Comme promis, voici la quatrième et a priori dernière partie de notre dossier consacré au comeback des consoles américaines de deuxième génération, même si l’aventure Amico n’est en réalité pas tout à fait finie… Alors qu’on a récemment « fêté » les deux ans de sa sortie initialement prévue (j’avais même publié un édito similaire il y a deux ans), la console refuse de rendre les armes tel un Rocky Balboa au tapis, rendu quasiment aveugle par ses yeux boursoufflés mais qui continue de se relever – une comparaison chère à Tommy Tallarico dont nous avons brossé le portrait dans la précédente partie, et qui semble être dans une situation très difficile comme on va en partie le voir ici. C’est clairement parce que la machine continue de faire long feu que l’on a maintes fois retardé la publication de ce dossier, m’incitant d’ailleurs à ne pas relayer certaines nouvelles sur le Mag pour les ajouter à cet ensemble. Et il s’est encore passé des choses ce mois-ci – quelques fans ont reçu un exemplaire de test de la console – et il est donc probable que l’on traite les prochaines péripéties sous forme d’articles simples désormais… Avant de reprendre, rappelons juste que l’on était resté à la présentation en demi-teinte (pour rester poli) de la console lors de l’E3 2021.
Inintelligible vision (deuxième partie)
Peut-être que l’Amico n’est pas pour toi
L’Amico avait donc bien besoin d’une grande dose de positivité qu’elle s’est octroyée avec une démonstration publique organisée au centre Crayola Experience de Pennsylvanie en juillet 2021. Si Intellivision Entertainment en tire une vidéo de réactions de familles correspondant bien plus à la cible de la console, que le public qui l’avait testée quelques mois plus tôt au Texas en marge d’un concert Video Games Live, cela reste un succès en demi-teinte. On peut le deviner aux T-shirts portés par les papas ; il s’agissait surtout d’une sorte de convention réunissant les vloggeurs gravitant autour de Tommy Tallarico, dont un s’avèrera en fait l’organisateur de l’évènement ! On peut aussi être surpris qu’il ait été interdit de filmer l’interface de la console encore temporaire alors qu’un nouveau report n’a toujours pas été confirmé. Comme à son habitude, Tallarico a contrôlé consciencieusement que tout le monde s’amuse, secouant les manettes dont l’orientation ne se réglait pas toute seule, branchant celles dont les batteries était déjà vides (sachant que l’évènement n’a duré que quatre heures), et s’assurant bien que tout le monde déclare qu’il n’y pas le moindre input lag au point d’en être encore plus suspect…
Une nouvelle fois acculé par sa promesse d’être fixé sur la sortie de la console d’ici la fin juillet 2021, Tallarico devient moins disert par la suite, ou un peu plus modeste. Dans une interview en vidéo publiée mi-juillet dans laquelle il a l’air épuisé, il avoue même ne pas être certain de pouvoir produire cinq cents exemplaires de la console, ce qui serait insuffisant pour satisfaire ne serait-ce que les 2600 joueurs qui ont précommandé la Founders Edition. Nick Richards, le COO de la société et donc le bras droit de Tallarico, s’est de son côté confié au fameux Tony de The Geek Gataway, moins agressif qu’à son habitude mais qui a réussi à lui soutirer deux aveux importants. Le premier est que le système de contrôle des mouvements de la manette a été jeté à la poubelle et totalement repensé, ce qui expliquerait aussi bien le retard de la console que de ses jeux ; et le second est la confirmation que les éditions physiques ne le sont pas totalement, puisqu’elles contiennent le moyen, similaire à celui d’un Amiibo, de télécharger le jeu correspondant, ce qui nécessite donc d’être connecté à Internet – on y reviendra. En revanche, la distribution de médailles en chocolat continue entre un prix du « meilleur endroit pour travailler » (qui peut sembler prématuré alors que la société n’est pas encore autosuffisante), un High Tech Award et même une intronisation du boss au « Hall of Fame international du jeu vidéo » (de l’Iowa).
Mais hélas, la troisième date de sortie approchant, il faut se rendre à l’évidence. Alors que Tommy Tallarico comme Nick Richards évoquent de plus en plus un « soft launch » limité aux premiers acheteurs, un communiqué publié la veille au soir du premier week-end d’août 2021 confirme un troisième report. Aucune nouvelle date n’y est avancée, mais Intellivision Entertainment espère au moins honorer les précommandes avant la fin de l’année. Une semaine plus tard, non sans maladresse qui l’aura encore obligé à faire du damage control, Tallarico annonce le cadeau de dédommagement offert à ceux qui avaient précommandé : tous les albums du Video Games Live au format dématérialisé. Une bonne partie des groupies trouvent une nouvelle fois cela fort généreux, mais quelques-uns ont perdu patience, agacés que cette offrande qui ne coûte rien à la société n’ait en plus pas vraiment de rapport avec l’Amico… Ce report était aussi prévisible car, fin juillet, une vidéo de démonstration de Cornhole, l’un des six jeux inclus dans la console et donc nécessairement disponible au lancement, montrait que l’équipe venait de complètement repenser les contrôles… Au lieu d’un unique mouvement pour lancer un sac, forcément plus intuitif mais qui n’était apparemment pas assez « fun », on se retrouve avec une série de réglages qu’on imagine plus précis, mais qui ne cadrent pas vraiment avec l’orientation casual recherchée. Certes, les graphismes de cette version de test étaient volontairement dépouillés et ne préjugeaient évidemment pas du rendu définitif, mais cela faisait quand même sacrément désordre alors que le report n’avait pas encore été officialisé… Certains estiment qu’il faudrait se débarrasser de ces manettes pour réduire le prix de la console et régler les problèmes d’approvisionnement en composants électroniques qui semblent surtout les concerner, mais l’Amico perdrait alors une grande part de ce qui la rend unique. Et c’est de toute façon loin d’être le seul souci auquel la machine fait face !
