FULL VOID
Windows, MacOS, Linux, Xbox, PlayStation 4, Switch, Evercade
Catégorie : cinematic platformer
Joueurs : 1
Développeur : OutOfTheBit
Date de sortie : 18/07 (Steam), 12/09 (Xbox, Switch), 10/10 (PS4), 31/10/2023 (Evercade)
Prix : 19,99 € (Evercade), 14,99 €
Site Officiel : –
(testé sur Evercade)
Jusqu’à présent, le studio londonien OutOfTheBit (Super Arcade Racing), tout de même fondé en 2008, n’était connu que pour une poignée de jeux de société et de sport bien modestes et à la réalisation rétro publiés sur PC, consoles et mobiles. Full Void marque donc un net changement d’ambition pour la société, sur le plan artistique comme commercial. Autant le pixelart pouvait passer pour un moyen de simplifier le travail dans leurs productions précédentes, autant il allait ajouter énormément de travail à l’équipe dans le cadre d’un cinematic platformer, genre réputé pour ses animations ultra-détaillées – et l’on est loin ici du minimalisme visuel d’un Lunark également sorti cette année ! Mais, peut-être faute d’éditeur, Full Void est passé malheureusement assez inaperçu lors de sa sortie sur Steam cet été, et c’est clairement l’annonce d’une cartouche Evercade, d’autant que c’est le premier titre en à en avoir une pour lui seul et à faire l’objet d’une édition collector, qui a permis d’attirer l’attention des retrogamers.
Comme les classiques du genre, Full Void ne propose pas de générique avant son écran-titre, mais l’aventure débute par une courte cinématique d’introduction qui enchaîne directement sur le gameplay, et dans une situation de danger d’ailleurs similaire à celle d’Another World (1991). À vrai dire, pour en savoir plus sur le contexte du jeu, il faudra se reporter à une petite BD incluse dans l’édition physique sur Evercade, séparément du manuel. Car même si c’est exposé en filigrane au cours de notre périple, on comprendra ainsi mieux qu’il se déroule dans un monde dans lequel les adultes sont cloitrés chez eux, absorbés dans la VR par une intelligence artificielle, tandis que les enfants sont pourchassés et séquestrés. On incarne donc un adolescent, aux traits plutôt féminins mais dont le genre n’est (sans doute volontairement) pas défini, qui a réussi à échapper aux robots… jusqu’à présent. Car ce monde est plein de dangers comme on s’en rend compte très vite ; il y a de fortes chances que l’on tombe dès le premier gouffre pour déclencher l’une des nombreuses cinématiques de mort – le manuel nous invite à les voir toutes mais pas besoin de se forcer dans un cinematic platformer basé sur la progression par l’échec. On fera aussi vite face à l’un des QTE à la Dragon’s Lair (1983), heureusement peu nombreux, où il faut juste appuyer sur un bouton.
De toute façon, les checkpoints, appelés ici chapitres car il est possible de redémarrer l’aventure à partir de l’un d’eux, sont relativement nombreux ; il y en a presque un à chaque écran dès lors qu’il y a des épreuves d’adresse. Et c’est tant mieux car le menu sur Evercade ne fonctionne pas, et l’on ne bénéficiera donc pas de sauvegardes d’état ici. Cela dit, on aurait bien aimé une petite icône indiquant les sauvegardes automatiques, car il nous est tout de même arrivé parfois de refaire pas mal de choses, même basiques. On a cela dit été assez peu bloqué, d’autant que le manuel du jeu donne la solution de la première partie de l’aventure, car tout est relativement logique une fois que l’on a compris deux ou trois choses – comme la possibilité de pousser certains objets. Il faut dire que Full Void n’utilise que deux boutons, donc la plupart des actions sont relativement intuitives, et notre personnage s’agrippe automatiquement par exemple. Néanmoins, comme dans tout « bon » cinematic platformer, il est difficile voire impossible de ne pas mourir la première fois que l’on est confronté à certains dangers, mais le jeu fait un vrai effort pour rendre les choses naturelles, comme recourir aux flashbacks in game plutôt que d’interrompre l’action avec des cinématiques.
Full Void offre en outre un gameplay un peu plus riche que les jeux du genre, même s’il n’y a aucune forme de combat. La spécialité de notre personnage étant plutôt le hacking, on pourra se connecter à des bornes pour programmer (de manière simple, en pas façon Logo) le mouvement de grues puis d’un petit robot qui nous accompagne durant une bonne partie de l’aventure. Pour être tout à fait honnête, cette mécanique se montre hélas un peu répétitive à la longue, même si ce n’est heureusement jamais fastidieux comme chaque fois l’ordinateur mémorise notre dernière séquence – qu’il faudra toutefois effacer entièrement si l’on veut insérer une action au tout début, cela dit… Ces phases se compliquent surtout parce qu’il faudra parfois synchroniser les déplacements de notre robot programmé avec ceux de notre personnage, mais cela aurait pu sans doute être développé davantage. D’autant que le robot n’acquiert que tardivement une nouvelle capacité, hélas un peu fourre-tout et qui occasionne quelques énigmes un peu tordues (l’une d’elles m’a même forcé à chercher la solution sur le web). Cela dit, la dernière partie de l’aventure se concentre plutôt sur les séquences de « plateforme » ou du moins d’adresse, voire même d’infiltration. On mourra donc encore plus souvent, mais c’est logique et il n’y a à notre humble avis rien d’insurmontable.
C’est peut-être même un peu le problème car, si l’on sait gré à OutOfTheBit de ne pas avoir créé des séquences à s’arracher les cheveux comme dans les cinematic platformers de l’époque, l’aventure se montre relativement courte par rapport aux critères actuels. Il m’aura fallu moins de trois heures pour en voir le bout, sachant qu’elle peut même se boucler en à peine plus d’une heure quand on sait ce qu’il faut faire… Cela n’est toutefois pas beaucoup moins bien que les chefs d’œuvre dont Full Void s’inspire, d’autant que ce type de jeu n’offre pas beaucoup de rejouabilité ; il y a certes ici une dizaine de succès à débloquer, mais ça reste léger. Évidemment, cette brièveté est le revers de la médaille d’une réalisation superbe. Si l’on regrettera le manque de musique, l’ambiance sonore se voulant plutôt « réaliste », les graphismes se montrent bien plus détaillés que dans la plupart des jeux du genre, tout en conservant la même qualité d’animation. En outre, si certains éléments de décors sont parfois logiquement recyclés dans les égouts ou le train par exemple, les environnements s’avèrent étonnamment variés, ce qui a dû nécessiter un travail gigantesque abattu par seulement trois personnes ! En revanche, il est bien dommage que le titre soit traduit dans plusieurs langues mais pas en français, bien que les textes se limitent de toute façon aux menus.
Verdict : Bénéficiant d’une réalisation somptueuse, Full Void s’impose comme un excellent cinematic platformer moderne, mais il est d’autant réussi qu’il passe un peu trop vite à notre goût.
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