HARDWARE : Mega Drive Mini 2, la mini console qu’on ne pensait pas vouloir

Le packaging européen de la Mega Drive Mini 2
La boîte de la Mega Drive Mini 2 en Europe

Nous n’avions pas eu l’occasion de tester la première Mega Drive Mini, mais elle était clairement considérée parmi les réussites du genre, se montrant il faut dire bien plus généreuse que sa « rivale », la Mini Super NES, en offrant le double de jeux et une seconde manette (*) pour le même tarif. On s’attendait donc à ce que SEGA transforme l’essai avec d’autres mini machines, et le constructeur avait pas mal déboussolé les fans en optant pour la Game Gear Micro puis l’Astro City Mini. Il faut dire que la Master System n’est peut-être pas assez populaire, que la Saturn est difficile à émuler et que la Dreamcast est sans doute trop évoluée et ses jeux trop volumineux pour une console à petit prix… Et alors qu’on pensait la société concentrée sur l’arcade avec l’Astro City Mini V qui vient tout juste de sortir, elle a de nouveau créé la surprise en annonçant début juin une Mega Drive Mini 2. Le concept pouvait sembler très paresseux et c’est seulement en égrainant sa liste de jeux tout aussi inattendue qu’elle a séduit au fil des mois les fans de la marque. Alors bien entendu, c’est avant tout à eux que ce modèle résolument plus « niche » s’adresse, mais remplit-elle déjà cet objectif et peut-elle quand même intéresser un public plus large ? Voyons voir.

SEGA Mega Drive Mark II

SEGA ne s’en est pas caché, la raison d’être de cette Mega Drive Mini 2 est de cibler les fans hardcore avec une sélection de jeux peut-être moins « ultime », puisqu’on ne retrouve (heureusement) aucun titre du premier modèle, mais d’offrir une sélection de jeux Mega CD et quelques cartouches injustement méconnues (Elemental Master (1990), Ranger X (1993), Warsong/Langrisser (1991), etc.). Et par la même occasion, l’éditeur en a profité pour corriger le « défaut » qui avait surtout attristé les puristes là encore, l’absence de manette six boutons en Occident. Mais il n’y en a qu’une seule cette fois, alors que le prix de la machine est plus élevé – l’inflation est passée par là… Heureusement, les pads du premier modèle restent évidemment compatibles, de même que ceux de Retro-bit ou même de l’Astro City Mini ! En conséquence, la première chose qui frappe est la petitesse impressionnante de la boîte. Il faut dire que la console est toujours à l’échelle et donc encore plus petite que le premier modèle, et même si son port cartouche n’est évidemment pas fonctionnel, il est « opérable » comme le port d’extension permettant d’insérer le faux Mega CD comme on le voit ci-dessous. En outre, l’essentiel est fourni avec le câble USB (comme d’habitude sans prise murale vu que le port d’un téléviseur se révèle plus pratique) ainsi que le câble HDMI.

La Mega Drive Mini 2 et son mini Mega CD, son mini CD-ROM de Sonic CD et sa mini cartouche de Virtua Racing
Le modèle japonais, sa fausse cartouche et son faux Mega CD

Pour le reste, l’interface demeure inchangée, donc toujours aussi réussie avec la possibilité d’afficher les boîtes de jeu de face ou de profil façon étagère, et d’utiliser de nombreux types de tri avec les touches Y et Z. Le bouton X donne accès aux paramètres pour 1) modifier l’affichage, fenêtré ou en plein écran (avec la possibilité un peu cachée d’activer un filtre CRT), 2) choisir le fond d’écran (avec plus d’options que chez la concurrence), 3) le son de la Mega Drive originale ou de la Mega Drive 2 (distinction importante pour les puristes), et enfin 4) gérer le menu. La bonne nouvelle est qu’on peut désormais utiliser le bouton Mode, planqué sur la tranche droite de la manette, pour accéder directement au menu en jeu. Il est possible de configurer la durée d’appui nécessaire ou même de revenir à un appui prolongé de la touche Start comme sur la première Mega Drive Mini (si l’on préfère la manette trois boutons par exemple). La description de chaque jeu est certes rudimentaire, mais SEGA a mis en ligne des manuels pour chaque jeu, certains pour la première fois en anglais. L’émulation est sinon toujours de qualité avec une meilleure latence que le premier modèle (quatre images maximum) et M2 en a même profité pour améliorer certains jeux comme Phantasy Star II (1989), Space Harrier II (1988) et Thunder Force IV (1992), ou corriger le son de Truxton (1989) – ce n’est certes pas la meilleure version, mais c’est sans doute la plus accessible.