Des produits physiques « cool et uniques »
Durant la seconde moitié de 2021, tout semble s’effriter de toutes parts, et le forum AtariAge en est encore une fois le témoin privilégié. Début août, c’est le ménage de printemps dans la section Amico, et le sujet historique change de nom ; ce ne sont plus les « questions/réponses » à Tommy Tallarico mais les « conversations fun » avec lui… Dans la pratique, ce dernier va s’aventurer de moins en moins en dehors de cette zone de confort où seule une poignée de fans irréductibles échange encore. Ailleurs dans la section, les conversations critiques vont se multiplier et perdurer bien plus qu’auparavant puisque le modérateur, vendu à la cause, a visiblement été démis de ses fonctions ; il n’a même rien posté depuis le premier septembre 2021. Deux ou trois de ses plus ardents défenseurs ont bien essayé d’identifier et contredire les « hardcore gamers élitistes et racistes » mais l’un d’eux finira même banni de tout le forum à force d’agressivité. Ailleurs sur le web, un groupe Facebook dédié à l’Intellivision de 1979 a préféré éjecter Tallarico et sa cohorte, fatigué de son utilisation abusive du système de dénonciation des commentaires. Certains des YouTubeurs « spécialisés » ont même décidé d’arrêter de consacrer des vidéos à la console, faute de news ou pour éviter la toxicité des détracteurs. Ce qui n’empêche pas ces derniers de douter, bien au contraire. Kotaku enfonce le clou en septembre 2021 avec un article à charge affublé du visuel d’un accident de voiture et qui va jusqu’à évoquer, sans doute inutilement, les penchants politiques (conservateurs) de Tommy Tallarico. Le point positif est peut-être qu’à ce stade de désintérêt, certaines choses passent beaucoup plus inaperçues comme le recours à une troisième plateforme de financement, Fundable, ou la demande de clarification du SEC concernant J Allard remontant à mars mais qui a été exhumée à la même période. Et il y a même un éventuel litige avec Cloanto Corporation qui détient la marque « Amiga » mais on veut bien croire Tommy Tallarico lorsqu’il affirme qu’il n’y a aucun danger potentiel ; ce serait toutefois vraiment désastreux si la console devait en plus changer de nom (d’autres avaient été envisagés comme « Spark » ou « Quest »)…
Semblant toujours jouer la montre, Intellivision Entertainment s’est du coup lancé dans une tournée de démonstrations publiques, quoique prenant place en Californie et dans l’Utah, près des deux bureaux américains de la société (elle en a aussi en Allemagne et à Dubaï), soit à proximité de fans participant une nouvelle fois à l’organisation de ces évènements, où évolue donc un public très contrôlé. Systématiquement annoncés à la dernière minute afin d’éviter les visiteurs indésirables, ils sont toujours suivis de vidéos de réactions qui ne montrent que des fans indécrottables, voire des alliés (l’employée de Gamestop en charge des acquisitions rétro) et même des acteurs, comme cela a été découvert dans le cas de celui mis en place au bien nommé Boomers à Irvine, en Californie. À défaut de sortir la console le 10 octobre, donc, Tallarico espère au moins marquer le coup en dévoilant les mystérieuses éditions physiques dont 50 000 exemplaires (pour huit titres) avaient été produits fin juillet. Et il veut comme prévu en offrir la primeur à certains YouTubeurs rétro, dont John Riggs. Hélas, ce dernier fait la gaffe d’un teasing montrant la photo d’une boîte de jeu, mais sans avoir flouté l’endroit où il est indiqué qu’elle contient notamment une carte lenticulaire 3D et un jeton… Et si l’on a parfaitement le droit de trouver cela sympathique, il faut avouer qu’a posteriori, la révélation n’est pas vraiment à la hauteur des réactions excessives des groupies qui avaient découvert ces éditions physiques en avant-première. Néanmoins, le jour dit, il y a eu une petite surprise même si certains s’en doutaient puisque « 2021 » est indiqué sur chaque boîte ; Intellivision Entertainment a carrément décidé de mettre immédiatement en vente ces éditions « limitées » (qui ne diffèrent a priori que par cette mention sur la boîte), alors qu’on ne sait même pas quand la console pour les utiliser sera disponible… L’accueil de la nouvelle par la presse est assez unanimement négatif, encore une fois chez Kotaku, le journaliste Zack Zwiezen menant en plus une croisade contre les NFT, technologie que les jeux Amico sont censés exploiter d’une manière bien nébuleuse (a priori pour leur revente), mais aussi Eurogamer ou encore NME.
