TEST : Arkanoid – Eternal Battle ne casse pas des briques

Edition physique standard d'Arkanoid – Eternal Battle sur PlayStation 4

ARKANOID – ETERNAL BATTLE
Windows, Xbox, PlayStation, Switch
Catégorie :
casse-briques
Joueurs : 1-4
Développeur : Pastagames
Éditeur : Microids
Date de sortie : 27/10/2022
Prix : 29,99 €
Site Officiel :
(testé sur Switch, copie fournie par l’éditeur)

Dix ans après le vénérable Breakout (1976), Arkanoid (1986) réinventait astucieusement la formule du casse-briques à coups d’items bien pensés, au point de devenir la nouvelle référence du genre, indépassable ou du moins jamais dépassée, même par Taito. Certes, parmi les (littéralement) innombrables casse-briques sortis depuis, il y en a sans doute eu plein de convaincants, mais aucun n’est parvenu jusqu’à présent à détrôner dans la culture populaire le mètre-étalon, ici inclus en bonus. Cependant, il y avait de quoi être optimiste avec cette licence prestigieuse, la participation de Pastagames qui a déjà proposé des réinventions de classiques réussies avec Pang Adventures notamment, et enfin l’ajout d’un mode Battle Royale susceptible d’insuffler une vraie nouveauté au genre. Mais hélas, pour des raisons échappant plus ou moins au contrôle des développeurs, Arkanoid – Eternal Battle ne se montre pas aussi convaincant qu’espéré… Et pourtant, il offre pas moins de quatre modes (Neo, Retro, Versus et Eternal Battle) et les classements en ligne associés.

Le mode Retro d'Arkanoid – Eternal Battle
L’habillage du mode Retro est plutôt chouette

Le mode Retro est une émulation de l’Arkanoid (1986) d’origine, intégré dans un décor de borne d’arcade et bénéficiant d’ajouts comme les vibrations (subtiles comme il faut). Mais la molette sous l’écran narguera le puriste vu qu’on peut uniquement régler la sensibilité du joystick dans les options – on peut au moins jouer à la souris sur PC. Les gâchettes permettent de foncer à l’extrémité de l’écran mais cela ne compense pas totalement l’absence de molette… Ensuite, le mode Neo est logiquement la nouvelle campagne solo du jeu. Les niveaux sont inédits mais on retrouve quasiment les mêmes capsules bonus qu’à l’époque, avec quelques nouvelles en prime (le « G » qui grossit la balle par exemple) et d’autres qui apparaissent sous une forme différente ; c’est désormais un malus multijoueur qui rétrécit le ReVaus de 50%, et un bloc spécial qui fait que la balle se met à tout transpercer sur son passage. Par rapport à l’original, le level design est sans doute plus recherché, avec souvent des « astuces » à trouver pour finir les tableaux plus rapidement, mais on fait vite face aux problèmes habituels : une balle qui devient trop rapide par rapport à la raquette au bout d’un moment et qu’on ne peut ralentir sans mourir ou trouver un bonus spécifique, une dernière brique récalcitrante, ou encore nombreux bonus impossibles à attraper sans perdre une vie…

