AIR TWISTER
Windows, Xbox, PlayStation, Switch, iOS
Catégorie : shoot ’em up 3D
Joueurs : 1
Développeur : Ys Net
Éditeur : ININ Games
Date de sortie : 24/06/2022 (Apple Arcade), 10/11/2023
Prix : 24,99 €
Site Officiel : https://www.ysnet.games/en/air-twister
(testé sur Switch, clé fournie par l’éditeur)
Venant de la part de Yū Suzuki, on pense évidemment à Space Harrier (1985) d’autant que les tirs des ennemis de base sont quasiment identiques à ceux du classique, mais Air Twister évoque d’autres classiques du genre comme Panzer Dragoon (1994) pour le système de verrouillage de cibles, également présent dans Rez (2001), et aussi pour les montures qu’on ne chevauche étrangement que contre les boss, et qui se montrent encore plus originales avec une oie géante, un éléphant ou un poisson ailé selon les niveaux… Car le jeu baigne dans une ambiance très new age, et la première chose qui frappe est bien entendu la musique de l’écran-titre ressemblant bigrement à Bohemian Rhapsody. La bande originale a en effet été fournie par le musicien hollandais Valensia dont le rock progressif entêtant est énormément influencé par Queen, du moins dans son style opéra-rock, mais aussi par Kate Bush quand une chanteuse s’invite. C’est indéniablement original mais, outre le fait que certains morceaux reviennent d’un niveau à un autre, vous entendrez le thème du menu (évoqué plus haut) très souvent, et il risque de vous rester en tête des jours après avoir lâché le jeu…
Disponible dans un français parfois approximatif, Air Twister offre assez peu d’options parmi lesquelles les vibrations, curieusement désactivées par défaut. Issu du mobile, le jeu se contrôle aussi bien au stick qu’au tactile (sur Switch) sans avoir besoin de le régler. Or la deuxième méthode se montre incroyablement plus efficace pour verrouiller un groupe d’ennemis en glissant le doigt dessus sans attendre que l’héroïne se déplace en face, et c’est important car détruire une salve en entier (pas forcément d’un seul coup cela dit) est récompensé par une étoile, la monnaie du jeu, et cela permet d’avoir une meilleure note en fin de niveau – et possiblement de récupérer ainsi plus de vie. Mais même au tactile, il ne sera pas toujours facile d’esquiver les tirs tout en visant ; les boulettes ont des trajectoires souvent trompeuses, venant de l’autre côté de l’écran jusqu’à vous, et leur style visuel à la Space Harrier (1985), donc en 2D, rend souvent difficile d’apprécier leur distance… Heureusement, on peut jouer à deux doigts, l’un maintenu sur l’écran pour déplacer le personnage, l’autre pour verrouiller les cibles, mais on aura quand même vite fait de croiser les mains (et donc de se cacher l’écran) ; on aurait donc pas été contre une jouabilité à deux sticks.
Retrouvant clairement le feeling arcade des classiques SEGA, les niveaux sont assez courts et il n’y en a que douze, dont deux stages bonus où l’on se concentre sur l’élimination de cibles rapides, sans avoir à se soucier d’esquiver les tirs. L’avantage de cette brièveté est que l’aventure ne se répète pas trop, mais il sera tout de même difficile d’en voir le bout du premier coup. Si l’on a l’impression d’avoir beaucoup d’énergie (initialement trois cœurs roses correspondant chacun à une longue jauge de cœurs jaunes), celle-ci descend rapidement dans les faits et, quand la jauge est vide, c’est le game over. On peut toutefois continuer deux fois, mais il faut chaque fois recommencer le niveau courant du début sachant qu’on mourra souvent face au boss… L’idée est donc de se rendre les choses plus faciles au prochain run, ce que l’on peut faire depuis le menu principal accessible une fois les trois premiers crédits épuisés. Celui-ci donne non seulement accès à d’autres modes de jeu, pas tous disponibles dès le départ, mais aussi à son équipement (en grande partie cosmétique, mais pas que), aux « évènements » qui sont des succès quotidiens, hebdomadaires ou uniques primés, et surtout à la « carte » du monde où l’on débloquera les améliorations.