Et puis l’annonce est faite dans un sacré flou artistique, pour changer. Si l’on peut trouver douteuses les réactions de certains fans se disant floués, car ils n’avaient soi-disant pas compris que les données des jeux n’étaient pas incluses dans les cartes imitant les cartouches de l’Intellivision de 1979, on n’a toujours pas bien compris à l’heure actuelle comment fonctionne leur utilisation, et le fameux transfert de propriété. À un moment donné, on avait cru que le système était plutôt simple et ingénieux : dès qu’une personne touche sa console avec la carte, le jeu est téléchargé dessus et il disparaîtra sous 24 heures de celle de l’utilisateur précédent – à condition qu’il soit bien sûr connecté. Certes, cela veut dire qu’on peut conserver tous ses jeux puis les revendre si on coupe définitivement le Wi-Fi, mais cela signifie aussi qu’on ne pourra plus récupérer d’autres titres. Ce serait finalement un fonctionnement qui la rapprocherait bien plus d’une vieille cartouche d’époque… Sauf que Tommy Tallarico a « clarifié » par la suite que seul le premier propriétaire pourra se contenter d’utiliser la fonctionnalité sans contact de la carte, et que les suivants devront eux recopier un code affiché dessus ! Ce qui rend, du coup, assez problématique le fait de ne pas avoir protégé la puce RFID afin que les collectionneurs n’aient pas besoin d’ouvrir les boîtes… Mais en plus, on va découvrir que les clés ne sont même pas cryptées ; ce sont de simples adresses URL avec un numéro d’identifiant du jeu. Dans un énième live, Tallarico sera incapable d’expliquer cela, prétextant qu’il ne va tout de même pas dévoiler le système de sécurité employé. Et le scandale des « produits physiques » commençant à peine à se tasser, un autre va éclater…
Suggestion de présentation
Les fans réclamant eux-mêmes les vidéos de gameplay que Tommy Tallarico promet depuis des mois, beaucoup de jeux n’ayant jamais été revus depuis leurs annonces respectives, il lance un sondage pour savoir dans quel ordre les titres vont être présentés. Au départ, le sempiternel remake d’Astrosmash (1981), titre intégré à la console et d’ailleurs montré à chaque occasion (à distance comme en présentiel), trône en tête du top. Mais l’élu est finalement, et heureusement au premier abord, celui de Battle Tanks, l’un des trois jeux inclus dans la cartouche Triple Action (1981) aux côtés du médiocre Car Racing et de Biplanes qui a, lui aussi, droit à son propre remake sur Amico. Sauf que, peu après la diffusion de cette vidéo de présentation en compagnie de l’ingénieur John Alvarado, des joueurs découvrent que le titre développé par Lost Mesa Entertainement contient des ressources graphiques « empruntées » aux MMOs World of Tanks (2010) et War Thunder (2016) ! Internet s’en gargarise bientôt comme Sam Machkovech sur Twitter, et la vidéo est rapidement supprimée… Mais c’est bien trop tard et, étrangement, Intellivision Entertainment met en ligne peu après une nouvelle vidéo (effacée bien plus tard), légèrement retouchée.
Or à la surprise générale, les éléments visuels incriminés sont toujours là mais c’est le nom du jeu qui a été changé en Tank Battle, ce qui est d’autant plus curieux que l’Intellivision possède dans son catalogue un autre jeu de tank dont elle aurait a priori pu reprendre le titre, Armor Battle (1979). Et au lieu de blâmer les développeurs, ce qui lui aurait permis de sauver (un peu) la face, Tommy Tallarico va en profiter pour égratigner encore ses détracteurs, apparemment pas assez intelligents pour comprendre qu’il s’agit d’un titre encore en chantier. Sauf que si le nouveau descriptif de la vidéo clarifie en effet les choses, ce n’était pas le cas de l’original qui en plus ajoutait un petit « TM » au nom du jeu, rendant son changement encore moins compréhensible… Mais le vrai problème, c’est plutôt que les assets en questions apparaissaient déjà dans une vidéo remontant à plus d’un an, et même encore avant lors de la conférence en ligne début août 2020 ! Comme certains ont trouvé d’autres emprunts de ce genre, on peut se demander si la supervision d’Intellivision Entertainment est aussi rigoureuse que Tallarico ne l’assure et, au-delà de ça, on peut surtout avoir de gros doutes sur l’avancement de jeux présentant des éléments temporaires plus d’un an après leur date de sortie initiale. Pour le coup, c’est peut-être un bien (du moins pour le service légal de la société) qu’ils n’aient pas été commercialisés plus tôt !
Ou bien il faut espérer que les studios pillés ne soient pas aussi vindicatifs que Tallarico lui-même, quand il s’est attaqué à Roblox pour récupérer les droits de son bruitage « oof ! » et le rendre payant dans le jeu avant tout plébiscité par des enfants. Ironiquement, c’est une nouvelle fois Joey Kuras qui est crédité à ce son créé pour Messiah (2000), même si Tallarico affirme en être l’auteur et que c’est seulement pour des raisons légales, là encore, que son sound designer attitré est cité car il aurait été le dernier à « manipuler » le fichier… Il avait finalement trouvé un accord pour le laisser dans Roblox jusqu’à l’ouverture du marketplace dédié, mais le son a été supprimé fin juillet 2022 et remplacé par un autre, similaire – ce qui n’a pas empêché les fans d’inonder Tallarico sous les insultes en réponse à son dernier tweet (évoquant le décès de son père en avril 2022…).
