto/
(testé sur Switch)
Pocky & Rocky Reshrined est (à notre connaissance) le troisième jeu néorétro de Tengo Project après le chouette Wild Guns Reloaded et l’excellent The Ninja Saviors, et on voulait donc savoir si le studio japonais allait continuer sur cette lancée… Mais cette fois, il s’agit plus d’une suite que d’un remake (*) à proprement parler d’un titre Super Nintendo, auquel les développeurs avaient déjà participé à l’époque pour le compte de Natsume tout court. Néanmoins, les premières images ont d’emblée confirmé qu’on allait encore avoir droit à un titre à la réalisation sublime, avec un jeu ici peut-être encore plus détaillé que ses prédécesseurs. On est dès le début soufflé par ces feuilles mortes qui voltigent si le joueur fait une glissade par exemple… Les obsédés du CRT voudront sans doute inutilement saccager ce pixelart somptueux avec des scanlines, et pas moins de dix degrés leur sont proposés pour assouvir leur vice. Côté musiques, les développeurs ont aussi de nouveau choisi de ne pas singer les sonorités de la console d’origine, mais plutôt d’extrapoler ce que la bande-son aurait été si la 16-bit de Nintendo avait été équipée d’un lecteur CD-ROM. En revanche, il était possible d’avoir une (mauvaise) surprise côté gameplay, car Pocky & Rocky (1992) et Kiki Kaikai: Tsukiyo Sōshi (1994) n’étaient pas aussi enfantins que leur look pouvait le suggérer, et les deux remakes précédents n’édulcoraient pas tant que ça la difficulté, même si on pouvait au moins y jouer en coopération et plus nombreux qu’à l’époque.
Warning!
(*) Erratum : Comme signalé en commentaire, le jeu est bien un remake du premier jeu Super Nintendo (auquel je n’ai hélas jamais joué) quoique peut-être davantage modifié et enrichi que les deux précédents du studio, et c’est surtout le marketing occidental qui l’a présenté comme une suite ou un nouvel épisode. Cela ne change toutefois pas grand-chose à mon appréciation basée sur le résultat final, certes bien plus facilité que je ne le pensais mais néanmoins pas si simple d’accès, surtout au premier abord…Or ce ne sera hélas pas possible dans Pocky & Rocky Reshrined, du moins pas dès le début… En effet, Tengo Project a fait le choix déjà très critiqué de verrouiller le mode Libre et, si l’on savait qu’il était le seul à permettre de parcourir l’aventure en prenant n’importe lequel des cinq personnages proposés, on ignorait qu’il était aussi le seul à être jouable à deux ! Pour le débloquer, on pourra notamment atteindre dix mille pièces en cumulé mais il sera sans doute bien plus simple et rapide de finir l’aventure… On n’aura donc d’autre choix que de se reporter sur le mode Histoire, en difficulté Normal ou Difficile car le niveau Super Facile, où les vies sont infinies, nécessite lui aussi de réunir trois mille pièces, et c’est paradoxalement compliqué d’atteindre ce seuil… sans finir au moins une fois le jeu d’abord (ou en faire une bonne partie deux ou trois fois). Celui-ci est sinon constitué de huit niveaux pour la plupart assez longs (hormis le sixième et le dernier), entrecoupés de cinématiques fort jolies mais étonnamment longuettes compte tenu du manque de sérieux de l’ensemble ; on sera d’ailleurs tenté de les passer sans le vouloir en cherchant à les accélérer. En mode Histoire, on ne choisit donc pas son personnage et on en change à chaque niveau, sachant qu’on n’incarnera que quatre des cinq disponibles lors d’un run. La jauge de vie se rallongera d’un point après chaque niveau impair et on retrouvera cette progression dans le mode Libre, alors qu’on débutera ce dernier avec les deux nouveaux pouvoirs débloqués à partir du troisième stage du mode Histoire.

Le gameplay est basé sur l’utilisation des quatre boutons de face. Celui du bas est très important car il permet de renvoyer la plupart des tirs et d’achever certains ennemis récalcitrants, même s’ils se désintègrent alors sans offrir le moindre bonus ou pièce… C’est cela dit la seule manière d’éliminer les flammes du deuxième niveau ou certains fantômes du suivant. À partir du troisième niveau, on peut maintenir ce même bouton pour déclencher un pouvoir défensif qui dépend du personnage – Rocky se transforme en emblématique statue de pierre par exemple. Toujours côté esquive, le bouton de droite déclenche une longue glissade permettant aussi de sauter au-dessus de certains gouffres, mais dont on ne contrôle pas la trajectoire. Sur le plan offensif, le bouton du haut permet de déclencher une super magie en nombre limité (trois par crédit) et qui dépend là aussi du perso. Et enfin, le bouton de gauche est bien entendu l’attaque principale dont il est, hélas, impossible de bloquer l’orientation hormis, par exemple, avec l’attaque spéciale de Rocky. Elle aussi débloquée au niveau 3 et réalisée en mitraillant quelques instants la touche – pas simple quand on a pris l’habitude du tir automatique –, elle se révèle souvent très pratique pour mieux cibler les ennemis (les miroirs de Pocky et d’Uzume), voire le seul moyen de tirer à distance pour le samouraï !
Car encore une fois, le personnage utilisé peut modifier grandement la nature de l’attaque, et même davantage pour certains comme Hotaru que « l’élément » du tir courant. En effet, il y en a trois types en fonction de la couleur du bonus ramassé. Le bleu fournit en général un tir multiple (si ce n’est déjà le cas), le rouge un tir enflammé plus large mais j’avoue que je ne cerne pas encore bien le vert qui a clairement rapport au vent, mais dont les effets sont franchement variables d’un perso à l’autre (tir à tête chercheuse pour les prêtresses Pocky et Uzume, mais pas vraiment pour les autres)… On a parfois l’impression que ce système a surtout été conçu pour que le joueur fasse attention aux items qu’il ramasse, car l’attaque s’améliore jusqu’à trois fois en ramassant un bonus de la même couleur que le dernier obtenu. Changer de couleur fait logiquement changer de type, mais ne réinitialise heureusement pas la puissance au minimum. Comme dans beaucoup de shoot ’em ups, Pocky & Rocky Reshrined a clairement ce côté cercle vertueux/vicieux où plus on est puissant, plus le jeu est facile car les ennemis sont vite éliminés. Et chaque fois qu’on ramassera un quatrième bonus au niveau maximum, on aura droit à un nouveau boost, mais cette fois temporaire.