En effet, cette carte ne donne pas accès aux différents niveaux puisque l’on devra toujours retenter le jeu depuis le début. Évoquant un grand jeu de l’oie, il s’agit plutôt d’un arbre de compétences comme on en trouve dans un RPG, dont certaines branches sont verrouillées par des conditions spécifiques (atteindre un niveau donné par exemple). Chaque case franchie donnera une récompense tout en remplissant l’encyclopédie du jeu : un cœur pour allonger sa jauge de vie, une cible de plus pour le verrouillage, mais aussi des niveaux de modes de jeu, des musiques, des cinématiques, etc. Et parmi les objets moins communs mais à rechercher en priorité, on trouvera des « Super Slow » pour ralentir le temps un court instant, trois boucliers à usage unique mais se rechargeant à chaque continue et que l’on peut cumuler en plusieurs exemplaires chacun, et quatre armes qui se déclenchent en maintenant le bouton, ce qui n’est pas toujours simple au tactile. Elles apparaissent chacune plusieurs fois sur la carte, et comme on ne peut en activer qu’une seule à la fois, il est possible de dépenser dix tickets (obtenus via les évènements) pour les essayer histoire d’éviter d’explorer inutilement la branche correspondante si elle ne nous intéresse pas finalement.
La difficulté grimpant nettement dans la seconde moitié de l’aventure, avec des boss parfois bien pénibles quand on ne sait pas encore comment les vaincre, il faudra clairement quatre ou cinq essais pour finir le jeu, et retourner donc chaque fois au menu principal (et sa musique gonflante) se booster avant de tenter à nouveau sa chance depuis le début, progressant chaque fois d’un ou deux niveaux… Certains se lasseront sans doute avant mais, pour les autres, ils pourront prolonger la durée de vie avec quelques modes de jeu : Arcade (sans aucune aide, proche du premier run mais avec plusieurs modes de difficulté), Fluffy (un avoid ’em up en vue de profil assez naze et qui requiert ses propres tickets), Niveau extra (un niveau spécial très difficile) et Touch Breaker (un mini-jeu où il faut tirer sur des cubes dans le bon ordre). Et par la suite, on pourra encore débloquer Stardust (quatre niveaux à débloquer similaires aux stages bonus), Boss Rush et Turbo. Mais pour être honnête, tout cela n’est pas bien passionnant et sert surtout à enrichir artificiellement un jeu mobile, à la manière dont SEGA étoffait parfois maladroitement ses portages de jeux d’arcade sur consoles.
La différence étant qu’Air Twister cache vraiment mal ses origines de jeu mobile, multipliant les notifications sous forme de points d’exclamation, ce qui risque d’irriter le joueur un peu maniaque qui n’aime pas laisser des notifications non lues… Ainsi, après chaque partie, on aura un paquet de récompenses à récupérer dans les évènements, puis on pourra dépenser ses étoiles dans la carte avant de naviguer dans l’encyclopédie puis jeter un œil à chaque élément d’équipement (costume, maquillage, coiffure) obtenu – ce qui les active en plus – et sachant que les notifications réapparaîtront chaque fois que vous débloquerez un bouclier sur la carte, même si vous le possédez déjà ! Dans le même esprit, on sera contraint de tester les modes de jeu supplémentaires si l’on veut faire disparaître la notification correspondante, ce qui débloquera sans doute d’autres évènements, et donc d’autres pièces d’équipement, etc. Voilà pourquoi on aura parfois l’impression de passer plus de temps dans le menu à écouter la même musique en boucle plutôt qu’à jouer. Et il n’est pas certain que cet enrobage justifie vraiment un tarif un peu élevé pour une aventure très courte.
Verdict : S’il bénéficie indéniablement d’un feeling de jeu d’arcade à l’ancienne, Air Twister a hélas tendance à le maquiller artificiellement à coups d’éléments et modes de jeu à débloquer.
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