Et ce nouveau scandale va indirectement sceller le divorce entre Tommy Tallarico et AtariAge. C’est en plein pont de Thanksgiving qu’Albert Yarusso, le créateur et administrateur du forum, fait de nouveau le ménage dans la section Amico, en verrouillant les uns après les autres différents sujets partant un peu trop en vrille et, à la surprise générale, en fait de même avec le thread historique rebaptisé « Fun Amico Conversations » en août ! Visiblement exaspéré au point de rechigner à s’expliquer, Yarusso demande à ce que tous les futurs sujets soient spécifiques, afin d’éviter les drames sans fin. Et bien qu’on puisse l’apercevoir se connecter de temps à autre, Tallarico ne réagit pas et semble préparer sa riposte… Que pas grand monde n’aura le temps de voir. Car dans un nouveau coup de théâtre le 6 décembre, Yarusso décide de carrément faire disparaître toute la section Amico du forum ! Et comme il l’a expliqué lui-même sur le moment, la dernière goutte d’eau a été un message de Tallarico, supprimé mais en partie disponible à cette adresse, où ce dernier prétend que la décision était collégiale et, tout en se vantant encore des statistiques réalisées par son sujet dédié, il fait la publicité de son groupe Facebook exempt de vilains trolls…
Tallarico tentera bien de s’excuser mais c’était trop tard. Yarusso retournera même le couteau dans la plaie en accordant une interview aux infâmes Ian Ferguson et Pat Contri pour leur édition hebdomadaire du CUPodcast, avant d’expliquer plus en détail la chronologie des faits sur AtariAge quelques jours plus tard. Tout en affirmant n’avoir jamais reçu de compensation, ni même la moindre promesse de la part d’Intellivision Entertainment, il reconnaît être intervenu tardivement et il est clair que ce mea culpa n’a pas convaincu la plupart des déçus du forum… Essayant toutefois de ménager la chèvre et le chou, il annonce que la section pourra rouvrir telle quelle quand (ou plutôt si) l’Amico sort enfin. Mais la disparition de la source d’information numéro un pour tous ceux qui ont précommandé la console a eu un impact non négligeable, ne laissant qu’un groupe Facebook privé et encore plus cadenassé.
La faute aux haters
Et si 2022 promet des jours meilleurs pour la plupart des constructeurs de consoles, on ne peut pas dire que l’année ait bien commencé pour Intellivision Entertainment – au contraire. En novembre, Tommy Tallarico avait annoncé que la pré-production était achevée et que la « production formelle » de la console avait débuté, mais la promesse d’honorer les précommandes pour Noël n’a pas été tenue. Et avec le ralentissement annuel lié au Nouvel An chinois, on voit mal comment elle pourrait l’être au premier trimestre ; beaucoup pensent déjà que l’Amico ne sortira pas avant la fin de l’année, voire en 2023… Sam Machkovech lance les hostilités dès le 6 janvier avec un nouvel article bien pessimiste sur Ars Technica, au choix de visuel tout aussi explicite que celui de son confrère de Kotaku quelques mois plus tôt. Mais la riposte tarde étonnamment à venir… Tout d’abord, la société se fend d’un communiqué aux investisseurs sur Republic, qui ne répond pas aux craintes et questions de ces derniers, voire les met en colère. Tout en évitant soigneusement les articles négatifs dans sa revue de presse, le bulletin multiplie encore les vidéos de démonstrations et de gameplay, dont le dernier « Deep Dive » consacré non pas à un jeu mais à l’interface de la console. Quand celle qui avait été montrée lors de l’Amico Special Event d’août 2020 n’avait pas convaincu, l’excuse avait été qu’il s’agissait encore d’un « work in progress » mais, plus d’un an après, elle semble avoir régressé plutôt qu’autre chose. Pis, certains pointent du doigt que mêler l’accueil de la machine à sa boutique en ligne, puisque toute la ludothèque de la machine y apparaît (les jeux non possédés étant seulement grisés), constitue non seulement une mauvaise idée sur le long terme mais n’est même pas une pratique très éthique lorsque l’on s’adresse à un public familial, les enfants étant ainsi constamment exposés à des jeux qui leur feront envie… Mention spéciale aux différentes icônes de la section de réglages, toutes identiques, et au choix de langue qui fait de l’italien cher à Tommy Tallarico la deuxième la plus parlée après l’anglais !
