TEST : Final Vendetta, un nouveau beat ’em up pour les années 1990

Final Vendetta (Windows, MacOS, Linux, Xbox, PlayStation, Switch)

FINAL VENDETTA
Windows, MacOS, Linux, Xbox, PlayStation, Switch
Catégorie :
beat ’em up
Joueurs : 1-2
Développeur : Bitmap Bureau
Éditeur : Numskull Games
Date de sortie : 17/06/2022
Prix : 24,99 €
Site Officiel : https://numskullgames.com/game/final-vendetta/
(testé sur Switch)

Si les jeux néorétro se soucient peu des tendances par définition, Final Vendetta a vraiment souffert d’un gros problème de timing. Sortir le lendemain d’un certain Shredder’s Revenge, pour un beat ’em up à l’ancienne, tient du suicide commercial pur et simple. Qui plus est pour un jeu proposé au même tarif mais offrant une expérience beaucoup plus modeste… Mais la comparaison était d’autant plus cruelle que le jeu de Bitmap Bureau ne boxe en réalité pas vraiment dans la même catégorie puisqu’il s’agit plutôt, à l’instar de leur précédente création, Xeno Crisis, de la version émulée et ajustée d’un jeu homebrew destiné à la Neo·Geo – bien qu’il ne soit hélas toujours pas disponible sur ce support. Il ne visait donc pas le même public, avec une difficulté d’ailleurs nettement plus relevée et plébiscitée par certains puristes du genre. Et pourtant, elle a été revue depuis avec l’ajout d’un mode « occasionnel » et surtout de la possibilité de choisir le niveau par lequel commencer (à condition de l’avoir déjà atteint bien entendu). Et quoi qu’il en soit, l’offre était nettement moins généreuse, avec un multijoueur limité à deux, seulement trois personnages assez génériques et peu de modes de jeu – seuls Arcade et Entraînement sont de toute façon disponibles au début.

Neo·Geo oblige, le gameplay repose sur quatre boutons plus quelques raccourcis. Un seul sert à l’attaque, avec un autre pour le saut, un pour bloquer (qui sert cela dit nettement moins que dans Super Double Dragon (1992)) et le dernier qui remplit diverses fonctions : piétiner les ennemis à la Vendetta (1991), lancer les armes ou encore frapper vers l’arrière en le combinant avec le bouton d’attaque. Hélas, ce n’est pas ce bouton « spécial » qui sert à ramasser les objets, ce qui aurait pu éviter qu’on prenne de la nourriture involontairement en voulant frapper un ennemi… Ajoutez à cela la possibilité de courir (deux fois avant) mais aussi d’esquiver (deux fois haut ou bas) façon Streets of Rage 3 (1994), même si l’un et l’autre semblent impossibles à intégrer aux combos ; l’esquive est cela dit suffisamment rapide pour rendre le blocage assez superflu. La palette de mouvements est en tout cas bien plus riche qu’elle n’en a l’air, et il arrivera même d’en découvrir de nouveaux en expérimentant un peu… Par exemple, la combinaison du bouton spécial et du blocage (également disponible en raccourci avec la gâchette droite) offre un coup spécial qui consomme assez peu de jauge, d’autant qu’on en récupère facilement grâce aux ennemis touchés avec.

Final Vendetta (Windows, MacOS, Linux, Xbox, PlayStation, Switch)
Un stage bonus réminiscent d’un certain jeu de combat…

Mais la difficulté aussi est plus élevée qu’elle en a l’air initialement, après un premier niveau très abordable où il se révèle assez simple d’obtenir la note « S » même en Difficile. C’est en grande partie l’augmentation progressive du nombre d’ennemis qui complique les choses, car on peut vite se retrouver en sandwich sans pouvoir vraiment se défendre, le blocage étant lent à sortir et ne protégeant bien entendu qu’un seul côté. Cela peut vite devenir frustrant, le jeu nécessitant une vraie maîtrise du contrôle de la foule, et une utilisation pertinente des différentes possibilités comme employer souvent le coup spécial qui fait bien le ménage et se recharge très vite – plus encore que dans Shredder’s Revenge. De même, à condition ne pas les perdre trop rapidement, les quatre armes (couteau, large batte de hockey, tuyau et katana) se montrent assez redoutables, en plus d’être franchement grisantes à manipuler – le son de frappe de raquette aidant bien. Cela dit, l’aventure s’avère franchement courte avec seulement six niveaux plus un stage bonus de destruction de voiture, défoulant mais pas très intéressant en l’absence de temps limité, après le quatrième. De manière générale, le level design est basique et très classique, uniquement égayé de quelques « dangers environnementaux » parfois difficiles à éviter la première fois malgré les avertissements.

Mais surtout, on ne peut pas dire qu’il communique très bien le sentiment de progression. Hormis le retour de précédents boss comme simples ennemis, les adversaires ne sont pas extrêmement nombreux, et le dernier niveau en particulier manque singulièrement de spectaculaire avec un manoir qui ressemble plus à une demeure abandonnée et décrépite. Seul le boss final s’identifie bien comme tel puisqu’il est redoutable, multipliant les attaques à distance très difficiles à esquiver – qu’il ne spamme cela dit pas autant que les boss de 64th Street (1991), heureusement. Si vous parvenez à survivre à ses deux formes, vous débloquerez deux modes hélas assez anecdotiques : Survie et Boss Rush (sachant qu’Entraînement devait être aussi déverrouillé avant une mise à jour bienvenue semble-t-il). Et si vous terminez le mode Arcade avec le lourdaud Miller, vous pourrez retenter l’expérience en Ultra Difficile si vous en avez le courage (et l’envie). Les motivations pour rejouer sont donc peu nombreuses hormis décrocher tous les succès, mais autant celui qui nécessite de trouver les vies cachées de chaque niveau est intéressant, autant finir chacun d’eux avec la note « S » risque de vous rendre fou d’autant qu’on se tape un « E » dès qu’on perd la moindre vie…

Final Vendetta (Windows, MacOS, Linux, Xbox, PlayStation, Switch)

Néanmoins, à condition de faire un minimum d’efforts pour découvrir ses subtilités (par exemple que les coups spéciaux font perdre de l’énergie si la jauge de Super n’est pas remplie), le gameplay de Final Vendetta a le mérite d’être suffisamment technique pour rendre le jeu accrocheur aux amateurs du genre. Et puis sa réalisation est globalement excellente, avec un style visuel et des animations déliées évoquant les jeux de baston de SNK, même si l’on pourra du coup regretter que certains mouvements comme le blocage soient un peu trop lents en conséquence… En fait, le vrai problème du titre est sans doute qu’il s’adresse uniquement au puristes du beat ’em up, et que même ceux-ci risquent de trouver son contenu léger pour son tarif hors promotions – certes doux pour un homebrew Neo·Geo mais beaucoup moins pour un jeu indé néorétro. Cependant, il pourrait satisfaire les quelques intégristes qui trouvent le gameplay de Streets of Rage 4 trop orienté baston, et il pourra surtout consoler ceux qui avaient été déçus par les musiques de ce dernier, au final excellentes mais il est vrai souvent différentes de celles des premiers épisodes. Ici Featurecast et Utah Saints signent une bande son qui transpire la dance et le hip hop des années 1990.

Verdict : Victime d’une concurrence très rude, Final Vendetta demeure néanmoins un bon beat ’em up à condition de le comparer avant tout aux classiques des années 1990 qu’il cherche à émuler.

80 hbpm

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