TEST : Oniken (Windows, Mac OS X, Linux)

Oniken (Windows, Mac OS X, Linux)ONIKEN – Windows, Mac OS X, Linux
Catégorie : action/plateformes
Joueurs : 1
Développeur : JoyMasher
Éditeur : JoyMasher
Date de sortie : 22/06/2012 (Desura), 05/02/2014 (Steam)
Prix : 5,99 €
Site Officiel : http://www.oniken.net/

Sorti il y a près de deux ans, Oniken est le jeu qui a fait connaître le talentueux studio brésilien Joymasher, et qui lui a sans doute permis de convaincre la communauté de financer son prochain projet, Odallus. Si ce dernier est évidemment plus ambitieux, il a également été développé avec Multimedia Fusion 2, un outil dont nous avons eu encore récemment l’occasion de vanter les mérites, et qui a entraîné l’éclosion de nombreux titres néorétro comme Noitu Love 2, The AVGN Adventures ou encore Spud’s Quest… Toutefois, s’il est particulièrement aisé de créer un jeu avec ce logiciel, faire un jeu de plateformes – et un bon de surcroît – n’est pas si simple. C’est en effet un genre qui se contente difficilement d’approximations en matière de collisions, et dont le plaisir qu’il procure tient en grande partie à la physique des sauts et au feeling général du gameplay. Et en s’inspirant de titres exigeants en la matière comme Ninja Gaiden, Strider ou encore Mega Man, on ne peut pas dire que le studio indé ait choisi la facilité…

À l'image d'un Ninja Gaiden, les cinématiques sont nombreuses et très réussies

À l’image d’un Ninja Gaiden, les cinématiques sont nombreuses et très réussies

L’univers du jeu s’inspire plutôt de Ken le Survivant et autres récits post-apocalyptiques (ou plutôt post-Mad Max pourrait-on dire !), et imite avec beaucoup de second degré les mangas qui piochent eux-mêmes en vrac dans la pop culture américaine (Terminator et Cie), quitte à frôler le kitsch – le héros badass s’appelle Zaku… Toutefois, la narration a fait l’objet d’un grand soin avec de nombreuses et superbes cinématiques avant et après chaque niveau, dont on peut en plus profiter en plusieurs langues dont le français. La traduction est très correcte même si le matériau d’origine n’est pas du Shakespeare non plus ! D’ailleurs, le caractère rétro du jeu ne l’empêche pas d’offrir de nombreuses options via le launcher, où l’on peut configurer ses contrôles – les manettes USB (Xbox 360 et PS3 comprises) sont gérées ainsi que les vibrations ! Par ailleurs, si la version Desura offre des classements en ligne, la mouture Steam y ajoute des succès, des cartes à collectionner, etc. Précisons enfin que le titre donne quand même la possibilité de reprendre sa partie au dernier niveau atteint, même après avoir épuisé toutes ses vies…

Le gameplay, lui, emprunte surtout à Shinobi et Ninja Gaiden, donc, avec des tuyaux horizontaux auxquels Zaku peut se suspendre automatiquement. Ce dernier dispose d’ailleurs d’un katana qui peut être boosté à l’aide d’un power-up, mais son effet s’estompe une fois que la jauge associée s’est vidée. Or celle-ci ne comprend au mieux que trois barres – et encore, en cumulant deux bonus – qui disparaissent à chaque coup subi… Il est toutefois possible de sacrifier cette jauge d’un coup en activant le mode berzerk qui rend momentanément invulnérable et plus puissant. La seule arme secondaire consiste en grenades qui se lancent en appuyant sur haut et le bouton d’attaque simultanément ; dommage qu’on ne puisse pas leur assigner un bouton séparé comme dans Völgarr. Dans la mesure où il s’agit de la seule arme à distance du jeu, elle s’avère précieuse dans de nombreuses situations, notamment dans les phases de scooter où c’est le seul moyen d’attaquer derrière soi – pratique quand on est poursuivi par un ours polaire !