Des hérissons et des CD-ROM

Vous l’aurez compris, ce nouveau modèle se distingue avant tout par sa sélection de classiques, et il était forcément difficile de proposer un second best of sans aller puiser dans les jeux à licence… Certes, le nombre de titres passe de quarante-trois à soixante, mais est-ce que cette quantité n’est pas au détriment de la qualité ? Le souci, déjà, est que la ludothèque du Mega CD a toujours été inégale, surtout en Occident. On aurait bien aimé l’unique version traduite officiellement de Snatcher (1988), au hasard, mais en plus la version japonaise de la Mega Drive Mini 2 propose elle les deux Lunar (1992-1994) qui sont pourtant eux aussi sortis aux États-Unis… Du coup, plusieurs pépites japonaises se voient remplacées chez nous par des habitués des compilations et/ou des titres franchement dispensables comme ClayFighter (1993), OutRunners (1994), Sewer Shark (1992) ou Vectorman 2 (1996). À propos de versions japonaises et occidentales, si l’on a le choix entre les versions américaine et européennes de Sonic the Hedgehog CD (1993) aux bandes originales différentes, il faudra changer la langue de la console en japonais pour bénéficier des musiques idoines et du 60 Hz en même temps. Plus gênant, si cette technique permet aussi de bénéficier d’une mouture mieux équilibrée de Streets of Rage 3 (1994), la version japonaise a ici carrément été amputée de la zone portuaire du premier niveau où apparaissait Ash, un personnage… problématique.

Néanmoins, il faut tout de même reconnaître que cette sélection de soixante jeux est extrêmement riche et variée. On a ainsi droit à du beat ’em up (Golden Axe II (1991) ou Final Fight CD (1993)), à de la baston (Fatal Fury 2 (1994), Super Street Fighter II: The New Challengers (1994)), à beaucoup de shoot ’em up, à la fois en 2D (Hellfire (1990), Silpheed (1994)), isométrique (Desert Strike: Return to the Gulf (1992), Viewpoint (1994)) et 3D (After Burner II (1990), Night Striker (1993)), à de la plateforme (Rainbow Islands Extra (1990), Ristar (1995)), à de l’action/plateforme (Rolling Thunder 2 (1991), Shadow Dancer (1990)), à du RPG et de l’action/aventure (Phantasy Star II (1989), Soleil (1994)), de la stratégie (Populous (1990), Shining Force CD (1994)), de la course (Out Run (1991), Virtua Racing (1994)), à du jeu de réflexion (Star Mobile (1991), VS Puyo Puyo Sun) et même à quelques vieilleries (Spatter (1984), Super Locomotive (1982)) et autres curiosités (Devi & Pii, The Ooze (1995))… Je crois qu’il ne manque que du sport, mais les meilleurs jeux Mega Drive du genre étaient sous licence. Rappelons aussi que SEGA a ressuscité pour l’occasion le Cyber Stick de Sharp, qui rend les shoots 3D nettement plus agréables même si Night Striker (1993) est hélas une véritable bouillie visuelle… Les puristes pourront aussi chipoter sur quelques détails, comme le fait que la version occidentale de la Mega Drive 2 utilisait un bouton poussoir et non une glissière pour l’allumage, SEGA ayant sans doute voulu faire des économies en utilisant les mêmes coques partout. Au moins, ça vous donnera l’occasion de briller en société en le pointant du doigt.

En résumé, la Mega Drive Mini 2  n’est sans doute pas la mini machine idéale pour faire découvrir la Mega Drive – sa prédécesseure est là pour ça – mais elle réunit suffisamment de jeux intéressants voire captivants pour la rendre quasi-indispensable à tout fan de SEGA qui se respecte.

Merci à Vanessa « Shenron » Lambert de SEGA-Mag et à Time Extension.

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Les 61 jeux inclus (* versions modifiées) :

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