Je crois que le mode Neo offre une quarantaine de niveaux, ce qui est plus que le jeu original (33) mais beaucoup moins qu’un Arkanoid DS (140). C’est donc à la fois peu et sans doute beaucoup trop pour les joueurs moins patients car, si les crédits sont infinis (le score étant divisé par deux chaque fois que l’on continue), on ne peut pas quitter ce mode pour reprendre plus tard où l’on s’était arrêté. J’ai atteint le dixième niveau mais je n’ai jamais retrouvé le temps d’aller plus loin (ou même d’en faire autant)… Le mode Versus à quatre joueurs en local pourra constituer une bonne parenthèse d’autant qu’il peut se pratiquer avec trois IA. Il se déroule en cinq manches gagnantes et pour en remporter une, il faut vider son mur le premier, ce qui peut souvent aller vite avec pas mal de niveaux comportant des briques explosives éliminant tout le reste en un ou deux coups bien placés, comme on en a un exemple ci-dessous. Sinon, les vies sont infinies et mourir fait uniquement perdre un temps précieux et son éventuel bonus, et les parties sont surtout pimentées par l’ajout de malus sous forme de bulles apparaissant comme les capsules. Comme on le disait plus haut, ils peuvent rétrécir la raquette des autres joueurs, mais aussi brouiller leur affichage, rendre leurs briques plus résistantes ou temporairement indestructibles, etc. Ces malus sont aussi disponibles dans le mode Eternal Battle mais, cette fois, ils sont stockés jusqu’à ce qu’on les perde avec la balle ou si on les utilise, au choix sur le joueur devant ou derrière soi, en fonction du bouton de tranche pressé.

Le mode Versus d'Arkanoid – Eternal Battle
Les briques enflammées détruisent tout le mur d’un coup

Se pratiquant à vingt-cinq joueurs en ligne, quitte à compléter là encore par des IA, le mode Eternal Battle ressemble au précédent mais il y a cette fois un score et, toutes les vingt secondes, celui qui est dernier est éliminé. Les vies sont toujours infinies mais perdre la balle fait cette fois baisser le score et, pour ne pas laisser un joueur coincé sur le même mur, chaque tableau est remplacé au bout d’un moment par un autre, toutes les briques restantes faisant perdre des points… Les quatre derniers joueurs s’affrontent dans une finale assez obscure face à Doh où ils se partagent l’écran (mais sans voir les balles des autres). De toute façon, même si l’on ne termine pas premier, on gagne des points d’expérience qui permettent simplement de débloquer des motifs pour le fond de l’écran. Mouais. Le gros problème de ce mode, et d’Arkanoid – Eternal Battle en général, vient de son positionnement tarifaire, le prix d’un jeu en boîte puisqu’il est disponible dans ce format, Microids oblige. D’habitude, les jeux basés sur le Battle Royale sont gratuits ou presque (par exemple offerts avec le Nintendo Switch Online), ce qui garantit un grand nombre de joueurs. Là, on imagine qu’il y a eu du monde pendant la courte période d’essai gratuit sur Steam mais depuis, « c’est compliqué ». Je n’ai jamais trouvé plus d’un joueur humain, même s’il faut avouer que, compte tenu du manque d’interactions directes, les IA ne font pas une énorme différence.

Elles sont surtout plus faibles or, sur la durée, le niveau est important car la perte de points causée par une balle perdue fait de plus en plus mal au score à mesure qu’il grossit… Alors qu’en début de partie, le hasard peut parfois bien faire les choses et il suffit du bon item au bon moment (un laser) ou de la bonne combinaison de circonstances (des balles multiples avec des briques explosives ou rendant les balles perçantes), et on peut prendre une bonne avance. Mais, croyez-moi, elle peut également se perdre très vite… Bref, on aurait vraiment aimé que le jeu soit plus populaire et on a bien conscience qu’on n’arrange pas les choses, mais on ne va pas vous mentir non plus. C’est en tout cas très dommage, car il y a vraiment de bonnes idées, et une réalisation très réussie. Les musiques techno sont franchement envoutantes à moins d’être allergique au genre, et même si la direction artistique très néon n’est pas spécialement originale, elle fait le job. Et on soulignera encore les vibrations HD très bien gérées, ce qui est rare dans les jeux d’éditeurs tiers hélas. C’est bête mais quand les rebonds résonnent davantage dès que la balle grossit, ça fait son petit effet.

Verdict : Réinvention très convaincante sur le papier d’un grand classique, Arkanoid – Eternal Battle est pénalisé par son tarif élevé qui rend son contenu chiche et ses parties en ligne désertées.

70 hbpm

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