TEST : Odynexus, un shoot ’em up olympien sur Lynx

Jaquette standard d'Odynexus sur Lynx

ODYNEXUS
Lynx
Catégorie :
shoot ’em up
Joueurs : 1
Développeur : Alexandre « LordKraken » Genoud
Éditeur : AtariAge
Date de sortie : 10/2023
Prix : $50
Site Officiel : AtariAge
(testé sur Analogue Pocket)

Étant davantage habitué à tester des productions néorétro de studios pas toujours indépendants, je trouve toujours délicat de juger de la même manière des jeux homebrew aux moyens limités, qui plus est quand Odynexus est développé par Alexandre « LordKraken » Genoud (Bowling Beast) que j’ai côtoyé en live et qui me remercie dans le manuel du jeu. Mais surtout, je ne suis pas vraiment familier de la Lynx, ni un spécialiste du shoot ’em up et je n’ai par exemple jamais eu l’occasion d’essayer le fameux Zaku (2009), tandis que les représentants officiels du genre (Gates of Zendocon, Zarlor Mercenary) ne m’ont pas vraiment convaincu… Or on a affaire à un shoot ’em up horizontal, relativement classique quoique se déroulant dans une ambiance mythologique anachronique, et composé de sept niveaux. La plupart d’entre eux se divisent en deux parties, séparées par un demi-boss littéral, soit la version demi-portion du boss, moins résistant mais présentant aussi un comportement différent. Le level design est sinon relativement classique voire un peu scolaire, alternant chaque fois trois ou quatre types d’ennemis qui arrivent pour la plupart suivant la même configuration. Cela rend donc l’action un peu répétitive parfois au sein de certains niveaux, mais ils ne sont heureusement pas trop longs et assez variés entre eux, et pas seulement sur le plan esthétique.

Un autre reproche que l’on pourrait faire est que l’apparition des bonus et surtout leur type semble quelque peu aléatoire, et il est donc parfois frustrant de devoir se contenter de points supplémentaires quand on aimerait un bouclier ou même améliorer son tir – sans parler des vies supplémentaires, logiquement rares même s’il m’est arrivé d’en ramasser deux quasiment d’affilée (d’où le côté aléatoire). L’arme de notre vaisseau a cinq niveaux de puissance mais chaque degré n’est pas forcément meilleur que le précédent, et il est heureusement possible de rétrograder manuellement via le bouton Option 1, même s’il faudra souvent appuyer plusieurs fois pour revenir à l’arme précédente. En fait, c’est surtout la quatrième, les missiles à tête chercheuse, qui n’est pas simple à maîtriser comme le reconnait du reste le manuel d’instructions du jeu, très complet. Donc à moins d’atteindre la boule de feu effectivement très puissante, on sera tenté de revenir au tir multiple (certes peu puissant mais qui couvre une bonne zone) ou au laser, très équilibré. Mais on n’aura à vrai dire pas toujours le choix puisque perdre une vie fait redescendre l’arme d’un niveau ; c’est évidemment mieux que de revenir à zéro comme dans bon nombre de shoot ’em ups, mais cela peut tout de même s’avérer parfois le début d’un cercle vicieux… Car à l’inverse, si l’on atteint la boule de feu, le jeu devient nettement plus facile et certains boss peuvent être occis très rapidement.

Odynexus (Lynx)
Le laser, correspondant au 3e niveau du puissance, est l’une des meilleures armes

Car sinon, l’aventure n’est pas particulièrement simple comme le nombre de vies est limité, que l’on en ramasse rarement comme on le disait, et qu’il n’est pas possible de continuer une fois au game over, pas même de retourner au début du dernier niveau atteint. Cela dit, perdre une vie ne ramène pas trop loin en arrière, et les niveaux ne sont pas si nombreux et plutôt courts comme déjà noté. D’ailleurs, si l’on utilise des sauvegardes d’état, l’ensemble peut se boucler en moins d’heure, comme les jeux du genre de l’époque… Sinon, on pourra sans doute aller chaque fois plus loin avec de l’entraînement, d’autant que les schémas d’attaque ne sont pas vraiment aléatoires, eux, mais les collisions continueront parfois de nous prendre par surprise. On a beau disposer d’un second bouton qui accélère les déplacements du vaisseau tant qu’on le maintient (plutôt que de passer d’une vitesse à l’autre comme dans beaucoup de shoot ’em ups), ce n’est toutefois pas tant un problème de boîtes trop grosses que de fluidité de l’ensemble, rendant parfois difficile de prévoir l’emplacement relatif du vaisseau, des ennemis et de leurs tirs. Mais c’est là où ma méconnaissance de la Lynx rend difficile de juger Odynexus sur le plan technique. Cela reste heureusement jouable, mais on est quand même assez loin des ténors du genre sur PC Engine, au hasard, et les puristes auraient peut-être préféré que les gros sprites soient sacrifiés pour une framerate plus élevé.

Cela dit, le rendu n’est pas aussi impressionnant que le futur Harlynx, et les graphismes d’AnderLex n’ont sans doute pas le charme d’un Zaku, mais cela reste plutôt joli, quoiqu’inégal. Les décors sont en particulier réussis, notamment grâce à une technique mise au point par LordKraken, mais il est clair que le titre a été conçu pour l’écran d’une vraie Lynx et les couleurs paraitront criardes en émulation à moins d’employer un filtre.  En revanche, on n’a vraiment rien à reprocher aux musiques de Michał « Miker » Szpilowski (Cyborg Warriors) et de Nick « Drozerix » Monson (Copper Jacket) et on ne voit d’ailleurs pas quel barbare irait les désactiver avec Option 2… On n’aurait pas été contre un sound test et, de manière générale, contre plus d’options et/ou de bonus. C’est d’autant plus dommage que le titre est capable de sauvegarder, puisque boucler l’aventure débloque un niveau de difficulté plus élevé. Mais c’est la seule récompense hormis deux images de fin – le générique étant réservé au manuel. À ce sujet, un dernier mot sur le packaging de l’édition collector qui, contrairement à l’édition standard ci-dessus, se présente dans un boitier en plastique doré avec le titre évidé. Ça en jette mais c’était peut-être un peu trop ambitieux pour la technique d’impression 3D qui laisse hélas apparaître des défauts… Bon, c’est vraiment pour chipoter ; je vous avais bien dit que juger une production homebrew comme un jeu d’un gros studio est parfois difficile.

Verdict : Réalisé avec un soin indéniable, Odynexus n’est probablement pas un grand shoot ’em up mais n’en reste pas moins un représentant du genre tout à fait honorable sur Lynx.

80 hbpm

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