Peu après ce communiqué, la contre-attaque à l’article d’Ars Technica arrive enfin mais pas de là où l’on pouvait s’y attendre, du moins officiellement puisque ce « Statement of Facts » (« Établissement des faits ») est signé Phil Adam et John Alvarado. D’ailleurs, Tommy Tallarico confirmera sur Twitter ne pas en être l’auteur… Mais quand on décortique un peu le document, il ne démonte pas grand-chose de ses accusations. Pénurie de composants ou pas, il y a clairement quelque chose qui ne tourne pas rond et, si un certain nombre de jeux semblent prêts ou sur le point de l’être, on a de plus en plus l’impression que seuls les titres développés en interne ou en Allemagne, et donc financés par la Bavière, sont sur les rails. Le communiqué a beau rappeler qu’une vidéo du remake de Night Stalker (1982) (*) d’Other Ocean a été publiée deux ans plus tôt, et qu’une démo (pour PC) de celui de Breakout (1976) par Choice Provisions a même été diffusée en octobre 2020 (à la date de sortie initiale de l’Amico), force est de constater qu’ils n’ont quasiment jamais été revus depuis… D’autres faits alarmants concernant les développeurs tiers sont mis au jour, comme lorsque le studio HumaNature révèle sur Reddit qu’il a bien planché sur un portage de ToeJam & Earl: Back in the Groove offrant du contenu exclusif à la console, mais que son développement a été interrompu faute d’un contrat finalisé. Aucune nouvelle non plus de l’épisode inédit d’EarthWorm Jim pourtant développé en interne, hormis l’apparition fugace de sa fameuse animation sous forme de NFT ; des rumeurs veulent qu’Interplay aurait récupéré la licence. On a aussi découvert que WastedStudios, la société allemande en charge du remake de Moon Patrol (1982), aurait été liquidée en juillet 2021, soit plusieurs mois avant que l’on repère dans le jeu (alors censé être terminé) un écran intermédiaire « empruntant » le scénario de Star Fox (1993), lors d’une présentation publique dans l’Utah. Le compte Twitter de la société a toutefois démenti l’information, prétextant une erreur, mais on peut légitimement s’interroger sur l’état de leurs finances…
Important!
(*) Son développeur Mike Mika a admis le 13 juin 2022 sur Twitter que si le jeu tournait bien sur la console, le projet était à l’arrêt et qu’il n’était pas contre le porter sur d’autres plateformes ; c’est effectivement l’un des candidats principaux aux portages.Et ces interrogations n’ont fait que s’amplifier suite à un enchaînement de rebondissements le premier week-end de février… Certains insiders ont découvert par hasard un changement d’organigramme inattendu via LinkedIn ; Tommy Tallarico se retrouve ainsi rétrogradé de « Chief Executive Officer » (CEO) à « Chief Creative Officer » (CCO) tandis que Phil Adam, déjà haut dans la hiérarchie d’Intellivision Entertainment en tant que « Chief Revenue Officer » (et qui avait co-signé le fameux Statement of Facts), devient le nouveau CEO. Ce vétéran de l’industrie, qui a fondé Spectrum HoloByte et dirigé dix ans Interplay (dont sa liquidation), est donc naturellement invité par The Retro Bro, alors nouvelle source d’information auto-proclamée de l’Amico, pour clarifier la situation. Car prétendre que ce changement avait déjà eu lieu il y a quelques mois n’est pas très rassurant puisqu’il a eu lieu bien discrètement, sans le moindre communiqué de presse ni annonce sur les plateformes d’investissement. Or on ne peut pas dire que l’interview de Phil Adam apaise la situation, puisqu’il annonce que le prix de certains « gros » jeux pourrait sans surprise dépasser la barre des dix dollars pour atteindre les vingt. Et il a surtout laissé entendre que ceux qui avaient précommandé la console à 250 dollars avaient de la chance, car l’Amico pourrait être vendue à cent dollars de plus à sa sortie en rayons, du moins dans un premier temps… En ce qui concerne sa promotion, il explique que Tallarico souhaitait simplement se focaliser sur la partie créative – ce qu’il aurait sans doute dû faire depuis longtemps. Ce dernier l’a confirmé, mais a surtout changé de sujet en annonçant publiquement ce que certains savaient depuis quelque temps concernant l’état de santé de son père. Sur les réseaux sociaux, il n’a ainsi pas manqué de rappeler que son géniteur est « buté comme tous les Italiens » et alors qu’il aurait déjà dû nous avoir quitté d’après les médecins, il refuserait de partir, « surtout pas tant que l’Intellivision Amico n’est pas disponible » !
Mais à peine a-t-on le temps de relever cette sortie d’un goût douteux qu’Intellivision annonce une nouvelle campagne « d’investissement », cette fois sur StartEngine – la quatrième… Elle est accompagnée d’une bande-annonce au rendu un peu plus professionnel, avec des comédiens manipulant des manettes ayant l’air enfin terminées, même si les extraits de jeu sont une nouvelle fois largement recyclés. Le plus intéressant est toutefois que, pour des raisons légales, la page de la campagne contient le lien d’un document du SEC qui dépeint une situation alarmante ; comme on pouvait s’en douter avec une petite entreprise dotée tout de même de quatre sièges – celui d’Allemagne semble cela dit être une simple boîte postale louée à la société Regus – et d’employés/consultants prestigieux, l’argent commence sérieusement à manquer. Ses dettes atteindraient même les sept chiffres, avec 1,35 millions partis en fumée suite à un problème de contrat avec Ark Electronics USA, société dont l’usine en Chine devait sans doute assembler l’Amico. Mais la compagnie est surtout censée rembourser cent dollars sur chacune des consoles vendues à l’un de leurs « mécènes » (*), ce qui explique du coup sa hausse de prix bien élevée. Un audit a dû être réalisé et il ne semble pas du tout optimiste sur l’aboutissement de l’entreprise… Parmi les articles qui ont évoqué l’affaire, on notera celui de Sam Machkovech dans Ars Technica qui mentionne quelque chose d’intrigant apparaissant à la toute fin du document ; en janvier 2022, la société a créé une nouvelle filiale dans le Delaware, état américain bien connu comme paradis fiscal (et aussi pour son système judiciaire en défaveur des actionnaires en cas de conflit), afin d’y transférer son siège officiel jusque-là basé en Californie. De quoi préparer au mieux une éventuelle faillite… Rien n’est totalement joué, mais quand la seule issue est de convaincre dans l’urgence de (très nombreux) nouveaux investisseurs et que la situation n’est pas des plus séduisantes, ce n’est pas simple.