Quand on se fait toucher par un ennemi, outre de l’énergie, on perd parfois un niveau d’attaque mais, là où le jeu est plus indulgent que les épisodes Super Nintendo, c’est que le bonus est alors éjecté et il est donc possible, en général, de le ramasser de nouveau à moins qu’il soit tombé dans le vide. Mais cela demande parfois une prise de risque qui peut faire perdre un second niveau… En revanche, à chaque vie perdue, on repart de zéro et il n’est pas toujours simple de se refaire. Néanmoins, les crédits sont eux infinis et on ne reprendra pas forcément le niveau courant du début, puisqu’il y a deux ou trois checkpoints dont un avant le boss, ce qui ne laisse là encore pas le temps de se rééquiper cela dit. Outre de rares bonus redonnant de l’énergie, on trouvera dans les paniers un bouclier bloquant une attaque, une boule de tonnerre ajoutant une magie supplémentaire, ou encore un lion gardien (vraiment pas terrible) qu’on peut chevaucher quelques instants pour écraser les ennemis. On trouvera aussi des marchands déguisés en personnages ou animaux qui donneront, en échange de pièces, l’un de ces items tiré au sort, avec (parfois) une vie supplémentaire ou (souvent) l’un des trois types de tir à son maximum (boost temporaire compris).
Les ennemis vaincus laissent en effet de l’argent mais, si celui-ci est légèrement aimanté, on sera hélas souvent obligé d’en louper un paquet si l’on veut éviter de prendre de gros risques (comme foncer avec une glissade). Le problème est que, dès le début, les ennemis sont nombreux, se déplacent de manière assez imprévisibles, et peuvent réapparaître plusieurs fois sans prévenir… Et à moins de booster rapidement son attaque au maximum, il n’est même pas évident de les liquider d’une traite. On peut vraiment se demander pourquoi Tengo Project a tenu à mettre dès le premier niveau ces puits d’où sortent inlassablement une nuée d’ennemis qui réajuste sa trajectoire pour vous toucher ! Beaucoup de démons sont franchement agaçants entre les petits singes sauteurs, les ennemis volants qu’on ne peut toucher qu’à basse altitude ou les fantômes à longs cous qui changent de porte de manière aléatoire… Et là où ça devient injuste, c’est que certains ennemis peuvent attaquer dans toutes les directions quand le joueur est limité à huit, sachant qu’il n’est pas toujours simple de viser en diagonale (avec les boutons directionnels de la Switch en tout cas). La frustration atteint son apogée quand un ennemi parvient à passer tout près d’un tir voire entre deux sans se faire toucher, ce qui arrive notamment avec la prêtresse du quatrième niveau.

En fait, là où les jeux Super Nintendo recherchaient le rythme de leur ancêtre KiKi KaiKai (1986) en arcade, Pocky & Rocky Reshrined est un jeu plus posé où l’on est encouragé à avancer prudemment, malgré le temps limité (mais amplement suffisant) et la réapparition de certains ennemis – moins fréquente au fur et à mesure de l’aventure. Grâce aux checkpoints et aux crédits infinis, on finit par y arriver ; même si l’on répond « non » à l’écran de game over, on peut de toute façon reprendre sa partie en cours (au checkpoint près) depuis le menu… En outre, on peut évacuer la plupart des boss avec ses trois magies, surtout une fois les motifs d’attaque un minimum connus pour ne pas tout se prendre sur le coin de la tronche. Le dernier est toutefois très difficile à vaincre avec seulement trois vies, et il sera peut-être nécessaire de recommencer (en partie) l’aventure pour débloquer le mode Super Facile, car j’avais par exemple réuni à peine deux mille pièces la première fois que je suis arrivé face à lui… Mais attention, ce niveau de difficulté n’est en fait pas plus aisé hormis les vies infinies, qui signifient certes que l’argent n’est jamais réinitialisé par la perte d’un crédit, mais les magies non plus et il faudra donc ramasser les bonus idoines pour en obtenir ! À noter qu’il faudra de toute façon terminer deux fois le jeu pour débloquer tous les personnages, puisque l’on incarne au cinquième niveau soit le samouraï Hotaru soit l’hybride Ikazuchi une partie sur deux.
Verdict : Encore plus beau que ses prédécesseurs, Pocky & Rocky Reshrined n’est toutefois pas bien plus accessible que les épisodes Super Nintendo et deux de ses modes sont hélas verrouillés.
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