Il y a deux semaines, nous avons relayé sur nos réseaux sociaux un article de Time Extension évoquant les grandes difficultés de la Game Preservation Society, une association que l’on considère comme notre sœur au Japon d’autant qu’elle a été fondée par un Français, notre ami Joseph Redon (interviewé par Florent Gorges il y a cinq ans), qui l’a en grande partie financée de sa poche mais qui a eu de gros problèmes de santé en fin d’année dernière. Or la situation est critique, car d’ici septembre, la structure n’aura plus assez de fonds pour subsister… Et malheureusement, d’après ses calculs, il lui faudrait plusieurs centaines de membres (ou du moins de donateurs réguliers) pour survivre. Or sa disparition serait une perte énorme pour la préservation du jeu vidéo. Fondée en 2011, elle a depuis sauvegardé plus de 7500 titres (c’est-à-dire pas seulement numérisé les programmes mais aussi le packaging et toute la documentation), dont plus de deux mille entre juillet et février derniers. Elle a aussi aidé, mais indirectement pour des raisons légales, à la préservation récente de nombreux jeux mobiles japonais. Et la GPS est hélas quasiment la seule au Japon à faire ce travail ; vous avez peut-être récemment entendu parler d’une conférence qui s’est tenue en décembre où SEGA, Capcom, Taito et Square Enix annonçaient vouloir préserver leur patrimoine, mais c’était en réalité un simple coup de communication d’après Joseph présent sur place…
Et pourtant, la GPS continue de souffrir d’un large manque de reconnaissance, et c’est d’autant plus injuste qu’elle n’en maîtrise pas toutes les causes. L’une des raisons est que très peu de ses membres sont anglophones – l’anglais est la langue natale d’un seul d’entre eux, un Américain. Mais le plus gros problème vient de la législation japonaise. Déjà, les subventions du gouvernement lui coûtent plus qu’elles ne rapportent, car elles ne peuvent être employées que pour payer des personnes (or tous les membres sont bénévoles), et non des charges. Et surtout, la GPS n’a pas la possibilité de diffuser les jeux librement comme le fait la Video Games History Foundation aux États-Unis, ce que certaines personnalités du retrogaming, bien mal inspirées, lui reprochent alors c’est tout simplement illégal au Japon. Pour le moment. On vous encourage donc grandement à les soutenir, du mieux que vous pouvez, soit en devenant membre soit en faisant un don. Et si ça peut vous convaincre, on vous propose de revoir ci-dessous le documentaire Game Preservation -The Quest- de 2016 sur l’association, les interviews de Yūichi Toyama (Herzog) et de Rika Suzuki (J.B. Harold) qu’elle a produites, et vous pouvez également rejoindre leur serveur Discord.