Important!
(*) Si Tommy Tallarico et Nick Richards ont logiquement investi leur argent dans l’entreprise, il s’agit étonnamment dans les deux cas d’un prêt avec intérêt (de 30% initialement tout de même, réduit à 10% par la suite), remboursé chaque mois avec leurs salaires. Or en l’absence de revenus conséquents, ce sont surtout les campagnes de financement qui ont payé ce remboursement. Une pratique curieuse qui leur permettrait même de toucher de l’argent en cas d’une liquidation avantageuse…Une période calme
Et si Tommy Tallarico semble plus calme en apparence, cela ne dure pas, mais c’est cette fois en message privé qu’il s’en prend à Richard Masucci alias ReviewTechUSA, qui a il faut dire retourné sa veste puisqu’il avait fait partie des premiers YouTubeurs à défendre la console ; il a dû clarifier qu’il n’avait jamais été l’ami de Tallarico et le ton a même monté d’un sérieux cran. Il a d’ailleurs fait partie de ceux qui ont relayé la découverte selon laquelle Phil Adam, le nouveau PDG, avait également été vice-président du développement du business de… la Coleco Chameleon. Autrement dit, ceux qui qualifiaient pour plaisanter Tommy Tallarico de « Mike Kennedy plus fortuné » n’étaient pas si loin de la vérité ! Et compte tenu de l’importance de ce précédent fameux pour la communauté américaine du retrogaming, cette révélation a provoqué d’autres changements de camp et pas des moindres, comme celui de Smash JT qui avait même fini par avouer avoir investi dix mille dollars dans la console, et s’est mis d’un coup à multiplier les vidéos dénonçant les mensonges d’Intellivision Entertainment et la mentalité sectaire des fans de l’Amico. À ce sujet a été découvert récemment le témoignage anonyme et édifiant de la femme de l’un d’eux remontant à février 2021, évoquant une obsession maladive, une recherche quotidienne de tout ce qui est dit sur la console pour y répondre, etc. Il est difficile d’identifier la personne concernée tant ce profil colle à pas mal de monde, mais The Retro Bro est un candidat probable ; il a lui aussi changé de camp depuis, accusant Intellivision Entertainment de l’avoir « exploité » (notamment lorsqu’il a organisé l’évènement en Pennsylvanie à ses frais). Du temps où il défendait la console, ce même Retro Bro avait supprimé un podcast fort intéressant où l’on sent notamment que plusieurs des supporters commencent à perdre patience, l’un d’eux se plaignant que Tallarico leur demande de relire ses communiqués alors qu’ils ne sont pas des professionnels des relations presse…
Néanmoins, Tommy Tallarico finit par se faire discret – peut-être lui a-t-on demandé fermement. Phil Adam et Nick Richards se chargent alors du damage control, mais c’est sans doute trop tard. Le second tente de répondre à tous les commentaires sur StartEngine, mais lance ainsi des rumeurs de mesures d’urgence embarrassantes (le portage de certains jeux Amico sur mobiles agrémentés de micro-transactions, un nouveau modèle de la console avec une seule manette et sans LEDs, etc.). Et surtout, il se retrouve vite noyé sous les attaques et questions délicates. Il y a certes des trolls dans le lot, mais Richards ne trouve rien de mieux que d’accuser les « haters » de vouloir saboter la campagne. Celle-ci est d’ailleurs annulée prématurément fin février, avec deux mois d’avance et seulement cinquante mille dollars de récoltés – au lieu des cinq millions espérés… En outre, le duo avait promis de donner des nouvelles sur la sortie de la console avant la fin du mois, or c’est seulement le 2 mars, après une attente interminable pour les fans inconditionnels, que Phil Adam se fend d’un mail de moins de dix lignes évoquant des négociations avec de bien mystérieux « investisseurs/acquéreurs potentiels » et qu’une « période calme » a été décidée conjointement le temps des discussions… Autant dire que beaucoup pensent qu’ils se contentent de gagner du temps, même si un rachat n’est pas totalement exclu ; après tout, Atari s’est récemment payé Antstream et Mobygames, alors pourquoi pas son ancien rival ? En tout cas, les investisseurs de StartEngine ont tous été remboursés depuis, et la plupart de ceux qui ont précommandé semblent avoir récupéré leurs acomptes de $100 s’ils le souhaitaient, mais il reste des millions de dollars qui ont déjà été engloutis dans cette aventure…
Néanmoins, ce silence commence à être pesant, en particulier pour les quelques fans indécrottables peuplant encore le groupe privé sur Facebook. Intellivision Entertainment se fend donc fin mars 2022 d’une vidéo d’unboxing animée cette fois par l’ingénieur John Alvarado seul – Tommy Tallarico faisant face à d’autres problèmes personnels que la santé de son père selon les rumeurs (*)… Mais au-delà du fait que ce genre de vidéo n’a pas tellement de sens pour une machine qui n’est pas prête à arriver dans les rayons (Alvarado lui-même confirmera que c’est un prototype qui est dans la boîte), la vidéo est une nouvelle fois l’occasion d’un savoureux jeu des sept erreurs : emballage en plusieurs langues pour l’Europe mais transfo américain, cartons mal découpés, coquilles diverses (y compris dans le nom de la marque !), traduction française de l’interface digne de Google Translate, etc. Et les démonstrations de jeux ne sont pas plus rassurantes avec un Cornhole qui souffre d’une latence considérable…
Important!