Ce "simple" demi-boss est déjà très coriace !

Ce « simple » demi-boss est déjà très coriace !

En effet, le jeu va vous en faire voir de toutes les couleurs d’autant qu’il vous promet d’emblée que vous allez « mourir beaucoup ». Si Zaku dispose d’une jauge d’énergie relativement longue, il devra reprendre au début de la zone (ou « scène » pour les habitués des logiciels Clickteam) s’il perd une vie, même durant un affrontement contre un boss ou un demi-boss ! Bien sûr, en cas de game over, il faudra tout recommencer depuis le début du niveau, sachant qu’un niveau est constitué de trois zones de longueur assez variable. Dans la pratique, l’aventure n’est pas insurmontable mais demandera beaucoup de patience, d’autant que le jeu est parfois parsemé de pièges un peu vachards (en particulier les projectiles largués du ciel) qui peuvent vous faire tomber dans le vide, et donc perdre une vie si vous ne faites pas preuve de prudence… Mais le seul aspect réellement injuste du jeu tient dans le contenu des caisses à items. Celui-ci est en effet aléatoire, et même s’il s’avère parfois adapté à la situation, il amène un facteur chance plutôt malvenu dans un jeu basé, à l’ancienne, sur l’apprentissage des patterns des ennemis.

Mais le titre demeure agréable à prendre en main, et même plus fun qu’un Ultionus, tout en étant bien entendu bien moins détaillé sur le plan graphique. Ce n’est de toute façon pas très juste de comparer dans la mesure où Oniken vise à respecter le plus fidèlement possible les contraintes de la NES, et de ce point de vue c’est sans conteste le titre néorétro le plus rigoureux auquel on ait joué. Il est vrai que dans le genre, Locomalito fait également très fort, même si ce dernier aborde des hardware et des époques (l’arcade des années 80) moins connues des retrogamers qui ont plutôt grandi avec les 8-bit de Sega et Nintendo. Bien entendu, les puristes relèveront sûrement quelques boss trop imposants ou des sprites trop nombreux sur une même ligne. J’ai moi-même subi quelques lags mineurs, bugs ou commandes qui répondent mal parfois, mais il est difficile de dire si cela ne vient pas de Multimedia Fusion 2 voire de Steam, d’autant que le jeu a déjà fait l’objet de plusieurs mises à jour. On adorerait bien entendu voir ce type de jeu sous forme de homebrew sur console, mais y jouer sur son ordi offre un confort indéniable.

Comme vous pouvez le voir, les graphismes sont superbes.

Comme vous pouvez le voir, les graphismes sont superbes. Ce que vous ne pouvez pas voir, en revanche, c’est que les musiques le sont également !

Il faut toutefois reconnaître que certaines imprécisions sont imputables aux développeurs, que ce soit des collisions un peu lâches, des ennemis au comportement primaire ou certaines animations décevantes. Mais c’est le type de défaut qu’on trouvait à l’époque, parfois du fait des limitations de la machine ou du manque de mémoire sur la cartouche, et il suffit de comparer le premier Ninja Gaiden (1988) et le troisième épisode (1991) pour constater que ce genre de détail s’affine avec les suites successives. L’avenir nous dira si on aura droit à un Oniken 3 un jour, même si ce premier jeu est déjà une « v2 » techniquement. Et malgré son côté « grossier aux entournures » il propose déjà six niveaux longs et variés, ainsi qu’une mission supplémentaire qui offre un gameplay très différent à la Contra ! Il faudra toutefois finir le jeu pour la débloquer, de même que le Boss Rush Mode qui vous défie d’enchaîner les boss sans ramasser le moindre bonus… hormis un médikit facultatif et qui diminuera votre score final si vous le prenez !

Verdict : De tous les jeux néorétro qui prétendent recréer une expérience authentique, Oniken est celui qui tient le mieux sa promesse, avec tout ce que cela implique bien entendu !

À propos du système de notation

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