(*) : Rien ne permet à l’heure où l’on écrit ces lignes de confirmer que sa femme a demandé le divorce ou qu’il a hypothéqué sa demeure, mais il a vite été identifié comme le vendeur anonyme d’une énorme collection lancée aux enchères le 8 octobre 2022 par Van Eaton Galleries. Parmi les nombreux objets en vente, on trouve sa collection consacrée à Spider-Man (peut-être la plus grande au monde), de nombreux documents et goodies de cinéma, et pas mal de jeux vidéo, dont un kit de développement Super Nintendo qui ne lui appartient donc pas mais qu’il a « oublié » de rendre à l’époque…Tout cela n’entame toutefois pas forcément l’optimisme de certains groupies, mais le coup de grâce n’est plus très loin, et il est peut-être arrivé début avril. GameStop affichant toujours le « 31 mars » comme date de sortie temporaire, ceux qui l’ont précommandé ont reçu peu avant des mails leur indiquant de vérifier leurs adresses et coordonnées bancaires, et ont même été pour la plupart débités dans la foulée, poussant certains à croire que l’Amico sortait enfin par surprise ! Mais il n’en était rien et, au bout de quelques jours, Intellivision Entertainment s’est décidé à contacter le distributeur pour annuler et rembourser les précommandes… avant de lancer les siennes !… C’est via un communiqué pour le moins austère, et uniquement diffusé sur le groupe Facebook privé, que la société annonce ouvrir de nouvelles précommandes via son site. Même si les anciennes réservations faites par ce biais restent valables (et conservent leur tarif), seuls deux modèles (violet et imitation bois) sont désormais disponibles pour simplifier la production. Et comme Nick Richards l’avait suggéré quelques semaines plus tôt sur StartEngine pour sortir de l’impasse, il est désormais possible d’acquérir la console avec une seule manette, quand bien même cela va à l’encontre de sa philosophie. Mais le vrai problème, c’est que même dans ce cas, le prix passe à $289.99, quand la version complète est carrément proposée à $339.99, soit $90 de plus qu’avant pour mémoire ! Et c’est la goutte d’eau pour beaucoup de fans de la première heure, même si aucune avance n’est plus demandée cette fois ; on spécule que la société ait fait ce choix pour gonfler le nombre de précommandes et convaincre ainsi les investisseurs…
Il devient donc bien difficile d’être optimiste sur l’avenir d’une console de moins en moins séduisante, et qui perd peu à peu ses plus farouches défenseurs. Même si l’investisseur potentiel existe vraiment, on a du mal à voir comment les dernières évolutions de l’entreprise pourraient le convaincre… Surtout que pendant ce temps, Intellivision Entertainment continue de se vider de son argent mais aussi de sa main d’œuvre, de nombreux employés (dont Hans Ippisch, « président » de la section européenne) étant déjà en active recherche de nouveaux jobs. Et par ailleurs, la société avait jusqu’à la mi-juin 2022 pour renouveler la marque Amico…
« C’est pas fini tant que la cloche n’a pas sonné ! »
Et elle ne l’a pas fait, ce qui signifie qu’Intellivision Entertainment n’avait plus que les droits sur son logo Amico, avant de finalement déposer une seconde marque (ce qui coûte plus cher que la prolonger), mais pas à l’adresse du siège de Santa Ana en Californie cette fois – et pour cause : il a été libéré et on pouvait de nouveau le louer, même s’il reste un logo par-ci par-là et des restes de la peinture bleue, derniers témoins d’une décoration frivole – comme des panneaux de stationnement réservés aux Ferrari !… Ce n’est toutefois pas une grande surprise puisque le 8 juin 2022, Phil Adam brisait enfin le silence dans un mail admettant une grosse diminution de leurs effectifs et de leurs dépenses, une exploitation de leur catalogue pour tenter d’avoir quelques entrées d’argent, et surtout des difficultés à rembourser les précommandes annulées. Et les acheteurs ne sont pas les seuls à qui la société doit de l’argent ; Tony de The Geek Gataway dévoilait dans une vidéo publiée le 21 juin qu’au moins un compositeur n’avait pas été payé en contrepartie de la musique créée pour un des jeux de la console. En effet, alors que Tommy Tallarico se vantait comme à son habitude de superviser l’ensemble du son de tous les jeux, Intellivision Entertainment avait recouru à la pratique très discutable – Ubisoft en sait quelque chose – d’organiser un concours (via la page Facebook de The Game Audio Network Guild, la communauté de compositeurs de musiques de jeux vidéo qu’il a créée) et de ne rémunérer que les gagnants – à supposer qu’ils aient les fonds…
Puis début août 2022, Intellivision Entertainment était victime d’une nouvelle « fuite », cette fois provenant a priori d’un ancien employé, diffusant la documentation donnée aux investisseurs fin 2019. Au fond, pas de scoop, mais cela confirme surtout une stratégie volontaire de faire de vieux retrogamers des ambassadeurs de la console et d’utiliser pour cela la popularité de Tommy Tallarico (avec son CV gonflé de succès délirants) notamment via le public du Video Games Live. On y trouve aussi la chronologie prévue pour sortir l’Amico en octobre 2020, des prévisions bien optimistes (pour rester poli) et du name drop de marques qui montre que la société avait bien envisagé de se faire racheter par un bien plus gros poisson… Mais aucune réaction de sa part, jusqu’à un nouveau mail envoyé le 30 août. Dans celui-ci, Phil Adam explique, premièrement, qu’un mystérieux bug mal diagnostiqué a longtemps bloqué la production de la console, mais qu’il est à présent résolu. Et il confirme deuxièmement que les jeux qui n’étaient censés être jouables qu’avec le contrôleur unique de l’Amico arriveront bien sur d’autres plateformes, même s’il est espéré qu’ils sortent d’abord, ou au pire en même temps, sur leur propre console…
Et courant octobre 2022, pour les deux ans de la sortie initialement prévue, quelques heureux élus parmi les derniers fans de l’Amico (Mike Mullis, Atari Creep, DJC, etc.) reçoivent un exemplaire de la console pour la « tester » et ainsi préparer une éventuelle production. Pour les optimistes les plus indécrottables, c’est le signe indiscutable que les choses bougent, mais le public de ces petits YouTubeurs est une nouvelle fois trop modeste pour susciter le buzz. Cela ressemble plus à une récompense (méritée) pour leurs très loyaux services. Néanmoins, l’opération a permis de se procurer la nomenclature produit de la machine (BOM, pour Bill Of Materials) et, d’après l’ingénieur d’Analogue Kevin Horton, elle est très préoccupante. Cela n’est pas totalement surprenant compte tenu du retard de la machine, mais de nombreux composants sont déjà en rupture ou déconseillés car en passe de l’être, et d’autres peuvent nécessiter une attente de deux ans pour se les procurer… Autrement dit, il faudrait impérativement reconcevoir le hardware dans son intégralité.
Si la plupart des observateurs prenaient initialement l’Amico plus au sérieux que l’Atari VCS, certains s’étaient demandés si, paradoxalement, cette dernière ne s’en sortirait pas mieux puisque la « non-console » demeure au pire un PC fonctionnel. Tandis que l’Amico est un système fermé qui n’existera pas sans son store dédié, à moins de prendre le chemin de SEGA et de finalement sortir uniquement ses jeux « exclusifs » sur d’autres plateformes ! Peut-être que le meilleur moyen de toucher ces casual gamers qui n’achètent pas de console aurait été… de ne pas leur en vendre justement, et de repenser l’Amico comme un service de streaming quitte à nécessiter l’achat d’une manette dédiée, compatible avec de nombreux supports existants. Mais pour cela, Tommy Tallarico devrait ravaler sa fierté d’Italo-américain de la côte est. Sans grande surprise, son film préféré est Rocky (1976) (*) et son moment favori celui où, alors qu’Apollo Creed pense le match plié, Balboa se relève encore… C’est vrai que c’est une très belle scène mais il ne faut pas oublier que, bien que Rocky s’en contrefiche (et Tommy avec), c’est quand même Apollo qui est déclaré vainqueur !
Important!
(*) Il affectionne aussi énormément Charlie et la Chocolaterie, la version de 1971 avec Gene Wilder, ce qui en dit également long sur sa personnalité, sa manière de gérer une entreprise et son rapport aux fans.Depuis quelques mois, certains utilisateurs des forums AtariAge qui avaient soutenu l’Amico semblent avoir déjà tourné la page et misent désormais sur d’autres machines comme l’OMNI, un énième projet de console rétro compatible ColecoVision (car mené par le fabricant du Super Game Module dédié à la console), y voyant encore un nouveau rempart aux machines modernes dans lesquelles ils ne se retrouvent pas. Et c’est donc un scénario similaire qui semble se dessiner une fois de plus… Après tout, certains défenseurs parmi les plus véhéments de l’Amico semblent habitués à miser sur le mauvais cheval (regardez bien la date). De la part de quinquagénaires qui s’enthousiasment quant à l’acquisition de la licence Bisounours (authentique !), on peut s’attendre à tout.
Merci à Luke, Eric, Nate, Aaron, Jon, Jim, Kevin, Joey, Matt, aux autres et à leurs multiples faux comptes confirmés.
Un grand merci à tous ceux qui nous soutiennent sur Tipeee
Mon recueil de nouvelles Torpeurs est disponible